La psychopathologie en tant que variable distinguant les hommes qui sont physiquement violents envers leurs partenaires : deux différents profils regroupés, basés sur le MMPI

Auteurs

  • Heinrich Kraus

Résumé

Bien que les hommes qui soumettent leurs partenaires à des violences physiques aient des personnalités très variables, une série d'études a montré qu'en se fondant sur des aspects descriptifs tels la psychopathologie, la gravité et l'ampleur de la violence, il est possible de distinguer trois types de coupables. Selon les termes proposés par Holzworth Munroe et Stuart (1994). on peut les appeler les délinquants familiaux (DF), les délinquants borderline (DB) et les délinquants antisociaux (DA). Alors que par rapport à de nombreuses variables interdépendantes le DF et le DA se situent aux deux pôles opposés, le délinquant borderline occupe une position intermédiaire.

11 est important de mener des observations différenciées des hommes violents dans leur environnement proche, ceci pour deux raisons : pour réussir à comprendre l'étiologie et la genèse de leur comportement d'une part, pour être à même de concevoir et de mettre en œuvre des programmes d'intervention d'autre part.

Bien que pratiquement tous les chercheurs considèrent comme adéquate la catégorisation en trois types de base, ils n'ont pas encore pu se mettre d'accord sur les termes devant les désigner, ni d'ailleurs sur les instruments de mesure à utiliser. On s'est, par exemple, servi de deux tests de personnalité différents pour évaluer la dimension pathologie. L'un de ceux-ci est le Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI / Hathaway Et MacKinley 1967) - l'un des tests les plus utilisés à un niveau global, qui inclut trois échelles de validité et dix échelles cliniques.

Haie et al. ( 1988) et Langhinrichsen-Rohling et al. (2000) s'en sont servi pour étudier les délinquants qui nous intéressent et ont obtenu trois profils différents de clusters. Par contre, en utilisant ce même test Flurnoy et Wilson (1991) ne sont parvenus qu'à deux profils. Il reste que concernant ces trois études, l'échelle de psychopathologie (échelle 4) a enregistré des valeurs parmi les plus élevées.

Dans notre étude, nous avions pour objectif de vérifier si les trois types de délinquants définis dans le contexte des pays anglosaxons existaient en Autriche.

Nous avons étudié un échantillon composé de 57 hommes ayant consulté l'équivalent de SOS-hommes a Vienne et ayant demandé à suivre un programme anti-agression pour éviter à l'avenir de se montrer violents envers leurs partenaires. Se fondant sur la loi pour la protection contre la violence dans les familles, la police avait expulsé 64% d'entre eux. Nous avons utilisé la forme abrégée du MMPI (version allemande de Gehring et Blaser, 1996) pour effectuer une sélection systématique, mais aussi en tant qu'élément de la procédure d'admission au programme. Nous
avons dû exclure de l'analyse les données collectées auprès de 11 des 57 hommes, parce qu'elles s'éloignaient trop de l'échelle de validité. En plus d'une analyse descriptive, nous avons aussi analysé les grappes. Pour l'ensemble de l'échantillon, les deux valeurs les plus élevées sont celles concernant la psychopathie et l'hypochondrie, ce qui signifie que ces hommes n'aiment pas qu'on les contrôle ou leur impose des limites et qu'ils répriment ou dissimulent leurs problèmes émotionnels. Dans des situations conflictuelles, cette combinaison de caractéristiques les conduit à réagir par l'énervement ou à se comporter de manière agressive.

Il    est frappant de constater que pour presque un tiers de l'échantillon (31.7%), deux échelles manifestent des résultats significatifs du point de vue clinique (T > 70). Les deux valeurs les plus élevées furent enregistrées sur l es échelles « comportement schizoïde» et «psychasthénie ». De nombreuses études ont montré que lorsque ces deux échelles sont chargées, cela est dû à des symptômes post-traumatiques intrusifs et à une tendance à la dissociation (en tant que réaction aux conflits).

De tous les hommes violents, 41.3% manifestaient au moins une valeur T significative dans le domaine clinique concerné.

Une analyse des clusters menée en utilisant la méthode «average linkage» nous a conduits à répartir l'ensemble de l'échantillon en deux sous-groupes. Plus de 70% des hommes étudiés ne pouvaient pas être classés dans une catégorie à dimension clinique. Ce groupe est celui des délinquants familiaux. Pour un deuxième groupe (26% de l'échantillon). les valeurs en rapport avec l'échelle schizoïde et la psychasthénie (voir plus haut) étaient élevées. Nous les considérons comme des coupables borderline.

Nous n'avons pas trouvé d'hommes avec des valeurs élevées sur l'échelle de psychopathie, c'est-à-dire que notre échantillon n'incluait pas de délinquants antisociaux. Ceci peut être expliqué du fait du genre de clients qui s'adressent au service de consultation.

Les résultats de notre étude doivent être interprétés avec prudence, puisque nous n'avons pas utilisé de groupe de contrôle et que l'échantillon était restreint. Il reste qu'il semble bien que concernant un certain nombre de délinquants, des variables individuelles pourraient expliquer les comportements violents.

Les programmes de soutien qui se fondent uniquement sur une analyse des rapports de pouvoir et de contrôle, qui sont relativement brefs et qui ne tiennent pas compte d'aspects psychodynamiques de la personnalité ne sont donc pas suffisamment utiles dans le cas de ces hommes.

Biographie de l'auteur

Heinrich Kraus

Heinrich Kraus ist Psychologe und Psychotherapeut (Analytische Psychologie). Er arbeitet seit 15 Jahren in freier Praxis, ist Mitbegründer einer Familienberatungsstelle und seit 1999 mitverantwortlich für das Gewaltinterventionsprojekt der Männerberatung Wien.Dr. Heinrich Kraus, Männerberatung Wien,Erlachgasse 95/5, A-1100 Wien

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Publiée

2003-07-01

Comment citer

Kraus, H. (2003). La psychopathologie en tant que variable distinguant les hommes qui sont physiquement violents envers leurs partenaires : deux différents profils regroupés, basés sur le MMPI. Science psychothérapeutique, 11(3), 113–120. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/423