La psychothérapie au 3e âge : Résumé du débat public

Auteurs

  • Renata Jenny

Résumé

On trouvera ci-dessous un résumé du débat public ayant eu lieu lors de la manifestation de perfectionnement « la psychothérapie au 3e âge». Celui-ci était animé par madame Cornelia Kazis (Radio DRS 1+2) et les intervenants suivants y ont participé : prof. H. Radebold, prof. E. Olbrich, M. Portner, dr.

U. Schreiter, E. Schlumpf, dr. Y. Traber. L'atmosphère de la discussion et les interventions animées du public ont été un bon reflet de ce qui a caractérisé ce congrès : vitalité, ouverture, contacts personnels, touchants et intéressants.

Les participants au débat se sont montrés impressionnés par l'intérêt du public et par l'intensité qui a caractérisé la discussion du thème. Il a été dit plusieurs fois que la contribution d'Ingrid Riedel, montrant la créativité et même la vitalité de personnes très âgées, avait touché de nombreuses personnes et leur avait donné courage et joie. La question avait été posée de savoir s'il est possible de travailler de manière thérapeutique avec des personnes ayant perdu l'usage du langage. Il s'est avéré que des méthodes de traitement utilisant la créativité -comme la thérapie par l'art - ouvrent des possibilités d'aller au-delà de la psychothérapie classique et qu'elles ont des effets absolument positifs sur le bien-être des patients.

L'importance d'une approche interdisciplinaire combinant psychologie et médecine a été soulignée. En plus d'associer psychologie et médecine (gériatrique), il faut aussi s'intéresser aux processus inconscients constituant les aspects spirituels et porteurs de sens d'une psychothérapie. Dans l'ensemble, la rencontre a reflété le fait qu'on s'intéresse beaucoup plus à des modèles permettant aux aînés d'exploiter leurs ressources qu'à des approches centrées sur les aspects pathogènes.

Madame C. Kazis avait demandé s'il existe des thèmes ouverts ou trop peu abordés et cela a provoqué une discussion sur les images directrices concernant le traitement des personnes âgées dans différentes perspectives. Le professeur H. Radebold présenta quelques réflexions sur les modèles et théories du vieillissement élaborés par des spécialistes et des scientifiques. Selon lui, ils sont probablement inutilisables car ils datent d'une autre époque sociétale. Il reste qu'il est important que nous - justement - rendions les gens conscients des modèles existants, qu'ils soient valides ou non, et de leurs domaines d'application.

Madame E. Schlumpf adopta une autre position. Elle se demande quelles sont les possibilités d'établir des relations avec la génération des petits-enfants. Il faut prendre en compte les difficultés issues de l'évolution très rapide des valeurs. Celles qui ont été adoptées par les grands-parents doivent être réévaluées avec celles des jeunes. Quelles sont les valeurs qui comptent encore et qui sont promues dans les médias compte tenu de l'illusion que tout est possible et qu'il s'agit avant tout de consommer?

Pour madame M. Portner, il est inévitable que, durant le processus de vieillissement, on ne comprenne pas les valeurs nouvelles et qu'on ne puisse pas en faire grand-chose. Le monde évolue constamment et il n'est plus possible de participer à tout, même si l'on demeure présent.

On a peu parlé durant le congrès des sentiments de peur et de colère provoqués par le vieillissement. Il faut se demander si les participants n'ont pas adopté une stratégie d'évitement par rapport à ces émotions. Or, où trouvent-ils leur place dans notre société et quels sont les affects autour desquels ils sont articulés, acceptés et éventuellement gérés lorsqu'ils se posent en obstacle à la vitalité? Où les personnes âgées ont-elles le droit d'être en colère, d'être tristes ou de se réjouir?

Les questions associées aux formes d'habitat à offrir aux personnes âgées ont donné lieu à une controverse. Ceci montre bien à quel point ce thème est explosif. Le professeur E. Olbrich a, par exemple, mentionné un médecin américain qui exige que les résidences pour personnes âgées et les EMS soient conçues de manière telle que les résidents ne soient pas entourés d'objets morts - d'appareils médicaux - mais d'êtres vivants, d'animaux, d'enfants et de plantes etc. Dans la mesure où les contacts sont extrêmement importants, il faudrait aussi installer de grandes tables dans les salles à manger et les restaurants. Il ne faut plus qu'une personne soit assise toute seule dans son coin. Les employés et leurs enfants mangeraient bien évidemment à ces mêmes tables.

En contraste avec cette idée d'une communauté, madame M. Portner objecta que les personnes âgées n'aiment pas toutes forcément les jardins, les enfants, les tables communes ou les animaux. Pour elle, il est essentiel que l'on trouve des formes correspondant aux modes individuels de vie des aînés. Elle demande donc que les résidents des institutions pour personnes âgées puissent organiser librement leur quotidien. Qu'ils puissent, par exemple, manger quand ils ont faim et dormir quand ils sont fatigués.

Le professeur U. Kalbermatten adopte une position différente. Pour lui la question des formes d'habitat offertes aux personnes âgées n'est pas la plus centrale. Il faut se centrer sur la satisfaction dérivée des rapports sociaux et se demander comment les relations avec d'autres personnes peuvent être structurées. Quelles sont les possibilités qui existent d'établir des contacts significatifs et de les entretenir? Il faut encourager les aînés à demeurer mobiles, organiser et promouvoir des services de transport. Même une situation financière optimale ne peut leur apporter autant d'enrichissement et de satisfaction que le maintien de contacts humains.

Les participants au débat ont également traité de la question du rapport possible entre santé psychique au 3e âge et idées d'un dieu ou appartenance à une religion. Les réponses suivantes ont été données.

C'est l'expérience concrète d'une communauté vivante d'êtres humains entretenant une interaction sociale qui permet de mieux supporter les difficultés et les pertes amenées par le vieillissement. Si l'image de Dieu représente une divinité qui contrôle et punit ou une instance vers laquelle on se tourne pour se plaindre, elle ne va que peu promouvoir la santé. Par contre, une divinité qui se concrétise dans l'Autre, dans l'interaction avec les autres, peut beaucoup donner aux personnes âgées. Une croyance vécue en un Dieu peut être tout aussi enrichissante que des rencontres avec des animaux, des enfants ou la nature. L'une des tâches dont les psychothérapeutes devraient s'acquitter est d'aider leurs clients à découvrir ce genre de ressources et à les utiliser.

Biographie de l'auteur

Renata Jenny

Renata Jenny, Psychotherapeutin für Erwachsene, Kinder und Jugendliche,

Diplom C. G. Jung Institut Zürich. Eigene Praxis in Bern und Zürich. Mitglied der Fortbildungskommission der Schweizer Charta für Psychotherapie und Mitarbeit in der Organisation des Kongresses „Psychotherapie im Alter“.

Korrespondenz: R. Jenny, Wylerstrasse 34, 3014 Bern, Schweiz

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Publiée

2006-01-01

Comment citer

Jenny, R. (2006). La psychothérapie au 3e âge : Résumé du débat public. Science psychothérapeutique, (1), 23–26. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/338