Faut-il que la psychanalyse évolue? Constat basé sur la recherche empirique en psychothérapie

Auteurs

  • Bernhard Strauß

Résumé

Le présent travail prend pour points de départ les controverses actuellement liées à l’efficacité des différentes formes de psychothérapie et le postulat d’une “psychothérapie générale”. Les méta-analyses qui se sont intéressées à l’efficacité des différentes psychothérapies montrent que le constat de Luborsky et ses collaborateurs - selon lequel “tout le monde gagne - tout le monde reçoit un prix”, ne tient pas, du moins sous cette forme.

La question d’une différenciation de l’efficacité de la psychothérapie est importante sur le plan scientifique; ceci mis à part, le débat actuel sur ce thème est largement influencé par les problèmes économiques qu’a provoqués une réévaluation de tout le système de la santé. Celle-ci a plongé la psychothérapie dans une crise, la forçant à se légitimer- la psychothérapie psychanalytique semble particulièrement concernée. Par comparaison avec l’attitude que la psychanalyse avait eue face aux “attaques” concernant son épistémologie, elle semble réagir à la présentation des résultats de la recherche en psychothérapie de manière extrêmement défensive et subjective. La majorité des psychanalystes refusent les demandes qui leur sont faites de reconnaître les résultats de la recherche empirique et d’en tenir compte dans leurs modèles de traitement, ceci bien que la recherche psychanalytique ait beaucoup contribué aux résultats à disposition.

Notre travail tente de montrer qu’il pourrait parfaitement être utile que la psychanalyse évalue les résultats scientifiques acquis dans le domaine de la psychothérapie et réfléchisse à ses propres rapports avec la recherche empirique. En tant que base, elle pourrait utiliser les modèles élaborés en vue de systématiser les résultats de recherche; nous décrivons plus en détail l’un d’entre eux, le “Generic Model of Psychotherapy”. Ce dernier a été développé par Orlinsky et Howard et il est utilisé actuellement par les chercheurs travaillant sur les rapports processus-résultats de la psychothérapie. Il effectue une distinction entre différents niveaux du traitement psychothérapeutique: conditions de départ, variables du processus au sens étroit et conséquences du traitement à court et à long terme. Les éléments du processus psychothérapeutique définis par le modèle en fonction d’aspects formels, techniques, interpersonnels, intrapersonnels, cliniques et temporels semblent être d’une importance particulière par rapport à la question d’une évolution possible dans le contexte de la thérapie psychanalytique. Le présent article résume brièvement les résultats concernant ces aspects, tout en montrant que les travaux empiriques devraient nous inciter à adopter une attitude critique envers certaines hypothèses de la psychothérapie psychanalytique.

Notre contribution traite également du débat concernant les difficiles rapports liant pratique psychothérapeutique et recherche. Il a été démontré que les praticiens de la psychothérapie ne s’intéressent que peu aux résultats de la recherche empirique. Les psychanalystes en particulier sont encore largement d’avis que la recherche moderne en psychothérapie n’a pas grande pertinence par rapport à l’objet de 1a thérapie psychanalytique, ce qui ne peut se justifier à long terme - compte tenu aussi des débats menés actuellement au niveau de la politique de la santé. Nous considérons donc qu’il faut que la psychanalyse s’ouvre à la recherche empirique en psychothérapie. La pratique analytique comme l’organisation et la structuration de la formation ne pourraient que bénéficier de cette ouverture. La psychanalyse pourrait également profiter d’une réflexion critique des théories générales de la psychothérapie, telles qu’elles ont été formulées récemment par Grawe et ses collaborateurs, par exemple; ceci n’impliquerait pas qu’elle doive renoncer à son indépendance. Les théories globales de la psychothérapie pourraient faciliter la comparaison entre les différents modèles de traitement; elles pourraient permettre de modifier ces modèles et d’élaborer un langage permettant les échanges qui auraient dû avoir lieu il y a longtemps déjà.

Biographie de l'auteur

Bernhard Strauß

Priv. -Doz. Dr. phil. Bernhard Strauß ist klinischer Psychologe und Psychotherapeut an der Klinik für Psychotherapie und Psychosomatik der Universitätsklinik in Kiel. Seine wissenschaftlichen Schwerpunkte sind die psychosomatische Gynäkologie, die Entwicklung und Evaluation von psychosozialen Betreuungskonzepten in der Medizin sowie die Psychotherapieforschung (Schwerpunkte: Gruppentherapie, differentielle Indikation und Prognose; stationäre Psychotherapie)

Korrespondenz: PD Dr. Bernhard Strauß, Dipl.-Psych., Klinik für Psychotherapie und Psychosomatik, Universitätsklinik Kiel, Niemannsweg 147, D-24105 Kiel

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Publiée

1996-01-01

Comment citer

Strauß, B. (1996). Faut-il que la psychanalyse évolue? Constat basé sur la recherche empirique en psychothérapie. Science psychothérapeutique, 4(1), 50–58. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/660