Thérapie comportementale axée sur la personne - Une approche de psychologie clinique et de la personnalité

Auteurs

  • Heinrich Berbalk

Résumé

Les approches cognitivo-comportementales et de psychologie de la personnalité ignorent les présupposés inaliénables de toute description et de tout changement psychologiques. Ce que les approches de psychologie des profondeurs et les approches humanistes ont toujours valorisé est laissé pour compte dans la thérapie cognitivo-comportementale et dans la thérapie pharmaceutique: 1. une juste prise en compte de l’ensemble de la personne. 2. la manière dont la personne intègre à son monde intérieur les conditions de vie préalables. 3. la connaissance des conditions de vie réelles.

Il faut en voir l’explication dans le désir immodéré d’établir une classification des troubles, dans la confiance excessive accordée aux thérapies manuelles spécifiques aux troubles et dans «l’alliance» de la classification des troubles et de la pharmacothérapie. Heinrich Berbalk remédie à cette insuffisance des trois conditions fondamentales en développant la thérapie cognitivo-comportementale pour en faire une thérapie comportementale axée sur la personne.

Il a développé son propre modèle de personne (BIG et BIU) sur lequel il fonde la description et le changement. Dans ce modèle, les éléments de la personne sont conçus de manière bipolaire, chacun étant en concurrence avec un élément contraire. Ces éléments connaissent un développement propre à chaque personne et possèdent donc une structure et une dynamique uniques. BIG (Berbalk’s Innerer Globus / globe intérieur de Berbalk) est un modèle sphérique de la personne incluant trois dimensions: Base (les éléments de la personne en relation avec sa maîtrise de l’existence et de la vie), Amour (les éléments de la personne en relation avec la collectivité) et Maturité (les éléments de la personne témoignant de son indépendance, de sa connaissance d’elle-même et de son autodétermination).

Son modèle de personne inclut non seulement le globe intérieur personnel (BIG), mais aussi l’univers intérieur (BIU – Berbalk’s Inneres Universum).

Le BIU renferme, outre le globe intérieur de la personne, son monde de vie intérieur comprenant les globes de personnes émotionnellement importantes, les êtres vivants non  humains, les objets, les valeurs et les idées.

Pour recenser les éléments essentiels de la personne, on recourt à des métaphores langagières et à des poupées représentant les éléments de la personne.

La méthode favorite de description et de changement de Heinrich Berbalk est celle qu’il a créée avec ses collaboratrices, «le changement axé sur la personne par l’inventaire de poupées».

L’inventaire de poupées est un instrument diagnostique et thérapeutique aux nombreux formats, adaptés à la situation du moment.

Ses trois variantes les plus frappantes sont

1. le travail avec le théâtre: les petites poupées disponibles sont réparties sur quatre tribunes de manière à être bien visibles; représentant chacune un élément prédéterminé de la personne, elles peuvent être librement choisies.

2. le travail avec les grandes marionnettes à gaine, ressemblant aux petites poupées. Ce travail prend la forme d’une intervention thérapeutique.

3. le travail avec les globes: des photos des éléments choisis au cours de la première étape sont fixées sur une sphère par des pastilles adhésives de manière à assigner à chaque élément un octant du globe. A cet effet, le globe est partagé en huit octants marqués des symboles Base, Amour et Maturité.

Sur le «Berbalk´s Innerer Globus» (BIG), l’octant des «éléments idéaux» de la personne (octant 1) se trouve face à l’octant des éléments de la personne gênants, dommageables, préjudiciables ou perturbateurs (octant 7). L’objectif principal du changement est de percevoir et de renforcer les éléments de l’octant 1 et d’affaiblir et de neutraliser les éléments de l’octant 7.

La personne forme, à plus d’un titre, la toile de fond de cette approche des «troubles psychiques»:

1. la personne change en fonction de la structure et de la dynamique de ses éléments et, en conséquence, ses troubles se dissipent (ils n’étaient «que» le symptôme de l’interaction des éléments BIG et de l’univers intérieur BIU).

