Le problème du déterminisme - la liberté en tant que détermination de soi
Résumé
Les actuels travaux sur le cerveau se prononcent clairement pour les principes du déterminisme : tout ce qui se passe, y compris nos actes et nos pensées, est fixé, déterminé par de nombreux facteurs. Ceci n’est pourtant pas compatible avec nos expériences au quotidien, dans la mesure où nous pensons planifier nos actions et les réaliser en dépit des obstacles. Dans ce sens, nous nous percevons comme étant fondamentalement libres, même si certaines choses sont prédéterminées ; il ne s’agit pas d’une liberté, d’un libre-arbitre détaché de toutes les influences, mais plutôt d’une liberté de choix, d’une autonomie soumise aux conditions qui ont créé la structure spécifique de chaque sujet (disposition génétique, socialisation, caractère, besoins, etc.). La thèse que nous soutenons ici est que, même si l’être humain est soumis à différents déterminismes, cela ne l’empêche pas d’être autonome - c’est même ce qui rend son autonomie possible.Qu’en serait-il si la pensée était déterminée ? Cela conduirait-il de manière inévitable au fatalisme ? Dans le domaine - subjectif - du savoir, on peut démontrer que ce n’est pas le cas (indéterminisme épistémique). On peut arguer que les processus mentaux sont objectivement déterminés par les lois de la nature. Or, selon la théorie quantique et son concept du hasard statistique, les microprocessus sont indéterminés. Ce qui n’implique pas forcément que la liberté - comme quelque chose qui a un sens - existe. Par ailleurs, le concept d’autonomie fait déjà partie du système physique puisque celui-ci dépend en priorité de ses propres composantes et non pas de son environnement ; il en va ainsi parce que les composantes sont intrinsèquement et naturellement liées par des principes causaux.
Concernant l’être humain, sa capacité à disposer d’un savoir définit les rapports entre autonomie et détermination. Ce savoir lui permet de définir lui-même des raisons à ses actions. Dans la mesure où ces raisons font partie d’un savoir, elles ont un caractère idéel. Il faut clairement les distinguer des causes, qui ont une énergie propre et qui exercent une influence causale sur le système physiologique et sur les instincts de l’individu.
Pour que l’autonomie soit possible, il faut que le savoir dépasse largement le présent. Dans ce sens, la capacité à penser et à savoir représente une immense libération par rapport aux conditions concrètes, surtout comparé à ce qui se passe chez les animaux. C’est ici que la conscience d’une autonomie au quotidien, dont nous avons déjà parlé, trouve sa source. Plus : en ce qui concerne ma conscience de moi, je sais - au-delà de mon savoir concret - que je peux savoir, ce qui signifie que je peux élargir tant que je veux mon savoir limité.
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Publiée
2010-04-01
Comment citer
Wandschneider, D. (2010). Le problème du déterminisme - la liberté en tant que détermination de soi. Science psychothérapeutique, (2), 100–107. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/21
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