Dans quelle mesure la position sociométrique dans le groupe thérapeutique influence-t-elle l’évaluation subjective du patient ?

Auteurs

  • Christian Pajek

Résumé

Dans le cadre d'un modèle du service de psychothérapie stationnaire à courte durée d'un hôpital psychiatrique (Hall, Tyrol), les patients sont soumis à un programme thérapeutique de huit semaines qui comprend, outre la thérapie psychodramatique de groupe, plusieurs programmes thérapeutiques supplémentaires.

Cela signifie que le processus sociodynamique est suivi au-delà de la simple thérapie de groupe grâce à la pratique des autres formes de thérapie offertes au quotidien dans ce service. D'un point de vue thérapeutique, une question se pose sans arrêt : à savoir si certaines formes de comportement et les rôles liés à celles-ci ont des conséquences pour chacun(e) des patients (patientes) et, par conséquent, influent sur les résultats de la thérapie. Partant des résultats de la sociométrie et de la dynamique de rang acquis jusqu'à maintenant, on pourrait tout à fait supposer que certains rôles dans le groupe comme le « leadership » ou bien la propension à un suivisme discret ou bien encore un comportement de retrait évident pourraient avoir des conséquences sur l'expérience personnelle de chacun. Dans la mesure où les patients (N = 114) procèdent pratiquement simultanément vers la fin de leur séjour à des votes sociométriques ainsi qu'à des évaluations de leur traitement, il semble utile d'examiner à quel degré il y a un rapport entre la position sociométrique quantitative et l'évaluation subjective du succès du traitement.

La position sociométrique a été établie en pourcentage des votes obtenus; pour ce qui est de l'évaluation subjective on a eu recours à la norme de Froese (établie par Hess 1996). Une première comparaison a été effectuée par le biais d'une analyse statistique de régression linéaire, en mettant en rapport des tranches de 5% de la population étudiée et le succès du traitement. On a ainsi pu prouver qu'il y a une relation significative : plus élevé est le nombre de votes obtenus, c'est-à-dire plus le statut quantitatif est élevé , meilleure sera l'évaluation concernant les résultats du traitement ; vice-versa : plus le taux sociométrique sera bas, moins l'évaluation des résultats du traitement sera bonne. Ainsi les résultats concordent avec une thèse centrale de Moreno (1996, p. 370) concernant le statut sociométrique: une plus grande latitude d'action liée à une position sociométrique plus élevée est apparemment ressentie comme offrant une plus grande marge d'action. Considérant l'optique de la dynamique de rang, on peut constater en outre la proximité d'une grande indépendance et des « positions alpha ». De même les marges d'action à peine existantes - où seulement peu élevées - sont perçues comme négatives et, de plus, les projections négatives jouent probablement un rôle dans un sens « dynamique oméga ».

L'évaluation des résultats (non standardisés) effectuée par l'équipe de thérapeutes a fourni quelques compléments qui relativisent ces résultats. Du point de vue de l'équipe des thérapeutes, le groupe de personnes à statut sociométrique élevé correspondrait souvent à des dynamiques problématiques (par exemple des personnalités narcissiques ou histrioniques). A l'encontre de ce phénomène, on a pu constater des succès très nets avec des patients de statut sociométrique bas, ceci très souvent du fait qu'ils ont pris conscience des difficultés et des limites. Sur le plan thérapeutique des expériences particulièrement positives ont pu être faites au sein de groupes où il fut possible de mettre en évidence le fait qu'un type de comportement correspondait à un certain nombre de votes et où il fut possible d'en parler.

La mesure dans laquelle le groupe entier réussit à considérer ses différences inhérentes et saisit les tensions qui en résultent comme un défi à la communication au lieu de s'y résigner semble donc jouer un rôle décisif. Par conséquent, il semble être plus important qu'on l'avait supposé jusqu'alors de maintenir un équilibre créatif dans l'écart entre les divers niveaux sociométriques à l'intérieur des groupes thérapeutiques et de thématiser les chances et les dangers accompagnant chacun des rôles. A défaut de quoi, les membres du groupe à position sociométrique relativement basse risquent de tomber dans un cercle vicieux dans lequel ils réitèrent cette forme « d'hyperactivité» et ceux qui ont une position sociométrique moyenne tendent alors à persévérer dans un comportement passif.

Biographie de l'auteur

Christian Pajek

Christian Pajek, Dr. phil., Psychotherapeut, Klinischer und Gesundheitspsychologe, Lehrbeauftragter der Fachsektion Psychodrama im ÖAGG, Therapeutische Leitung der Fachstation für stationäre Psychotherapie im PKH Hall, Psychotherapeut und Supervisor in freier Praxis.

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Publiée

2005-01-01

Comment citer

Pajek, C. (2005). Dans quelle mesure la position sociométrique dans le groupe thérapeutique influence-t-elle l’évaluation subjective du patient ?. Science psychothérapeutique, (1), 3–11. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/374