Psychothérapie psychanalytique focale
Résumé
Le présent article esquisse d’abord l’évolution des psychothérapies brèves, de Freud à Malan, en passant par Ferenczi et Rank, Alexander et French, ainsi que Balint et Balint. Il présente ensuite plus en détail la “psychothérapie focale” de Michael Balint, telle qu’elle fut développée par ce dernier et ses collaborateurs (dont faisait partie Malan) à la Tavistock Clinic de Londres. Balint introduisit sa conception de cette approche dans un ouvrage intitulé Focal Psychotherapy: An Example of Applied Psychoanalysis (coauteurs: Paul H. Ornstein et Enid Balint; publié en 1972 et traduit plus tard en allemand et en français). Finalement l’article cerne brièvement les formes les plus importantes de thérapies brèves pratiquées actuellement aux Etats-Unis.
D’autre part, les auteurs comparent leur propre conception de la psychothérapie focale, basée sur la psychologie du soi de Heinz Kohut et celle de Balint, montrant qu’ils mettent l’accent sur les aspects processus des psychothérapies psychanalytiques - psychanalyse, psychothérapie psychanalytique intensive et psychothérapie focale. Ils soulignent les éléments qui distinguent leur propre approche de la conception originale de Balint comme des traitements de brève durée souvent pratiqués actuellement aux Etats-Unis.
L’approche de Balint se fondait essentiellement sur les notions suivantes: la thérapie doit être focalisée (de préférence dès les deux ou trois premières séances) sur une définition en profondeur des problèmes du patient, expliquant ses symptômes et son comportement et incluant (dans la mesure du possible) ceux des antécédents des problèmes présentés qui sont significatifs du point de vue étiologique et pathogénétique. Ce “focus” doit être formulé explicitement, à un niveau proche du vécu, de telle manière qu’il soit possible de l’utiliser (lui ou certains de ses aspects) en tant qu’interprétation ou en tant que dimension partielle des interprétations en cours. Il doit être présenté au patient qui peut soit être d’accord avec sa définition, soit proposer des modifications. Une fois le focus choisi-il s’agit là de l’aspect le plus difficile du travail et de celui dont la formulation est la moins aisée à articuler -, thérapeute et patient doivent se mettre d’accord sur le nombre approximatif de séances requises pour travailler sur le problème. Une fois cette démarche accomplie, le thérapeute écoute son client en choisissant d’être soit “sélectivement attentif”, soit “sélectivement négligent”, n’interprétant que ce qui a trait au “focus ” choisi et écartant tout le reste. Il peut bien sûr arriver qu’en cours de traitement, un déplacement important apparaissant dans le matériel du patient rende indispensable une redéfinition du niveau de focalisation - de ce point de vue, Balint conseille au thérapeute de demeurer flexible et de suivre le mouvement. On peut aussi choisir une définition plus limitée ou plus large (plus ou moins ambitieuse), chercher à résoudre un problème restreint ou élargir le traitement.
Pour Balint (comme pour les auteurs du présent article) le “fit” entre patient et thérapeute (la manière dont leurs personnalités s’accordent) joue un rôle plus important au moment de choisir les patients qui suivront une psychothérapie focale que le fait que ces derniers souffrent de troubles chroniques ou d’une grave psychopathologie.
L’accent mis par la psychologie du soi sur l’écoute des expériences subjectives des patients nous fit renoncer à la “technique” de l”’attention/négligence sélectives”. Dans notre approche, il faut que nous entendions toutes les subtilités des expériences subjectives des patients (de la manière dont ils se perçoivent eux-mêmes et autrui dans leurs relations) et que nous interprétions toutes ces expériences sous l’angle choisi. Ici, c’est la psychologie du soi qui guide la définition d’un focus en accordant priorité à l’état du soi (sa cohésion, ses faiblesses ou sa fragmentation, ainsi que les aspects liés à son autorégulation).
Dans ce sens, la méthode des auteurs se distingue principalement de celles utilisées par d’autres en thérapie brève (y compris de la psychothérapie focale de Balint) 1) par le fait qu’ils considèrent les psychothérapies psychanalytiques comme situées sur un continuum - tant que le thérapeute utilise la même approche de base (accepter, comprendre et expliquer), la même théorie de la psychopathologie et la même théorie de la guérison; 2) qu’ils effectuent une distinction entre deux formes de traitement: axée sur la technique et axée sur un processus, postulant que toute rencontre thérapeutique provoque une série d’expériences intérieures (comment le patient fait l’expérience du thérapeute et vice-versa) qui est désignée ici par le terme de “processus”; 3) que la nature du processus détermine les réactions du thérapeute, plus qu’une technique fixe. En fait, les auteurs parlent de la “responsivité” (responsiveness) du thérapeute et non de sa “technique”. Le présent article illustre leur approche en présentant de nombreux échantillons de traitement, mettant en évidence le processus inhérent à la thérapie focale. Ce faisant, les auteurs démontrent que lorsque Balint a élaboré sa psychothérapie focale et tenté de réduire l’étendue du traitement sans lui faire perdre de sa profondeur, il n’a pas créé un mirage.
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