2. observé à ce niveau, le «trouble» se révèle correspondre au modèle comportemental d’un élément de la personne: il n’est donc pas besoin de le mettre en avant comme un «trouble» spécifique.

3. ce soi-disant trouble psychique est reconnu comme un élément «à part entière» de la personne: ce faisant, on lui enlève le statut de maladie échappant au contrôle personnel.

4. la structure et la dynamique des éléments de la personne sont prises en compte pour expliquer l’origine et la persistance des troubles ainsi que les décisions de changement les concernant et concernant les conditions de vie réelles.

Le travail de poupées se fonde sur 164 poupées différentes.

Lorsqu’il s’agit d’identifier ses éléments individuels, chaque personne peut choisir entre 164 poupées différentes pour représenter convenablement l’élément à évaluer.

L’un des aspects centraux de la thérapie comportementale axée sur la personne est l’invitation explicite à recourir à la communication orale, intérieure ou interpersonnelle – à voix haute audible ou de manière subvocale. Cette communication orale prend une signification accrue lorsque le nom de «l’élément de la personne qui écoute ou qui parle» et le choix d’une poupée pour le représenter sont ressentis comme judicieux et «appropriés».

Chaque thérapie commence par la présentation de la personne et de son monde de vie intérieur. Les problèmes non résolus évoqués n’en sont pas négligés pour autant. Soit il s’avère que le prétendu trouble correspond au modèle comportemental d’un aspect de la personne et ne constitue donc pas un trouble à part entière. Soit on parvient à identifier certains éléments de la personne comme participant du trouble. L’intervention directe est souvent facilitée par la prise en compte des éléments de la personne correspondants.

Les éléments de la personne peuvent également aggraver ou négliger certaines causes réelles de problèmes. Par exemple, si le côté «coupable» est activé malgré l’existence d’ennuis réels, tous les efforts déployés pour soulager la personne s’avèreront vains. Il est ainsi possible que des conseillers médicaux prescrivent ou recommandent des psychotropes au lieu de pousser à changer la situation réelle. De nombreux psychotropes affaiblissent la capacité à régler les problèmes et la capacité d’apprentissage, qui sont pourtant essentielles dans une situation de réel stress.

Dans ce nouveau modèle, les troubles comme les évolutions salutaires sont vus comme des phénomènes liés à l’ensemble de la personne dans son monde de vie. Autant les troubles que les évolutions salutaires ont un impact sur l’environnement réel et sur les mondes intérieurs d’autres personnes. A l’inverse, un changement des conditions de vie réelles est souvent la condition préalable à tout changement du globe intérieur (BIG) et de l’univers de vie intérieur de la personne (BIU).

Mots clés: Thérapie comportementale axée sur la personne; dimension des éléments de la personne: Base – Amour – Maturité; modèle comportemental avec logique de solution spécifique à l’élément; globe intérieur (BIG) et univers intérieur de la personne (BIU); conditions de vie réelles.

Biographie de l'auteur

Heinrich Berbalk

Diplom-Psychologe Dr. phil. Heinrich Berbalk, Studium u. a. an der Johann-Wolfgang-Goethe-Universität in Frankfurt am Main, Universitätsprofessor für Psychologie an der Universität Hamburg. Akademische Lehre seit 40 Jahren in Kiel, Trier und Hamburg. Eigene Psychotherapeutische Praxis und Leitung des Instituts für Person-geleitete Veränderung in Eckernförde, Schleswig-Hostein. Stationssupervision am Zentrum für Integrative Psychiatrie und Psychotherapie der Universität Kiel in der Erwachsenen- und der Kinder- und Jugendlichen-Psychiatrie und -Psychotherapie.

Publiée

2015-04-29

Comment citer

Berbalk, H. (2015). Thérapie comportementale axée sur la personne - Une approche de psychologie clinique et de la personnalité. Science psychothérapeutique, 4(2), 50–66. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/144

Numéro

Rubrique

Article inédit