La sémiotique en psychanalyse, en psychothérapie et en neurologie - signification et opportunité
Résumé
La théorie des signes - ou pour employer un terme plus moderne, la sémiotique - a joué pendant des siècles un rôle de pointe en médecine. Depuis à peu près la seconde moitié du XIXe siècle, les médecins l’ont toutefois remplacée par un modèle cause-effet scientifique, incluant des aspects physiques et des aspects chimiques ; en psychologie, elle a été progressivement éliminée au profit d’une pensée causale influencée par la neurobiologie.
L’abandon de la sémiotique a finalement abouti à l’actuel dualisme corps-âme dans le contexte duquel existe une médecine destinée à des corps sans âmes et une psychologie traitant des psychismes désincarnés.
L’inclusion de la sémiotique permet d’introduire une « biologie du sujet » qui comprend en son centre la relation entre l’organisme et son environnement, ainsi que la longue histoire de la survie individuelle en tant qu’unité. Nous présentons trois exemples mettant en évidence l’importance de l’élaboration d’une relation fondée sur des bases sémioti-ques pour les clients concernés.
Une interprétation se référant à la sémiotique montre que l’histoire du sujet repose sur des associations de significations entre différents niveaux d’intégration ; elle relève donc autant du cerveau que de l’évolution du corps. Dans ce sens, la sémiotique a une certaine pertinence pour la psychanalyse.
Des expériences traumatiques, un environnement délétère vécu comme abusant et d’autres événements biographiques peuvent interrompre ou bloquer le constant échange de signes entre les différents niveaux d’intégration ; l’échange de significations entre ces derniers est alors coupé.
En termes sémiotiques, le succès d’un traitement psychothérapeutique se mesure aux associations de significations qui sont établies ; ceci implique également que, dans ce cadre, les régressions ne soient pas simplement acceptées, mais également gérées de manière constructive.
Last but not least, l’établissement sémiotique d’une relation permet à la neurologie d’introduire le sujet et tout son vécu dans le traitement. Les expériences faites par les auteurs avec une « intégration basée sur la relation » de toutes les mesures faisant partie du traitement de patients souffrant de troubles neurologiques chroniques (Sauer et Emmerich 2007) montrent que - contrairement à ce qui s’est passé pour un groupe de patients n’ayant pas bénéficié du même traitement -
> les symptômes dus à la maladie se sont manifestés pendant moins longtemps
> le traitement peut se faire en ambulatoire, même lorsque le patient est en état de crise existentielle (comme après un état de coma éveillé), et ses résultats sont bien meilleurs concernant la stabilisation du cycle sommeil-veille et de la prise de conscience
> à chaque fois l’ensemble du système familial a pu être stabilisé
> l’équipe de traitement est plus motivée et ses membres n’ont pas souffert d’un syndrome de burnout
> les prises de médicaments ont pu être réduites ou même abandonnées et
> les coûts de la réhabilitation ont diminué au moins de moitié.
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