Résultats d'une enquête concernant les titres de “psychothérapeute" et de “spécialiste en médecine psychothérapeutique”
Résumé
La loi sur la psychothérapie protège le titre de “psychothérapeute” mais, simultanément, elle exige que les thérapeutes aient suivi une formation réglementée légalement et soient à même de prouver qu’ils ont vraiment acquis les connaissances et techniques enseignées.
Les Conseils de l’Ordre offrent depuis peu des filières de formation visant à enseigner des compétences au niveau psychosocial, contribuant ainsi à éliminer une lacune ayant marqué la formation des médecins. Après avoir suivi une formation d’au moins trois ans, ces médecins peuvent acquérir le titre de “spécialiste en médecine psychothérapeutique”. Mais les curriculums offerts n’ont pas du tout le même niveau que la formation en psychothérapie telle qu’elle est définie par la loi sur la psychothérapie. Les tribunaux ont déjà dû réfléchir à la question de savoir si les deux titres peuvent prêter à confusion.
Dans la mesure où, pour les patient/es, ce sont les compétences et l’offre de traitement qui comptent, nous avons choisi de nous centrer sur l’aspect protection des consommateurs. Nous avons donc enquêté auprès de consommateurs potentiels (n =97, juin-septembre 1994), leur demandant s’ils connaissaient les différences entre les deux titres. Ce sont en effet eux qui méritent protection lorsqu’ils se trouvent dans une situation existentielle difficile, les contraignant à demander l’aide d’un psychothérapeute.
Les réponses fournies par 24 informants dont la profession peut les mettre en contact avec des personnes cherchant un soutien psychothérapeutique (professions psychosociales, PP) ont été évaluées séparément. 77% croyaient savoir ce qu’est la psychothérapie, 23 % ne le savaient pas. Ces proportions sont de 96 % et 4% pour les PP.
En ce qui concerne la différence entre le titre de “psychothérapeute” (PT) et de “spécialiste en médecine psychothérapeutique” (SMP) 46% en connaissaient l’existence, alors que 54% n’en savaient rien. La proportion de oui et de non fut de 64% et 38% pour les professions psychosociales. A une question plus qualitative, 16 personnes interrogées (39%) répondirent que le “spécialiste en médecine psychothérapeutique” est plus qualifié, alors que 8 personnes (20%) considéraient le psychothérapeute comme plus qualifié. 17 personnes (41 %) donnèrent une réponse qu’il faut qualifier de neutre. Les explications fournies oralement montrent qu’un aspect très émotionnel et surtout certaines dévalorisations sont associés à ces professions; d’autre part, les médecins jouissent d’un certain crédit, dû sans doute à leur formation universitaire.
Si relativement plus de personnes assument qu’il existe des différences de formation entre les deux titres (tableau 1), leurs réponses qualitatives montrent qu’elles tendent à valoriser la formation médicale aux dépens de la formation psychothérapeutique. Les réponses orales contiennent de nombreuses dépréciations. Contrairement à ce qui se passe pour la profession du médecin, peu de gens savent exactement comment les psychothérapeutes sont formés.
En ce qui concerne la qualité des formations PT et SMP (tableau 2), il s’avère que seule la moitié des personnes interrogées sont en mesure de l’évaluer avec précision et que les personnes travaillant dans des professions psychosociales n’en savent pas beaucoup plus à ce sujet. En effet plus du tiers et du quart des membres de ces professions pensent que la formation est la même et pour près du cinquième d’entre eux le SMP est plus qualifié.
Le tableau 3 montre que la moitié des personnes interrogées s’adresseraient plutôt à un psychothérapeute en cas de besoin, mais qu’un nombre relativement élevé ne feraient confiance ni au PT ni au SMP.
Seul un tiers des personnes interrogées dit qu’un médecin spécialiste en psychiatrie et neurologie est parfois aussi psychothérapeute (tableau 4), ce qui est exact; mais les membres des professions psychosociales sont tout aussi mal informés.
Nous pensons que les résultats de notre enquête reflètent bien la réalité en ce qui concerne la manière dont les consommateurs sont informés au sujet de la psychothérapie. Il semble malheureusement que les membres des professions psychosociales ne sont pas beaucoup mieux au courant. On peut dire qu’actuellement les personnes interrogées n’ont pas une image claire des deux professions et qu’elles ont de la peine à s’y retrouver dans la confusion qui existe à ce niveau. Les résultats montrent qu’il est indispensable que nous informions les consommateurs si nous souhaitons prendre au sérieux les questions de protection et avoir des patients plus émancipés.
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