La thérapie psychanalytique brève: un aperçu
Résumé
L’article fournit un bref aperçu de l’histoire de la thérapie psychanalytique brève, de ses origines à ses formes actuelles. On montre qu’elle se fonde sur une longue tradition, partant de Freud - qui au début avait mené quelques traitements très brefs -, en passant par Ferenczi et Rank - qui s’engagèrent pour que la psychanalyse devienne moins longue et plus efficace, et jusqu’à Alexander et French - qui élaborèrent la première vraie thérapie brève.
Pour mettre en évidence l’efficacité de ce type d’approche on présente les résultats de plusieurs recherches empiriques récentes (par ex., études dose-effet, méta-analyses, études comparatives et follow-up). Ces résultats permettent de conclure en résumé que l’efficacité des thérapies brèves ou longues ne diffère pas beaucoup et que la thérapie psychanalytique brève constitue une approche efficace. Il reste que les thérapies de longue durée s’accompagnent d’une évolution plus importante, touchant à de plus nombreux domaines, et qu’elles obtiennent de meilleurs résultats lorsque les troubles sont sérieux et les patients “difficiles”. Il semble pourtant que la thérapie brève apporte des changements durables et que pour de nombreux patients, elle représente un début et une préparation à une thérapie longue.
Il existe maintenant un grand nombre de concepts de traitement en rapport avec la psychanalyse brève; ils sont classés en fonction de leur orientation théorique. Les approches suivantes sont décrites plus en détail:
1. Approches fondées sur le modèle pulsion/structure: Malan, Davanloo et Sifneos
2. Approches fondées sur l’aspect relationnel: Muborsky et Strupp, Binder
3. Approches intégrales: Mann
4. Approches fondées sur la psychologie du soi: Ornstein et Ornstein.
Les approches des première et seconde catégories diffèrent avant tout aux niveaux du choix de priorités et de l’indication. Les praticiens qui basent leur travail sur le modèle pulsion/structure le centrent sur des conflits (pulsionnels) intrapsychiques. Ceux qui utilisent une approche de type relationnel se concentrent sur un problème interpersonnel, le concept de traitement reposant sur la relation dyadique entre thérapeute et patient. Contrairement à ceux qui soulignent l’aspect pulsion/structure - et qui sélectionnent soigneusement les patients auxquels une thérapie brève conviendra -, ils attribuent plus d’importance à la personnalité du thérapeute ainsi qu’au champ interpersonnel et intersubjectif qui se développe dans le contexte de la relation thérapeutique. Ils n’appliquent pas de critères particuliers concernant l’indication du traitement, mis à part le fait que la thérapie brève ne convient pas à des patients psychotiques.
En vue de montrer comment la thérapie psychanalytique brève est appliquée, on décrit plus en détail le modèle intégral de Mann qui associe des notions empruntées à la théorie des pulsions, à la psychologie du moi, à la théorie de la relation à l’objet et à la psychologie du soi. Un exemple de cas est présenté. Le modèle de Mann a ceci de particulier que le nombre de séances est strictement limité (à 12). Ceci lui a permis de saisir plus clairement ce que sont le processus thérapeutique et son progrès et de décrire l’importante dynamique associée à une limitation temporelle de l’ensemble du processus.
L’approche d’Ornstein et Ornstein, fondée sur la psychologie du soi, représente un développement basé sur la psychothérapie focale selon Balint. Elle a ceci de particulier qu’elle procède en fonction de processus, c’est-à-dire que - dans le cadre de la perception réciproque thérapeute/patient - ce sont la perception et le vécu du thérapeute qui déterminent ses réactions, dans le sens d’une véritable technique.
On aborde finalement la question de savoir quelles sont les caractéristiques communes à la plupart des procédures thérapeutiques brèves et quels sont les facteurs d’efficacité à attribuer à la thérapie psychanalytique brève. Les trois aspects suivants sont décrits plus en détail:
1. l’établissement rapide d’une relation thérapeute/patient
2. la manière dont le thérapeute gère la limite temporelle
3. le fait que le contenu de la thérapie se concentre sur un point ou un thème dynamique.
L’article tente de montrer que la thérapie psychanalytique brève ne constitue pas un “expédient” qui serait utilisé pour des raisons d’ordre exclusivement économique et dont on devrait accepter les limites pour être à même d’offrir à un grand nombre de patients la possibilité de faire une thérapie psychanalytique. Elle est une forme spécifique de thérapie, qui produit de bons résultats et qui du fait de la pression croissante exercée par les caisses maladie, devrait jouer un rôle plus important à l’avenir.
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