Un?élargissement?de?la?praxéologie?psychodynamique,?inspiré?par?la?neurobiologie?et?utilisant?une psychothérapie?corporelle?centrée?sur?le?conscient

Résumé

Comment est-il possible, dans le cadre du processus psychothérapeutique, de stimuler de manière utile les schémas neuronaux à la base du vécu et du comportement ? Des expériences nouvelles vont-elles permettre de les corriger, de les élargir et/ou de modifier les connexions neuronales ? Compte tenu des nouveaux résultats acquis par la recherche neurobiologique, il semble évident d'inclure à la démarche tous les éléments sensorimoteurs et affectifs du vécu et du comportement. Nous traitons d'aspects particuliers et des conséquences possibles des acquis de la neurobiologie par rapport à une psychothérapie corporelle psychodynamique ; nous présentons aussi un exemple de cas concret. Notre contribution se fonde sur plus de trente ans d'expérience dans le domaine psychosomatique : nous avons développé dans la pratique un type spécifique de psychothérapie corporelle, intégrant différentes méthodes et centrée sur le conscient. Une approche psychothérapeutique de type « révélateur » (eröffnende Körperpsychotherapie) utilise le corps pour consteller dans le ici-et-maintenant la structure psychique avec ses « représentations dispositionnelles »» (Damasio 2003) ainsi que ses sources biographiques, ceci de manière holistique et en utilisant tous les registres sensorimoteurs et affectifs ; cette structure pourra ensuite être vécue de manière plus différenciée par le client et élargie de nouvelles expériences. Le tout est entrepris sur la base d'une attitude consciente caractérisée par l'attention. Un travail presque micropsychanalytique sur l'attention, une attitude de base expérimentale et une manière systémique de saisir ce qui se passe permettent de modifier de manière utile les données de la psychothérapie psychodynamique et d'élargir les règles d'abstinence et de neutralité. Dans la mesure où tout ce qui est vécu et fait dans le présent contribue à renforcer les connexions neuronales correspondantes, les schémas dysfonctionnants peuvent ainsi être saisis de manière relativement rapide dans leur contexte biographique et complétés de nouvelles expériences bénéfiques, acquises par le biais de la thérapie. L'inclusion du toucher et du mouvement permet de donner plus d'intensité à la rencontre thérapeutique. D'un point de vue neurobiologique, cette intensité du vécu est d'autant plus utile lorsque le patient a un certain âge et lorsque son vécu et son comportement ont acquis une dimension chronique et unilatérale. En complément du travail psychodynamique il est également possible d'utiliser une forme « constructive » de psychothérapie corporelle pour faire appel aux ressources dont dispose déjà le patient et pour les relier de manière différente aux schémas existants ; ou encore d'influer directement sur les schémas de respiration et d'expression par la voix et le corps, modifiant ainsi parfois le vécu et le comportement du patient sans avoir à analyser leurs origines biographiques. Il est plus facile dans le cadre d'une psychothérapie corporelle centrée sur le conscient de présenter au client des offres alternatives et salutaires : du fait de son attitude consciente (« attention »») ce dernier a toujours la possibilité de savoir qu'une démarche visant à corriger et à guérir est expérimentale et qu'il peut l'observer avec attention. Il peut alors comprendre s'il est possible de parvenir à une amélioration utile de son état ou discerner ce qui, dans la structure psychique créée par son histoire personnelle, se pose en obstacle à ce type d'amélioration.

Nous sommes d'avis que les praticiens de la psychothérapie corporelle n'ont pas encore utilisé tous les potentiels offerts par les données acquises par la neurobiologie et ne les ont pas encore tous appliqués aux processus thérapeutiques (Gottwald 2005). C'est pourquoi nous présentons une synthèse de ces connaissances afin de rendre plus intelligible notre propre approche.