La qualité des résultats de la psychothérapie ambulatoire: Résultats des soins de base en Suisse
Résumé
La médecine fondée sur les faits a pour objet de «séparer le bon grain de l’ivraie», c’est-à-dire de faire la distinction entre méthodes de traitement efficaces et méthodes de traitement inefficaces. A cet effet, on effectue des essais randomisés contrôlés dans lesquels les traitements sont testés dans les meilleures conditions possibles (par exemple, les patients ne présentent en général ni abus de substances ni comorbidités ou bien les thérapeutes sont suivis par supervision). Toutefois, l’efficience des traitements qui sont administrés dans le cadre des soins de base, ne dépend pas uniquement de la technique sous-jacente «fondée sur les faits», mais aussi d’autres facteurs comme le degré de gravité du trouble, la qualité de la relation thérapeutique ou la personne du ou de la thérapeute. C’est pourquoi, il convient également d’examiner la qualité des résultats des traitements psychothérapeutiques de routine. Dans le présent papier, la qualité des résultats est évaluée en fonction de comparaisons pré- et post-traitement. Les analyses se fondent sur un échantillon de 300 patients consécutifs, recrutés dans le cadre de l’étude sur la pratique de la psychothérapie ambulatoire (PAP-S). Dans cet échantillon, les diagnostics les plus fréquents étaient des troubles affectifs et anxieux. La part des patients présentant un ou plusieurs troubles comorbides était de deux tiers. Le traitement par imputation multiple des valeurs manquantes nous a permis d’exploiter les données de 91% des processus thérapeutiques pour l’analyse statistique. Cette démarche nous a ainsi permis d’intégrer dans l’évaluation les abandons présentant de modestes résultats de traitement.
L’analyse des modifications pré- et post-traitement a révélé d’importantes tailles d’effets significatives dans les masses globales de troubles psychosociaux et de symptômes. Le niveau d’amélioration de l’état des patients souffrant de troubles affectifs et des patients souffrant de troubles anxieux était comparable. Les patients du cluster B souffrant de troubles de la personnalité (pour la plupart borderline ou narcissique) présentaient, au début du traitement, des déficits de la structure psychique plus importants que les patients sans troubles de la personnalité. Ils ont également accompli des transformations structurelles positives significativement plus importantes. Ces résultats démontrent que les patients souffrant de troubles de la personnalité borderline ou narcissique peuvent tirer profit d’une thérapie humaniste ou de psychologie des profondeurs.
Une comparaison entre thérapies humanistes et thérapies de psychologie des profondeurs a révélé une taille d’effet plus importante lors du premier traitement. La différence, statistiquement insignifiante, peut aussi s’expliquer par la différence de «dosage». Dans notre échantillon en effet, les traitements humanistes avaient tendance à être plus longs que les traitements de psychologie des profondeurs.
Les résultats de notre échantillon ont été comparés à ceux de 5 études d’efficacité dans lesquelles étaient évalués les résultats de démarches thérapeutiques cognitivo-comportementales. La comparaison a montré que les tailles d’effet dans notre échantillon étaient égales ou supérieures à celles des thérapies comportementales. Il faut encore mentionner que les thérapies comportementales étaient plus courtes que les thérapies humanistes et de psychologie des profondeurs retenues pour notre étude. C’est pourquoi, les divergences pourraient ne pas découler de différences dans les interventions, mais être seulement l’effet d’un dosage différent.
Néanmoins les résultats confortent l’hypothèse que, dans la pratique professionnelle, l’efficacité des approches humanistes et de psychologie des profondeurs est équivalente à celle des approches cognitivo-comportementales.
Mots clés: qualité des résultats, soins de routine, psychothérapie ambulatoire, comparaisons pré- et post-opératoire, imputation multiple
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