Les connaissances acquises par la recherche dans le domaine de la résilience – vécu relationnel et développement de ressources

Auteurs

  • Corina Wustmann

Résumé

Ces dernières années, un concept - celui de « résilience » -apparaît de plus en plus souvent dans les débats entre professionnels. La recherche relativement récente dans ce domaine montre que l’individu est capable de développer une personnalité stable, assurée et compétente même lorsqu’il a vécu dans des conditions existentielles extrêmement difficiles et que son avenir semble chargé de risques. Les connaissances acquises sont encourageantes ; elles ouvrent de nouvelles perspectives et de nouveaux modèles : loin de l’approche traditionnelle où l’on se concentrait sur les déficits, vers une perception intégrant les ressources et les compétences.

Ce type de perception fut pendant longtemps négligé, alors même que l’expérience d’un « je peux faire quelque chose », « j’ai de la valeur » constitue une base importante lorsqu’il s’agit de croire en soi et d’être conscient de ses propres capacités. Les enfants en particulier peuvent développer par ce biais une meilleure manière de gérer les problèmes et les défis, les échecs et les revers, ce qui leur évite de se décourager trop facilement.

Aujourd’hui, les caractéristiques de la résilience sont définies comme suit:
>    La résilience est un processus dynamique de développement ; elle n’est pas un trait inné de la personnalité.

>    Elle est acquise au cours du développement dans le contexte des relations entre l’enfant et son environnement. Elle permet en même temps à l’enfant d’influer sur et de réguler son contexte vital de manière active et productive, dans le sens d’une construction de soi.

>    Elle est une dimension variable.

>    En l’état actuel de la recherche, on considère que la résilience n’est pas une immunité stable (insensibilité) envers des événements négatifs et des troubles psychiques ; elle est une construction qui varie en fonction du temps, de l’environnement et de la situation. On peut faire preuve de résilience à un moment donné, mais cette capacité peut à nouveau disparaître. Les phases de transition en particulier exigent de l’enfant qu’il accomplisse de nouvelles étapes de son développement, ce qui lui demande une capacité accrue d’adaptation. C’est dans ce sens qu’à ces moments la capacité à la résilience intervient, en le rendant capable de résister de manière flexible.

>    La résilience est spécifique par rapport à une situation et multidimensionnelle.

>    Elle ne peut pas être automatiquement transférée à tous les autres domaines de compétence existentielle. Ceci simplement parce qu’il s’agit d’une interaction complexe entre des facteurs relevant de la personnalité de l’enfant et des facteurs liés à son environnement.

Différentes études longitudinales ont été menées sur le phénomène de la résilience. La « KAUAI-Langsschnittstudie » de Werner et Smith couvre une période de quarante ans et constitue la plus longue étude systématique. Les travaux de recherche montrent que de nombreux enfants ont réussi à se développer pour devenir des adultes optimistes, sûrs d’eux-mêmes et productifs, même s’ils étaient soumis à l’origine à des risques importants. L’auteur décrit en détail les ressources personnelles requises en se référant à l’étude mentionnée plus haut. Elle montre aussi clairement à quel point les ressources sociales et en particulier un lien stable avec une personne jouant le rôle de référent sont importants. Du point de vue de l’élaboration et de la conceptualisation de mesures de prévention et d’intervention, il est très important de connaître les facteurs de protection identifiés par la recherche. Le concept de résilience implique en fait que les problèmes soient abordés avec beaucoup d’optimisme. L’auteur souligne en particulier à quel point il est important d’activer les ressources de l’enfant en mettant en place et en accompagnant des interactions favorables à l’établissement de relations sociales. À ce niveau, le vécu relationnel joue un rôle central de prévention potentielle. Il n’est pas forcément possible « d’enseigner » cet aspect dans le cadre de programmes d’entraînement ; il faut par contre que l’enfant dispose d’un environnement fiable et disponible, dans lequel l’interaction et le dialogue avec l’Autre deviennent possibles. Cela lui permet également de développer une conscience de ses propres compétences à agir et de sa propre importance. C’est à ce niveau que va se jouer la question de savoir s’il va réussir à gérer avec succès les difficultés inhérentes à sa vie.

Bien que la recherche dans le domaine de la résilience n’en soit encore qu’à ses débuts, elle a permis de modifier la manière dont la pédagogie et la thérapie sont abordées. Il devient alors possible d’abandonner l’approche traditionnelle soulignant les déficits pour passer à une approche axée sur les compétences et les ressources. Par ailleurs, les connaissances acquises ont une implication essentielle : il faut offrir à tous les enfants, et en particulier à ceux qui sont soumis à un risque, une possibilité précoce, durable et intense de développer ces capacités et ces ressources.

Biographie de l'auteur

Corina Wustmann

Corina Wustmann, Diplom-Pädagogin, ist Wissenschaftliche Mitarbeiterin am Marie Meierhofer-Institut für das Kind in Zürich. Vorher war sie Wissenschaftliche Referentin am Deutschen Jugendinstitut e.V. und Staatsinstitut für Frühpädagogik in München sowie an der Pädagogischen Hochschule der FHNW in Solothurn. Zu Ihren Arbeitsschwerpunkten gehören die Themen Resilienz, Frühkindliche Bildungsprozesse und Bildungsförderung im Frühbereich, Qualität und Wirksamkeit ausserfamilialer Bildung und Betreuung sowie Schulisches und subjektives Wohlbefinden von Kindern.

Korrespondenz: Dipl.-Päd. Corina Wustmann, Marie Meierhofer-Institut für das Kind, Schulhausstrasse 64, 8002 Zürich, Schweiz

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Publiée

2009-04-01

Comment citer

Wustmann, C. (2009). Les connaissances acquises par la recherche dans le domaine de la résilience – vécu relationnel et développement de ressources. Science psychothérapeutique, (2), 71–78. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/53