La supervision en thérapie centrée sur la personne. La contribution de Carl Rogers
Résumé
Contrairement à ce qui se passe actuellement au niveau de la formation et du perfectionnement en thérapie centrée sur la personne, où la supervision est considérée comme indispensable, son rôle et sa fonction dans le contexte du développement de cette approche demeurent assez vagues et imprécis. Il n’existe encore aujourd’hui pas de théorie unifiée de la supervision en thérapie centrée sur la personne, ceci malgré la place de plus en plus importante occupée par la supervision dans la littérature spécialisée. Rogers mentionne assez tôt que la supervision constitue un élément décisif et incontournable de la formation en psychothérapie. Mais ses quelques contributions à une théorie spécifique sont demeurées peu systématiques, ne traitant de la supervision que de manière indirecte. Dans le présent article, nous tentons de cerner quelques éléments qui permettent d’élaborer une théorie de la supervision en thérapie centrée sur la personne et de les structurer; c’est en fait Rogers qui les a proposés. Pour lui, la supervision doit inclure au moins les quatre dimensions suivantes: la thérapie personnelle, l’axe formation, une évaluation et une cognition. La première dimension dérive du fait que Rogers considère qu’il est particulièrement important que le futur psychothérapeute se comprenne lui-même. A ce niveau, la supervision est le principal moyen de parvenir à ce but. Pour lui, elle est conseil et thérapie offerts au psychothérapeute en fonction des problèmes qu’il rencontre dans son travail avec des clients. Les préoccupations spécifiques accompagnant un cas doivent le motiver à apprendre dans le cadre de la supervision. Le superviseur a fonction nettement thérapeutique et tout le processus peut devenir une thérapie personnelle.
Rogers utilise également le terme de supervision pour désigner les différents éléments de formation dans lesquels le candidat n’assume pas l’entière responsabilité d’un cas (supervision axée sur la formation). Le terme évaluation‘ met en évidence le fait que la critique et l’appréciation par un thérapeute expérimenté représentent un aspect supplémentaire de la formation (Rogers, 1942). A ce niveau, le superviseur apporte son expérience en tant qu’expert dans une méthode spécifique. Rogers considérait les discussions de cas comme un élément spécifique de la formation, la supervision mettant l’accent sur des aspects cognitifs. On peut dire que dans l’ensemble, cette dernière constitue pour lui une forme modifiée de thérapie, qui vise des objectifs variés et complexes. Dans ce sens, il faut que les superviseurs assument différentes fonctions, que l’on peut résumer comme suit:
a) Fonction thérapeutique: il s’agit d’encourager le candidat et de lui apporter un soutien dans l’exploration de ses attitudes, émotions et problèmes.
b) Fonction de modèle: se situe ici au premier plan la possibilité de faire l’expérience d’une autre manière de procéder. Ceci à deux niveaux: d’une part, le superviseur „montre “, il offre une réaction différente de celle du candidat face au client; ensuite, il fournit un modèle d’une manière adéquate de procéder, ceci dans le cadre même de la supervision - en un mot, il offre une „ alternative en direct “.
c) Fonction de feedback: ici, le superviseur devient source d’information lorsque, par exemple, il analyse les entretiens qui ont été enregistrés; il procède soit en exprimant le point de vue de l’expert formé à une méthode spécifique, soit en faisant part des expériences qu’il fait lors d’un jeu de rôles spontané.
d) Fonction analytique: ici encore, le superviseur adopte la position de l’expert appliquant et communicant les connaissances spécialisées dont il dispose et son expérience personnelle.
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