Interventions psychothérapeutiques chez des patients souffrant de lymphomes malins
Résumé
Les études épidémiologiques soulignent l’importance clinique des lymphomes malins. Bien qu’ils ne représentent que le 2,3% de tous les cancers, des travaux récents ont montré que leur fréquence occupe la seconde place dans l’augmentation du nombre total des tumeurs. Jusqu’à maintenant, la recherche psycho-oncologique s’est relativement peu intéressée aux lymphomes malins, comparé par exemple aux travaux sur les carcinomes mammaires. Du point de vue de la psycho-oncologie, il est particulièrement important de constater que les lymphomes malins peuvent être traités curativement par la chimiothérapie, qui fournit à certains sous-types un pronostic relativement favorable. Le grand nombre de survivants à long terme de la maladie d’Hodgkin et de certaines formes de lymphomes non-hodgkiniens rend possible, dans une perspective de très longue durée, l’étude de la manière dont des “cancéreux guéris” gèrent leur maladie et leur vie, ainsi que leur qualité de vie et leur adaptation psychosociale. L’essentiel de la contribution ci-dessous rapporte les expériences faites avec des patients souffrant d’un lymphome, ceci dans le cadre d’un bureau de conseil médical et de liaison intégré à un service d’onco-hématologie. La psychothérapie est intervenue durant le traitement d’urgence, en milieu hospitalier. La chimiothérapie, le plus souvent intensive, a des effets secondaires considérables; elle s’accompagne de problèmes et de complications. 47 des 66 patient/es atteints de lymphome étudié/es firent l’objet d’une intervention psychothérapeutique. Du fait qu’ils/elles se trouvaient en phase aiguë de la maladie, ces interventions furent surtout du type gestion de crise et thérapie individuelle de soutien. Ici se situe une différence fondamentale avec les interventions psychothérapeutiques ayant Heu durant les phases de rémission, de postcure ou dans 1e cadre de mesures de réhabilitation. Dans ces derniers cas, on applique le plus souvent des programmes de soutien en groupes alors qu’ici, en milieu hospitalier, préférence fut accordée aux interventions individuelles. Les principales indications ayant incité les oncologues à demander une consultation psychosomatique expliquent cet aspect: dépressions requérant un traitement, risque de suicidalité et états aigus de panique. En ce qui concerne le processus psychothérapeutique, les principales caractéristiques de la “psychothérapie de soutien” (supportive psychotherapy) offerte à des cancéreux sont décrites. Même si les chances de guérison sont relativement élevées pour de nombreuses formes de lymphomes malins, ceux-ci demeurent une menace existentielle et peuvent abréger considérablement la vie. Dans ce sens, le temps investi dans le processus psychothérapeutique ne devait pas être consacré à maîtriser le passé: il devait se centrer sur les perspectives d’avenir. La menace existentielle, l’affrontement à la mort, l’évolution du sentiment de soi provoquée par le cancer, l’équilibre narcissique et les relations à l’objet pertinentes constituent les principaux éléments de ce processus. En conclusion, nous décrivons certaines caractéristiques des expériences psychothérapeutiques que nous avons faites jusqu’à maintenant, caractéristiques qui ne sont pas les mêmes pour d’autres types de tumeurs et pour les lymphomes malins (par ex., impossibilité de localiser le cancer dans le soi corporel; théories de la maladie particulièrement subjectives; schémas d’assimilation spécifiques lorsqu’au début aucun traitement n’est entrepris; expériences considérables des survivants à long terme). Dans la mesure où, dans le cas des lymphomes malins, c’est le système immunitaire qui “dégénère pernicieusement”, les patient/es concerné/es semblent se concentrer particulièrement sur ce système. Et puisque nombre d’entre eux croient pouvoir renforcer leur immunité physiologique en pensant ou en agissant de manière positive, ils sont particulièrement ouverts aux questions psycho-oncologiques et aux approches thérapeutiques.
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