Approche neuroscientifique de la régulation des émotions

Résumé

Après avoir longtemps été négligée par la recherche en neurobiologie et en neurologie, l'étude des émotions a reçu un intérêt croissant dans ces deux domaines depuis les 15 dernières années. Cette attention a été réveillée d'une part par les travaux effectués par LeDoux sur le conditionnement aversif chez les rats, travaux qui ont apporté une importante contribution au débat psychologique sur le rôle de la cognition dans les émotions.

D'autre part, les travaux de Damasio sur des patients souffrant de lésions frontales ont été déterminants pour l'initiation de la recherche sur les émotions dans le cerveau humain. De plus, le développement de nouvelles techniques d'imagerie médicale, telles que la résonance magnétique fonctionnelle et le tomographe à émission de positrons, a apporté de nouvelles possibilités dans l'analyse des processus cognitifs et émotionnels chez l'humain.

Le but de cet exposé est tout d'abord de présenter un aperçu des études effectuées dans le domaine de la régulation des émotions dans le cerveau humain et de les intégrer dans un cadre théorique plus général combinant psychologie et neurobiologie. Après avoir parlé des recherches concernant la régulation normale des émotions, des études seront présentées qui ont été effectuées chez des patients souffrant d'un dysfonctionnement à ce niveau, comme les patients dépressifs, anxieux ou présentant un trouble de la personnalité borderline. Les résultats obtenus sur cette dernière catégorie de patients permettra également de faire le lien avec les modèles utilisés dans les approches psychothérapeutiques de cette maladie. Finalement, les quelques rares études concernant les effets de la psychothérapie sur l'activation cérébrale seront exposées. Un autre but de cette conférence est de permettre une réflexion sur l'importance des recherches portant sur l'activation cérébrale pour la psychothérapie et sur les limitations liées à ce type de recherches.

En conclusion de cet exposé, on peut dire qu'il est difficile de trouver des applications immédiates pour la psychothérapie sur la base des résultats obtenus jusqu'à maintenant par l'imagerie médicale. Cela est dû entre autres au clivage entre les données comportementales et les données neurobiologiques obtenues par ces études. La recherche en neurosciences, particulièrement en neurosciences cognitives, reste cependant d'un grand intérêt pour les applications cliniques. En effet, les résultats d'une nouvelle étude ont pu par exemple montrer que la psychothérapie avait un effet similaire à ceux d'un traitement psychopharmacologique au niveau du métabolisme cérébral.