Histoire de cas et abus: remarques psychanalytiques
Résumé
L'article est consacré à la question de savoir si une publication scientifique sur un cas de traitement psychothérapeutique est compatible avec le devoir de diligence du thérapeute.Dans le cadre d'une perspective psychanalytique, il s'agit avant tout de cerner les différences entre un dialogue face à face - qui offre au patient une large protection et discrétion - et un texte publié. Ce dernier est potentiellement accessible à tous, donc également aux personnes sur lesquelles des ressentis antagonistes sont projetés. De plus, la personne dont il est question perd subjectivement tout contrôle sur le récit de sa propre biographie et la formulation de détails délicats. Même si son nom n'est pas mentionné et que des données biographiques sont volontairement déformées, il peut arriver qu'elle développe de puissants fantasmes et craigne d'avoir perdu le contrôle de sa propre vie. Le thérapeute dont elle croyait vraiment qu'il ne « ferait » rien de ce qu'elle lui a raconté sans la consulter d'abord l'a trahie et il a abusé de sa confiance. On sait que ce sont surtout les patients ayant subi une blessure dans la petite enfance qui tendent à vivre cette perte de contrôle de manière très intense. Le thérapeute a un moi mieux structuré et il est sûr de pouvoir demeurer scientifiquement neutre ; il croit aussi avoir tout fait pour protéger l'identité de son patient. Il a donc de la peine à comprendre pourquoi celui-ci est blessé. D'importants conflits sont donc programmés lorsque la thérapie est encore en cours ; si elle est terminée, il peut arriver que la publication fasse perdre au patient une partie de son idéalisation et du soutien que celle-ci lui donnait.
L'auteur souligne toutefois qu'il ne faut pas être injuste envers les victimes de violence et d'abus sexuels en établissant une analogie naïve entre abus physique et abus de données. Il lui semble qu'il est possible de publier des données concernant un cas si l'on demande préalablement son accord au patient et répond avec tact et suffisamment tôt à ses questions à ce sujet ; il reste que les réactions de la personne sont difficilement prévisibles et qu'en cas de doute, les intérêts du patient doivent être considérés comme plus importants que l'intérêt que peut avoir le thérapeute à publier un article scientifique.
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Publiée
2005-07-01
Comment citer
Schmidbauer, W. (2005). Histoire de cas et abus: remarques psychanalytiques. Science psychothérapeutique, (3), 105–108. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/357
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