L’utilité de la psychothérapie fondée sur l’analyse existentielle : une étude de son efficacité
Résumé
Nous présentons dans cet article une étude effectuée par la Société internationale de logothérapie et d'analyse existentielle de Vienne (Internationale Gesellschaft für Logotherapie und Existenzanalyse Wien) pour démontrer l'utilité de ce type de psychothérapie en setting individuel ambulatoire. Le travail a été fait entre 1993 et 2004 et, à ce jour, près de 250 patients (dont 71 % de femmes) y ont été inclus. Chaque thérapeute participant à l'étude y a contribué l'ensemble de ses données. La durée du traitement a été en moyenne de 28 séances, avec d'importantes différences entre cas (de 3 à 106 séances).Le protocole utilisé fut celui d'une étude d'efficacité prospective, y compris plusieurs points de mesure des données. Le choix des instruments se fit en fonction des variables pertinentes du point de vue de l'analyse existentielle, combinés avec des procédures déjà standardisées pour d'autres orientations. Au début de la thérapie puis toutes les dix séances, on a mesuré l'existentialité et la personnalité des clients en utilisant une échelle spécifique (Existenzskala, ESk), ainsi que leur état personnel (avec une liste de symptômes tenant compte d'une évolution, développée à Kiel, la KASSL). Pour chacun de ces moments (à l'exception du début de la thérapie) on a aussi collecté des données rétrospectives sur le déroulement du traitement, en utilisant un questionnaire (Veran-derungsfragebogen zum Erleben und Verhalten, VEV). De plus, à partir de la deuxième séance on a collecté des données concernant l'évolution depuis le dernier rendez-vous en utilisant une procédure spécialement élaborée.
La comparaison entre les données collectées au début et à la fin de la thérapie mettent en évidence des effets très significatifs du traitement sur toutes les échelles et sous-échelles prises en compte. Des valeurs moyennes concernant l'importance de ces effets ont été utilisées pour évaluer l'efficacité du traitement. Les changements les plus nets entre le début et la fin de la thérapie sont enregistrés au niveau des symptômes : globalement les patients en souffrent moins et une amélioration se trouve en particulier par rapport aux «troubles de l'humeur». On enregistre également des améliorations très importantes au niveau de facteurs existentiels (existentialité) et tout particulièrement dans le domaine de la liberté. On sait qu'il s'agit là des domaines que, dans le cas de troubles névrotiques, la psychothérapie contribue le mieux à améliorer.
Les effets à moyen terme de la psychothérapie (enregistrés toutes les dix séances) correspondent à un schéma similaire dans les domaines de l'existentialité, de la personnalité et du ressenti des patients. L'amélioration obtenue par l'affaiblissement des symptômes est plus importante que ne l'est celle des variables mesurées sur l'échelle existentielle. Les évaluations rétrospectives menées avec le VEV n'expriment pas d'effets de monotonie, ce qui peut permettre de supposer que cette forme de mesure n'est pas très fiable puisqu'elle dépend de l'humeur du moment.
Par rapport aux variables socio-démographiques, nous avons constaté dans notre étude que ni le sexe, ni l'éducation et l'état civil des patients, ni l'identité du psychothérapeute n'ont d'influence statistiquement pertinente sur les effets. Pourtant, l'âge, le lieu de résidence et jusqu'à un certain point la profession des clients influent sur la réussite de la thérapie : les effets les plus positifs sont enregistrés chez des personnes de moins de 20 ou de plus de 50 ans ; les habitants de zones rurales retirent des bénéfices plus importants de la thérapie que ne le font les citadins ; les femmes au foyer sont les clients pour lesquels les plus importantes améliorations sont obtenues dans le domaine des « troubles des relations sociales».
Le diagnostic joue un rôle important par rapport au résultat de la thérapie. Chez les personnes souffrant de dépression d'origine névrotique ou de troubles avec conversion, c'est l'échelle existentielle qui évolue le plus positivement; chez celles qui souffrent d'un trouble de la personnalité, ce sont les symptômes qui s'améliorent le plus. Les clients qui interrompent la thérapie sont avant tout ceux auxquels celle-ci a apporté une nette amélioration au niveau de leurs difficultés professionnelles.
Finalement, nous avons réussi à montrer que ni le nombre ni la répartition de phases positives dans la thérapie (sur dix séances) ne jouent de rôle du point de vue du succès global du traitement par l'analyse existentielle.
Dans l'ensemble, les résultats enregistrés montrent que les psychothérapies de ce type offertes par des thérapeutes indépendants ont indubitablement des effets positifs.
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Publiée
2005-04-01
Comment citer
Längle, A., Görtz, A., Probst, C., Probst, M., Lopatka, C., Kubin, M., & Steinert, K. (2005). L’utilité de la psychothérapie fondée sur l’analyse existentielle : une étude de son efficacité. Science psychothérapeutique, (2), 54–60. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/367
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