Bases épistémologiques de la psychothérapies

Résumé

Le fait que la psychothérapie acquiert de plus en plus de pertinence pour la société a inspiré ces dernières années un nombre accru d’efforts visant à mieux cerner le phénomène des changements résultant d’une thérapie. La nouvelle lai autrichienne sur la psychothérapie gère les différentes stratégies thérapeutiques en homologant les écoles qui peuvent démontrer le caractère scientifique de leur théorie et de leur méthode d’évaluation. Pourtant, compte tenu de l’évolution actuelle des théories de la science il n’est plus possible de soutenir que le fait de qualifier un domaine de “scientifique” implique forcément que ce qu’il énonce a validité globale - comme on l’assume en général. C’est Herrmann (1976) qui a fourni le point de réfe-rence le plus évident entre épistémologie et psychothérapie: il a adapté à la psychologie l’approche de Stegmüller (cf. 1986) connue sous le titre de “nonstatement-view”. Au centre de cette approche se situe un renoncement à un critère absolu de vérité. Les hypothèses théoriques fondamentales sont considérées indépendamment de la manière dont elles peuvent être appliquées; c’est le chercheur qui décide de les maintenir ou pas. Il est à assumer qu’une approche scientifique de type constructif doit permettre de clarifier les rapports entre la théorie et son objet. A Vienne, Wallner (1992a, b, c) postule que lorsqu’on développe une théorie scientifique, on crée un tout fermé, constitué par la méthode spécifique choisie, et une conceptualisation concomitante de l’objet de recherche. Il faut débattre des composantes de cette unité méthode-objet indépendamment de la manière dont elle peut être appliquée. Nous allons tenter de transférer cette perception de la science à notre discipline. Partons du principe que chaque scientifique et chaque thérapeute est socialisé dans un milieu culturel spécifique, qu’il apprend à appliquer des stratégies intellectuelles spécifiques lorsqu’il est confronté à des problèmes et qu’au début, il le fait de manière non-réfléchie dans le domaine de recherche qui l’intéresse. Puis, dans le quotidien de son travail, il réagit de manière de plus en plus différenciée aux questions posées, il développe des structures méthodiques de plus en plus raffinées et il élabore des théories capables d’organiser les données acquises par une application critique dans le cadre de rapports de causalité aussi homogènes que possible. Dans ce sens, chaque école de psychothérapie se réfère à sa propre manière traditionnelle d’élaborer une théorie. Les théories sont le produit de la méthode d’observation utilisée mais aussi des modifications permanentes dues à l’intégration continue et indispensable des données acquises par l’observation.