Attitude envers les contacts sexuels en psychothérapie : résultats d’une enquête menée parmi les psychothérapeutes de Haute-Autriche

Auteurs

  • Egon Michael Haberfellner
  • Sabine Zankl

Résumé

Les thèmes de la sexualité et des abus sexuels dans le contexte psychothérapeutique ont toujours accompagné l’évolution de la profession. Ces dernières années seulement quelques publications ont été consacrées à la question des abus sexuels en psychothérapie. L’organe chargé de l’éthique professionnelle par l’association nationale autrichienne reçoit en moyenne cinq plaintes par an concernant des cas d’abus sexuels. Cela montre que ce thème demeure actuel. Une enquête a été menée auprès de psychothérapeutes pratiquant en Haute-Autriche, visant à cerner leur attitude par rapport au thème des « contacts sexuels en psychothérapie ».

204 psychothérapeutes ont participé à une enquête écrite concernant les points suivants : contacts sexuels en psychothérapie, contacts sexuels après la fin du traitement et informations sur des clients qui ont été précédemment abusés par leur psychothérapeute.
74 psychothérapeutes (36%) indiquent qu’un ou plusieurs de leurs clients leur ont rapporté des atteintes sexuelles subies auprès d’un ou une autre thérapeute. Au total, plus de 174 infractions envers des clients ont été enregistrées. En règle générale les contacts sexuels en thérapie sont hétérosexuels (91%), répétitifs (59%) et se déroulent en majorité (63%) dans le cadre du setting thérapeutique. Les victimes de ces abus sont en majorité des femmes (89%).

Seuls de rares thérapeutes indiquent avoir eu en cours de formation des contacts sexuels avec des chargés de formation (n = 4 ; 2%) ou des analystes didacticiens (n = 1 ; 0.5%), mais ce nombre est beaucoup plus élevé s’agissant d’enseignants (n = 10 ; 5%).

2.5% des psychothérapeutes interrogés sont d’avis que des activités sexuelles peuvent constituer une intervention positive qui ne nuit pas au client. 22% ne savaient pas que les contacts sexuels avec des patients peuvent être punis par la loi. 23 thérapeutes (11%) considèrent que c’est autant le client que le thérapeute qui est responsable lorsque des contacts sexuels se produisent dans le cadre d’une psychothérapie.

Plus de la moitié des thérapeutes (n = 115 ; 56%) considèrent que, selon les circonstances, des contacts sexuels après la fin de la thérapie sont acceptables. Cette opinion est clairement en contradiction avec les codes professionnels dans lesquels il est toujours indiqué que toute implication personnelle, économique et sociale doit être évitée une fois le traitement terminé. Les circonstances considérées par les enquêtés comme acceptables sont les suivantes (facteurs les plus souvent nommés) : « l’attribution de rôles est résolue » (n = 31), « amour authentique » (n = 13) et « le principal thème de la thérapie a été traité avec succès » (n = 9). Ont été nommés le plus souvent les critères « durée » suivants : « au plus tôt au bout d’un an » (n = 47 ; 23%) et « au plus tôt une fois que trois ans se sont écoulés » (n = 32 ; 16%). 27 psychothérapeutes considèrent qu’il est acceptable d’avoir des contacts sexuels au bout de trois mois déjà et 9 (4%) disent que cela l’est dès la fin de la thérapie.
Les résultats de l’enquête montrent que certains psychothérapeutes ont des opinions très contestables et qu’en tant que potentiels coupables ils peuvent faire des dégâts considérables - en ce qui concerne à la fois la santé psychique des clients concernés et la réputation de la profession. De nombreux enquêtés ne savent pas clairement si et dans quelles circonstances il est admissible, d’un point de vue éthique, d’avoir des contacts sexuels avec des clients une fois la thérapie terminée. Du point de vue de l’éthique, il est clair que l’établissement d’une relation sexuelle même après la fin de la thérapie pose certains problèmes et que ces derniers ne sont pas résolus par l’attente d’un délai de trois mois, d’une année ou de trois ans. Il est possible que certains psychothérapeutes considèrent que seule « l’exploitation sexuelle » pure, dans laquelle on abuse consciemment des différences de pouvoir, constitue un abus. Il faudrait traiter de ce thème dans le cadre de la formation en psychothérapie et dans celui de cours de perfectionnement.

Bibliographies de l'auteur

Egon Michael Haberfellner

Egon Michael Haberfellner, Privatdozent Prim. Dr., Facharzt für Psychiatrie und Neurologie, Psychotherapeut (systemische Familientherapie), praktischer Arzt, ärztlicher Leiter des Rehabilitationszentrums für psychosoziale Gesundheit Sonnenpark in Bad Hall, Paracelsus Medizinische Privatuniversität, Salzburg; fachliche Schwerpunkte: Sozialpsychiatrie, psychiatrische Rehabilitation, Krisenintervention und Notfallpsychiatrie, Patientenaufklärung, Nebenwirkungen von Psychopharmaka.

Korrespondenz: Rehabilitationszentrum für psychosoziale Gesundheit, Parkstraße 5, 4540 Bad Hall, Österreich

Sabine Zankl

Sabine Zankl, Mag. (FH), Psychotherapeutin (Integrative Gestalttherapie) in freier Praxis, Sozialarbeiterin in der Frauen- und Familienberatungsstelle Güssing, Südburgenland

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Publiée

2008-04-01

Comment citer

Haberfellner, E. M., & Zankl, S. (2008). Attitude envers les contacts sexuels en psychothérapie : résultats d’une enquête menée parmi les psychothérapeutes de Haute-Autriche. Science psychothérapeutique, (2), 92–97. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/94