Aide psychosociale et travail de deuil en tant que contribution à la paix et à la réconciliation – l’exemple de l’Afghanistan

Résumé

On présente dans cet article une réflexion sur les expériences acquises durant trois ans de travail psychosocial et psychologique à Kaboul. La souffrance individuelle, un ancrage collectif dans une société traditionnelle, ainsi que les ruptures subies par les Afghans au niveau de leur identité culturelle et sociale en cette période (d'après)-guerre - tous ces facteurs étant accompagnés d'une augmentation de la violence dans la sphère privée et publique - sont champs de tension qui montrent clairement que pour réussir, une démarche de paix et de conciliation doit commencer au niveau individuel et qu'un soutien psychosocial peut apporter une contribution essentielle à ce niveau.

Au cours des deux dernières années, 32 conseillers psychosociaux ont été formés à Kaboul. L'équipe offre actuellement jusqu'à 1600 consultations par mois. Elle a enregistré une nette corrélation entre les symptômes à long terme issus de traumatismes anciens et les conflits ainsi que la violence trouvés dans le cadre familial. Il s'est également avéré qu'un soutien psychosocial peut être utile à ce niveau et qu'il permet d'éviter en partie de nouvelles souffrances.

Nous traitons également de la question de savoir jusqu'à quel point notre psychologie individualiste, développée dans une société occidentale, peut être utilisée lorsqu'il s'agit de personnes vivant dans une société collective comme la société afghane. Le critère prioritaire doit être que l'approche se fasse dans un cadre sensible à la culture, tenant compte des conditions sociétales et individuelles, tout en se centrant sur l'individu, avec son vécu personnel, et en jouant le rôle de témoin de ses expériences et de sa souffrance.