Qualité de vie existentielle : un critère d’outcome en recherche psychothérapeutique

Auteurs

  • Astrid Görtz

Résumé

La présente étude visait à élaborer un questionnaire basé sur une perspective psychothérapeutique, qui servirait d'instrument au moment d'évaluer des psychothérapies fondées sur l'analyse existentielle. En opposition avec des théories hédonistes du bonheur et du bien-être, l'analyse existentielle a toujours soutenu une conception selon laquelle la « bonne vie » est une vie où la personne est en accord avec ses propres valeurs et, en fait, avec la valeur qu'elle a en tant qu'être humain. Elle définit le bonheur en tant que «vie réussie ». A ce niveau, il est donc moins un état qu'une chose en devenir. La «vie » doit toujours être appréhendée sous deux points de vue : ce qui est donné et ce qui est développé par la personne. Dans ce sens, on parlerait de qualité de vie lorsque l'individu accepte ses propres conditions existentielles et qu'il est satisfait de ce qu'il en a fait. Pour élaborer un questionnaire, il fallut d'abord traduire en termes psychologiques et opérationnels ce qui fait une « bonne vie ». Ceci n'est pas possible si l'on ne choisit pas délibérément de ne pas prendre en compte la dimension « processus en création ». La notion de « qualité de vie existentielle », telle qu'elle est saisie sur la base du questionnaire, est donc une sorte d'abrégé servant à l'évaluation scientifique et empirique, et l'aspect dialogique en a été éliminé. Nous voulions utiliser une méthode stricte comme l'analyse de Rasch pour savoir s'il est possible, du point de vue de l'analyse existentielle, de trouver des dimensions globales en rapport avec la qualité de vie et le bien-être. De plus, le questionnaire devait permettre d'acquérir des données concernant l'efficacité de la psychothérapie de type analyse existentielle pour des patients hospitalisés souffrant de troubles de dépendance.

L'étude empirique a été faite sur un groupe de patients hospitalisés dans une clinique spécialisée offrant en priorité des psychothérapies. En règle générale, la durée du séjour est de huit semaines.

Au total, 262 patients ont été inclus dans l'étude, dont 78% souffraient d'alcoolisme.

Le modèle que j'ai développé se base sur les quatre motivations existentielles fondamentales, telles qu'elles ont été définies par Langle (1999) ; mais j'ai aussi tenu compte d'aspects en rapport avec la psychologie de la personnalité. Le bien-être existentiel est défini en fonction de neuf domaines, car au niveau empirique il s'est avéré que ceux-ci représentent des dimensions relativement universelles. Il s'agit des domaines suivants : confiance, ressenti vital, tendance à la dépression, relations interpersonnelles, échec social, activité personnelle, passivité, sentiment de plénitude existentielle, sentiment de vide existentiel. Une réflexion théorique a été menée concernant les différents états et caractéristiques, ainsi que le contraste «dynamique» / «statique»; mais ces idées n'ont pas été vérifiées empiriquement. Le modèle définit également certains domaines de l'efficacité attribuable à la psychothérapie de type analyse existentielle. Cette dernière ne vise par exemple pas directement à améliorer le «sentiment de plénitude existentielle». S'il est exact que tout être humain aspire à faire cette expérience, du point de vue de l'analyse existentielle il n'est pas possible d'y parvenir en l'abordant systématiquement. Les praticiens de cette forme de thérapie considèrent que les courants pseudo-religieux qui promettent ce genre d'expérience sont en fait dangereux. De leur point de vue, l'être humain ne peut s'ouvrir à ce domaine qu'en s'ouvrant au monde - il ne peut après tout pas «faire» ces expériences sans satisfaire en même temps un besoin de dépendance à une substance ou à l'autre.

Le second aspect qui m'a intéressé a été - je l'ai dit - celui de l'utilité des thérapies. Les résultats, produits par une comparaison avant/après séjour en clinique, montrent que les effets du traitement sont importants en particulier dans les domaines «confiance» et «tendance à la dépression». La psychothérapie pratiquée par le courant analyse existentielle en setting hospitalier produit des effets surtout au niveau de la première et de la seconde motivation fondamentale, dans le sens où elle permet avant tout de soulager le patient d'une partie de sa souffrance ; ce n'est qu'en seconde ligne qu'elle permet aussi d'améliorer des aspects en rapport avec un sentiment positif de bien-être.

Biographie de l'auteur

Astrid Görtz

Dr. Astrid Görtz, Klinische Psychologin und Psychotherapeutin (Existenzanalyse), in freier Praxis in Wien tätig, Lehrbeauftragte an der Universität Wien

Korrespondenz: Dr. Astrid Görtz, Einwanggasse 23/11, 1140 Wien, Österreich

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Publiée

2005-04-01

Comment citer

Görtz, A. (2005). Qualité de vie existentielle : un critère d’outcome en recherche psychothérapeutique. Science psychothérapeutique, (2), 61–68. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/368