Les ombres de la prévention des agressions et de la violence dans les écoles: Un projet de théâtre mené avec des enfants dans le cadre d’une école primaire

Auteurs

  • Renata Jenny

Résumé

Dans cet article, je tente d'analyser de manière plus différenciée l'agression et la violence dans les écoles pour définir des modes de prévention moins dogmatiques et unilatéraux que ceux qui sont utilisés dans certaines approches.

J'utilise une description des phénomènes de classes et de système pour montrer que c'est seulement en combinant des théories issues de la psychologie individuelle, de la théorie des systèmes et de la psychologie sociale qu'on peut aborder de manière utile la prévention de la violence et les interventions y liées. L'accès à ces phénomènes doit se faire sur la base de leur compréhension, mais aussi en s'y affrontant activement.

Il est souvent très difficile de présenter des réflexions personnelles en rapport avec ce thème et avec l'expérience directe de démarches entreprises dans le cadre de la prévention. On constate que toutes les personnes concernées manifestent de nombreuses tendances à nier et à dissocier les phénomènes. Quelle peut donc être notre motivation à mener cette réflexion et à aller plus loin, c'est-à-dire à quitter le niveau purement intellectuel pour éviter que la démarche n'ait pas de conséquences pour les personnes concernées?

J'ai tenté de répondre à ces questions en mettant en chantier un projet de théâtre destiné à des écoliers manifestant des comportements difficiles. La préparation du projet a duré six mois.

J'ai ensuite recruté dans différentes classes d'une école primaire vingt-quatre « enfants difficiles » âgés de huit à douze ans, disposés à participer à un projet pilote d'un an visant à prévenir les agressions et la violence. Selon mon concept, le projet aurait dû être poursuivi au-delà de cette période.

Au début, les enseignants manifestèrent beaucoup d'enthousiasme et se déclarèrent prêts à collaborer. Mais le projet fut interrompu au bout d'un an. Les enseignants avaient des attentes très contradictoires à mon égard : pour certains d'entre eux, ma fonction (dangereuse) était d'observer et de conseiller, alors que d'autres pensaient que je les déchargerais d'une partie de leur travail. Les problèmes qui existaient dans la plupart des classes furent très souvent bagatellisés (bien que l'équipe des enseignants ait constamment demandé de l'aide) ; ou alors la responsabilité des problèmes fut attribuée à des « collègues incapables » ou même aux parents. Ces enseignants réussirent ainsi à nier leurs propres problèmes et leur sentiment d'impuissance - ce faisant ils ont malheureusement occulté le sentiment d'impuissance et le besoin de soutien des enfants.

A un autre niveau, certaines difficultés peuvent être attribuées au fait qu'une partie des enfants n'étaient pas à même de participer à un processus créatif de groupe, qui leur aurait apporté des éléments de guérison : il s'est avéré que leurs structures psychiques étaient trop instables et même fragmentées.

Biographie de l'auteur

Renata Jenny

Renata Jenny, dipl. analyt. Psychologin und Psychotherapeutin für Kinder, Jugendliche und Erwachsene, ausgebildet im C. G.-Jung-Institut, Zürich. Eigene Praxistätigkeit in Bern und in Zürich, Theaterarbeit zum Thema Aggression und Gewalt in psychiatrischen Kliniken (Münsingen, Waldau), Heimen und Schulen.

Korrespondenz: Renata Jenny, Wylerstrasse 34, 3014 Bern, Schweiz

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Publiée

2004-10-01

Comment citer

Jenny, R. (2004). Les ombres de la prévention des agressions et de la violence dans les écoles: Un projet de théâtre mené avec des enfants dans le cadre d’une école primaire. Science psychothérapeutique, (4), 225–232. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/384