De la solution d'un problème a la construction d'une solution - la démarche entreprise en thérapie systémique brève axée sur la recherche d'une solution

Résumé

Le présent article décrit la manière dont la thérapie systémique brève axée sur la recherche d’une solution passe d’un modèle visant à solutionner un problème à un autre modèle, dans le cadre duquel la solution est construite. A ce niveau, la thérapie est considérée comme l’application de théories et de principes empruntés à différentes disciplines systémiques, c’est-à-dire comme la concrétisation dans le domaine de la psychologie clinique du programme de recherche en question. La thérapie systémique et l’approche qui nous intéresse sont définies en tant qu’interventions dans des systèmes humains complexes, permettant d’atténuer ou d’éliminer la souffrance. Dans le but de réaliser cette visée, toutes les variantes de la “thérapie systémique” procèdent par le biais d’une activation des ressources du client et d’une démarche tentant de renforcer son sentiment d’être responsable de lui-même. Elles lui apportent un soutien dans l’élaboration d’un projet d’objectif attrayant, valable et satisfaisant - compte tenu de son contexte existentiel spécifique.

S’inspirant de la théorie de l’auto-organisation, les auteurs conçoivent la procédure appliquée pour rechercher une solution en tant qu’établissant les conditions requises pour que des systèmes bio-psychosociaux complexes puissent générer une auto-organisation aux passages impliquant un mouvement phase-ordre ou ordre-ordre. L’application conséquente par des psychothérapeutes travaillant dans des conditions professionnelles des théories et principes systémiques fait que cette forme de thérapie a l’effet d’une “thérapie à court terme”.

L’évolution historique qui a eu lieu dans le cadre des thérapies systémiques est décrite en tant que passage d’un modèle visant à solutionner les problèmes à un autre modèle, où la solution est construite. Le premier modèle correspond aux types plus anciens de thérapie systémique (la thérapie familiale appliquant le modèle de Milan, par exemple, ainsi que les thérapies familiales structurelle et stratégique); il lie implicitement et explicitement problème et solution.
Dans ce sens, il utilise des procédures reconstructives, telles les génogrammes familiaux, les sculptures d’interaction (sculpturing), le diagnostic structurel ou l’interrogation circulaire, dans le but de mettre en évidence et d’élucider les schémas contribuant à créer et à maintenir des problèmes pour ensuite effectuer une comparaison avec l’état final visé.

Par contre, dans le modèle axé sur la construction d’une solution, visée (solution) et problème ne sont pas forcément liés. C’est pourquoi ce sont la définition de l’état visé et l’élaboration ainsi que l’accompagnement d’une démarche qui se trouvent au centre de la procédure. La solution est le résultat d’un processus créatif de construction auquel collaborent thérapeute et client. L’article décrit cette démarche en se référant à certaines de ses principales caractéristiques: les partisans d’une modèle donnante préférence à la construction d’une solution tiennent compte de l’autonomie des systèmes traités, ce qui les pousse à abandonner à la fois l’idée de modèles linéaires de type input-output, la notion de guidage et le principe des interventions linéaires et instructives menées par le thérapeute-expert. Ce dernier devient alors un expert en matière de processus et de gestion des particularités caractérisant l’être humain et les systèmes sociaux. Dans ce deuxième modèle, le thérapeute respecte et exploite la dynamique propre aux systèmes, ce qui fait que c’est le client lui-même qui définit un objectif et que le processus évolue en tenant compte de ses propres rythmes (dimension temps et changement). Le traitement se concentre sur les domaines existentiels du client qui fonctionnent et sont perçus comme positifs, ce qui contribue à améliorer le degré auquel ce dernier est motivé à changer et à rendre ses attentes plus positives en ce qui concerne la manière dont il peut influer sur lui-même.