Puissance. impuissance et abus de pouvoir dans les relations en psychothérapie
Résumé
Dans toutes les relations humaines a configuration asymétrique, l'abus semble avoir une place de choix. Par conséquent on retrouve l'abus dans chaque branche professionnelle du monde médical. Chez les psychothérapeutes, il arrive en première ligne ; bien que difficile a concevoir et très répandu, c'est un abus narcissique. L'abus sexuel, bien que plus rare mais attirant toutefois plus l'attention, en est une variante. L'histoire de la psychanalyse pullule d'exemples. En Allemagne fédérale, on dénombre annuellement entre 45 et 250 cas d'abus sexuels dans le cadre de psychothérapies financées par l'assurance maladie. La levée des tabous à ce sujet a permis un renforcement de mesures de répression pénale en Allemagne fédérale. Dans l'amendement au § 174c du Code Pénal, l'abus sexuel lors d'une thérapie est considéré comme un acte délictueux. D'un point de vue systémique, l'auteur de l'infraction et sa victime sont impliqués dans un modèle type de collusion dans lequel, inconsciemment, la force présumée du thérapeute se révèle être sa propre faiblesse. La biographie de psychothérapeutes ayant abusé de leurs patients démontre qu'étant devenus adultes trop rapidement, ils ont été dépourvus dans leur enfance d'amour et de chaleur humaine. Il en résulte une fragilité dans leur confiance en leur propre valeur qui doit être stabilisée par une attitude altruiste d'aide à autrui. Il est difficile pour ces thérapeutes de reconnaître leur désir de symbiose vis-à-vis de leurs patients et d'imposer des limites claires et précises. Ils provoquent indubitablement le fait que leurs patientes s'éprennent d'eux, car ils laissent sous-entendre qu'ils sont le partenaire idéal. La problématique de ce narcissisme se manifeste également dans le cadre de leur vie privée. Leur personnalité spécifique les pousse inconsciemment à choisir ce type de patientes en thérapie, au travers desquelles ils recherchent une stabilité. Finalement, que ce soit du côté de l'auteur ou de celui de la victime, ce sont les deux faces de la seule et même médaille qui sont représentées. Dans certains cas, les soi-disant victimes peuvent même devenir des criminels. La probabilité de se faire tuer sur son lieu de travail est particulièrement élevée chez les psychiatres. D'après une étude publiée dans le journal de médecine américain JAMA ces derniers occupent la quatrième place derrière les conducteurs de taxi, les commerçants de nuit et les policiers. Toutes les personnes ayant été perturbées durant leur enfance, que ce soit du côté du patient comme de celui du thérapeute, sont particulièrement disposées à devenir un coupable ou une victime dans le dilemme de l'abus de pouvoir. Les victimes autant que les auteurs ont besoin d'une aide psychothérapeutique appropriée qui ne doit pas se baser sur une pérennité du clivage: abuseur I victime. Les relations de puissance et de dépendance dans les instituts de formation en psychothérapie sont encore courantes. Cela entraîne la création d'un 'faux soi' chez le thérapeute et non pas le développement de son autonomie, ce qui lors des thérapies peut se manifester sous forme de relations abusives. Une mûre réflexion sur ce type de relations et une réforme dans les rapports avec les candidats à la formation en vue d'instaurer une cohabitation respectueuse, égalitaire et adulte pourront les protéger de débordements abusifs dans l'exercice de leur fonction de thérapeutes. Une supervision empreinte de respect et de confiance et/ou un contrôle interne sont les éléments indispensables d'une assurance de qualité en psychothérapie et en psychiatrie.
Téléchargements
Publiée
Comment citer
Numéro
Rubrique
Licence
Les auteures ou auteurs qui souhaitent publier dans cette revue acceptent les conditions suivantes:
- Les auteures ou auteurs conservent leurs droits d'auteur et autorisent la revue à effectuer la première édition sous une licence «Creative Commons Attribution» permettant une utilisation libre de leurs travaux à condition de les attribuer à leurs auteurs en citant leurs noms et d'attribuer la paternité de l'édition originale à la présente revue (conformément à la licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 DE).
- Les auteures ou auteurs peuvent conclure des contrats supplémentaires de diffusion non exclusive de la version de leurs travaux publiée dans la revue à condition d'attribuer la paternité de l'édition originale à la revue (par ex. dans une publication collective ou un livre).