Peur d'exister ou manque d'affirmation de soi - conséquences pour la psychothérapie, tirées d'une recherche qualitative auprès de patients souffrant de la maladie de Crohn
Résumé
Les résultats d’une recherche qualitative et la prise en compte d’expériences pratiques montrent que, lors du traitement psychothérapeutique de patients souffrant de troubles psychosomatiques, il est très utile d’effectuer une évaluation différenciée du niveau de développement du moi dans le contexte d’une atteinte précoce. Il s’agit alors de distinguer entre les patients qui souffrent d’un manque de conscience d’exister et ceux qui manifestent un manque d’affirmation dé soi. Ceux qui appartiennent au premier groupe bénéficieront de facteurs thérapeutiques différents de ceux qui seront utiles aux patients faisant partie du deuxième groupe. Le présent article s’intéresse aux critères permettant un diagnostic de l’atteinte précoce de la structure du moi et aux conséquences de cette démarche pour le travail psychothérapeutique.
Les résultats de la recherche et les observations menées dans un service de médecine psychosomatique aussi bien que dans un cabinet privé révèlent que des patients souffrant du même trouble somatique se distinguent par un développement psychique différent. Certains d’entre eux on atteint le niveau de la structure névrotique, alors que d’autres en sont restés à un stade plus précoce de développement du moi.
Les patients ayant subi une atteinte précoce de la structure du moi souffrent du fait d’avoir vécu le manque et l’abandon. Leur dynamique psychique montre à quel point ils ont été atteints dans leur sentiment d’avoir droit à l’existence et dans leur perception d’eux-mêmes. En tant que psychothérapeutes, nous nous devons de saisir cette dynamique psychique dans toutes ses dimensions et d’en tenir compte aussi bien dans notre comportement thérapeutique que dans le choix de nos méthodes. La recherche a mis en évidence des différences très subtiles dans le comportement des thérapeutes, selon le type de patients. Ceux qui souffrent d’un manque de conscience d’exister ont besoin de réponses concrètes, tout en vivant l’écho empathique du thérapeute comme menaçant-, ils vont donc le dévaloriser. Par contre, les
patients souffrant d’un manque d’affirmation de soi profitent particulièrement de la ‘résonance’ du thérapeute ; elle les aide à prendre en compte leurs propres émotions et à les utiliser de manière constructive. On enregistre également des différences au niveau du choix des méthodes. Concernant les patients du premier type, priorité est accordée au soutien du moi et à des procédures visant à exploiter les ressources du client, alors que les patients du second type sont mieux à même de bénéficier d’une prise en compte de l’inconscient. Il reste que dans un cas comme dans l’autre - manque de conscience d’exister ou manque d’affirmation de soi - il est important de prendre en compte à la fois les potentiels et les risques d’un traitement psychothérapeutique encourageant soit la régression, soit la progression.
En résumé, l’article donne une vue différenciée des différents niveaux de développement atteints par la structure du moi chez des patients ayant souffert d’atteintes précoces; il présente les facteurs thérapeutiques utiles selon le cas et il dérive des connaissances acquises les aspects qui contribueront à une démarche psychothérapeutique adéquate.
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