Travail corporel en thérapie centrée sur la personne

Résumé

Au cours de ces dernières années on a enregistré un plus grand intérêt pour l'inclusion explicite du corps dans des approches thérapeutiques qui, jusque là, ne l'avaient que peu ou pas intégré. La thérapie par entretiens centrée sur la personne n'a jusqu'à maintenant que trop peu tenu compte du corps et de touchers concrets, que ce soit au niveau théorique ou au niveau pratique. Nous présentons un aperçu des ouvrages publiés, puis mettons en évidence l'importance que pourrait avoir le corps dans ce type d'approche en nous appuyant sur une classification du vécu corporel. Cette dernière décrit sept manières de percevoir l e corps, auxquelles les différents courants de psychothérapie ont attribué plus ou moins d'importance. Il s'agit des points de vue suivants: somato-biologique, individuel, spatial, relationnel, chronologique, autonome et créatif. Chacun d'eux se centre sur des phénomènes corporels différents ; en procédant ainsi, on peut définir de manière plus différenciée la manière dont ils peuvent être intégrés dans la psychothérapie corporelle centrée sur la personne et démarquer cette dernière par rapport à d'autres types de thérapie corporelle.

Le travail corporel centré sur la personne est un travail fonctionnel incluant le corps soit de manière passive, soit de manière active. Il ne s'agit pas d'instrumentaliser celui-ci. Nous tenons à souligner que le travail avec ou sur le corps ne peut être un simple appendice, une simple technique ajoutée à l'approche centrée sur la personne ; il est part intégrante d'un abord holistique qui offre de nombreuses possibilités. La thérapie centrée sur la personne considère qu'en psychothérapie, le principal facteur efficace est la relation. Il est clair que sur cette base, le corps va être saisi dans une perspective relationnelle dans laquelle s'insérera le travail corporel. Le toucher physique vient s'ajouter au 'toucher verbal' qui fait déjà partie de la thérapie. Les aspects corporels qui existent mais demeurent non-explicités dans l a thérapie verbale, tout comme la relation et l a rencontre corporelles directes sont explicitement inclus dans le processus psychothérapeutique. Ce n'est que sous l'angle de l'aspect relationnel que des manières spécifiques de concevoir le corps deviennent pertinentes du point de vue de la thérapie centrée sur la personne.

Les trois attitudes de base connues - congruence, acceptation et empathie - sont également indispensables au processus thérapeutique utilisant le travail corporel concret. L'accent placé sur la relation avec la personne ne implique inévitablement qu'il faille procéder de manière très prudente et prendre très au sérieux les 'frontières corporelles' de la thérapeute et du client. Priorité est accordée à un rapport spontané au corps (cf. Rogers, 1974). Comme dans la 'thérapie verbale', la thérapeute doit pouvoir fonder son travail sur sa propre résonance au client, afin qu'il lui devienne possible de développer une empathie corporelle avec ce dernier. Le manque d'expérience sur soi peut faire que cette technique soit mal comprise ou mal apprise.

Concernant le processus thérapeutique, il est indispensable que le thérapeute communique au client ce qu'il a perçu a travers sa propre capacité empathique. Il peut le faire soit verbalement, soit par le biais de la langue du corps. La résonance corporelle permet souvent de saisir avec plus de précision des aspects pré-verbaux qui peuvent ensuite être mieux communiqués en retour par le biais de l'expression corporelle. Dans ce sens, une séance purement 'verbale' n'a pas la même valeur par rapport aux phénomènes corporels. Ce qui ne signifie pas que le travail corporel est préférable au travail verbal. Il s'agit plutôt de prendre au sérieux ces deux possibilités et de les utiliser de manière très complète.