Thérapie somato-psycho-sociale en tant que concept global intégré utilisé dans le traitement des maladies psychosomatiques. Une étude des résultats de traitements psychosomatiques menés auprès de malades hospitalisés

Résumé

Ayant introduit le thème de la psychothérapie en clinique, l’article présente un concept à moyen terme concernant la thérapie psychosomatique offerte aux patients hospitalisés à notre hôpital (Krankenhaus der Barmherzigen Schwestern à Vienne). Le modèle nosographique qui a été choisi se reflète au niveau d’un concept médical, psychothérapeutique et social dans lequel le service est considéré comme un ensemble d’interactions. Pour nous, le traitement psychosomatique fondé sur la psychologie des profondeurs constitue une offre thérapeutique dont la caractéristique essentielle est qu’elle intègre des aspects et schémas d’interaction aux niveaux somatique, psychique et social - ceci tout au long du traitement des personnes souffrant de troubles psychosomatiques.

L’étude utilise des instruments d’évaluation psychodiagnostique (FAPK, GBB) pour tenter de cerner l’évolution qui se produit au cours du type de traitement décrit plus haut. Dans ce but, nous avons étudié 173 patients pendant une période d’un peu plus d’un an (juin 1993-septembre 1994), leur faisant passer des tests au début et à la fin d’une hospitalisation de six semaines. L’échantillon se composait de 136 femmes et de 37 hommes, âgés de 17 à 58 ans (âge moyen: 34 ans). Pour l’évaluation statistique, les patients ont été regroupés en cinq classes d’âge (moins de 20 ans, 2029 ans, 30-39 ans, 40-49 ans et plus de 49 ans) et en cinq catégories diagnostiques (1. troubles de l’alimentation, 2. maladies inflammatoires chroniques intestinales [maladie de Crohn, colitis ulcerosa], 3. troubles psychosomatiques au sens étroit, 4. syndromes fonctionnels et 5. dépression). Les statistiques montrent clairement que ce sont surtout les 20-29 ans, ainsi que les moins de 20 ans et les femmes qui souffrent de troubles de l’alimentation, alors que les troubles psychosomatiques au sens étroit et les maladies inflammatoires chroniques intestinales se trouvent surtout chez les 30-39 ans et les hommes. D’autre part, les syndromes fonctionnels et les dépressions se trouvent surtout chez les 40-49 ans et les femmes. Compte tenu des résultats récoltés à l’aide des deux instruments de mesure, ce sont les patients souffrant de troubles de l’alimentation, de dépression ou d’un syndrome fonctionnel qui tirent le plus grand profit de l’offre en traitement. Selon le premier type de mesure (FAPK) et alors même qu’à l’origine ces patients souffrent d’une névrose au niveau de leur rapport à la réalité, la manière dont ils abordent le conflit évolue grâce au traitement, ce qui contribue à soulager considérablement leurs troubles (dans tous les domaines testés par le GBB). Par ailleurs, les patients souffrant de la maladie de Crohn ou d’une colite ulcérative purent être quelque peu sensibilisés à une nouvelle manière d’approcher et de gérer les conflits; ils se sentirent alors beaucoup moins épuisés. Concernant les patients souffrant de troubles psychosomatiques au sens étroit (lésions organiques comprises), il semble que le traitement offert ait contribué de manière essentielle à une amélioration de leur état général, avec en particulier une moindre tendance à l’épuisement et un soulagement de la pression exercée par les troubles. Par rapport au sexe et à l’âge des patients, les femmes et les personnes relativement jeunes (les 20-29 surtout, suivis des 30-39 ans et des 40-49 ans) tirent plus grand profit du traitement que les hommes, que les moins de 20 ans et que les plus de 49 ans. Remarquons enfin que notre étude présente des lacunes évidentes: les indicateurs de succès sont simplement des données fournies verbalement par les patients eux-mêmes, un certain nombre de chiffres manquent, la mesure est d’un type simple (avant-après) et certains des groupes étudiés comportaient un trop petit nombre de cas; de plus, nous n’avons pas cherché à savoir si les résultats obtenus grâce au traitement avaient été ‘durables’. Il reste que nous avons réalisé cette étude dans le cadre existant (en tant qu’activité ‘secondaire’ dans un contexte hospitalier) et que notre objectif fut simplement de documenter une évolution avant-après les traitements psychosomatiques offerts à des patients hospitalisés-nous l’avons atteint.