Attitudes en matière de relation thérapeutique

Résumé

Partant du fait, démontré empiriquement, qu’en psychothérapie les notions d’expérience sur soi et d’analyse didactique servent de modèles à une relation thérapeutique efficace, nous examinons l’hypothèse de l’existence d’attitudes fondamentalement humaines et indépendantes de toute école en matière de relation thérapeutique. Les écoles de psychothérapie traditionnelles ou modernes sont toutes d’accord pour dire que c’est l’humain, la personne du/de la thérapeute qui joue le rôle de médicament! L’effet spécifique de cette ‘potion’ est déterminé par l’attitude de base de la personne en question; les techniques thérapeutiques, les styles d’intervention et les variantes du setting sont des outils aidant à appliquer une méthode donnée.

Les attitudes primaires adoptées par l’être humain sont des unités et réalités partielles de sa personne; ce sont elles qui agissent, développant un effet thérapeutique voulu et conscient là où, en tant qu’unités bio-psycho-sociales, elles apportent une expérience personnelle et sont réfléchies dans le cadre d’un contexte social. En psychothérapie, les notions d’analyse didactique et d’expérience sur soi constituent des itinéraires professionnels. Actuellement, chaque école élabore encore ses propres termes pour définir ces itinéraires et formule ses propres recommandations en matière d’expérience sur soi.

Il est possible de différencier sur le plan génétique des attitudes thérapeutiques de base synthétisant le débat sur l’expérience sur soi de types psychologie des profondeurs, humaniste et cognitif. Cette synthèse fait écho au débat classique sur les quatre tempéraments définis par la théorie psychosomatique. Si nous évitons d’adopter la perception pathographique caractéristique de la théorie des quatre tempéraments et de la psychanalyse, nous sommes à même de définir ces quatre attitudes en tant que différenciation génétique de thèmes culturels globaux:

1.    L’attitude esthétique
2.    L’attitude éthique
3.    L’attitude économique
4.    L’attitude érotique

Du point de vue de l’anthropologie médicale, ce sont des horizons temporels différents qui, en tant que paramètres naturels, contribuent à créer ces différentes catégories (Wyss). L’attitude esthétique s’accompagne d’une approche phénoménologique; elle représente la vie individuelle “sub specie aeternitatis ” et lui fournit un sens. L’attitude éthique est un processus dialectique se centrant entièrement sur le présent; elle fournit à l’individu une valeur au sein de la société. L’attitude économique est influencée par une approche de type empirico-analytique; elle est orientée vers le passé et produit sécurité et pouvoir économique. Finalement, en parallèle à une approche herméneutique l’attitude érotique, en réconciliant toutes les attitudes de base, fournit à la vie individuelle une perspective d’avenir et donne à l’amour diversité et ouverture. Ces attitudes de base sont considérées en tant que principes opérants de type bio-psycho-social et en tant que facettes génétiques de l’existence. On tente de montrer que la théorie des quatre tempéraments, à laquelle se réfèrent également la thérapie du comportement (Eysenck) et la théorie psychanalytique du caractère, ne fait que décrire des facettes des mêmes attitudes humaines fondamentales. Il en va d’ailleurs de même de la différenciation de Taylor concernant les degrés de créativité humaine et de celle effectuée par les philosophes entre les différentes manières d’approcher la connaissance. Toutes ces attitudes sont “tempérées” de manière individuelle et permettent à la vie d’acquérir un sens, une valeur, une orientation écologique et une dimension érotique. A partir du moment où elles deviennent trop étroites, névrotisent (Adler) ou fondent une collusion (Willi), elles deviennent pathologiques.

Dans ce sens, disposer d’une compétence psychothérapeutique complète impliquerait que les thérapeutes s’efforcent de faire l’expérience consciente et émotionnelle des différentes attitudes et sachent comment elles se combinent de manière individuelle dans leur propre personne. C’est en fait à ce niveau que se situent les efforts entrepris actuellement par la plupart des écoles de psychothérapie pour dépasser l’étroitesse méthodique que leur avait donnée leur histoire et modifier leurs concepts en matière d’expérience sur soi.

L’article traite de ces attitudes thérapeutiques de base, indépendantes de toute école, pour examiner certains critères qualitatifs appliqués par les différents modèles d’expérience sur soi en psychothérapie.