Abus structurel de la psychothérapie du fait d’une offre insuffisante

Auteurs

  • Ulrich Sollmann

Résumé

Des études scientifiques montrent qu'en Allemagne, l'offre de psychothérapie est très mauvaise à trois niveaux. On peut tout à fait parler aujourd'hui d'une psychothérapie à trois vitesses. Les travaux scientifiques ont produit les résultats suivants :

•    Les patients n'ayant que la « sécurité sociale » (l'assurance obligatoire) attendent plus longtemps une place de thérapie que les patients disposant d'une assurance privée. En règle générale les premiers doivent attendre 2,5 mois pour un premier entretien, alors que les seconds peuvent se rendre à un premier rendez-vous au bout de 1,3 mois.

•    La thérapie offerte aux patients n'ayant que l'assurance obligatoire dure moins longtemps que celle fournie à ceux qui ont une assurance privée. Alors que ces derniers ne représentent qu'un cinquième de tous les patients, le 60% des thérapies et des psychanalyses s'adresse à eux.

•    De plus, les patients souffrant de troubles psychiques importants ou de problèmes sociaux sont encore plus défavorisés puisqu'ils ont de la peine à trouver une place de thérapie.

Les représentants des médecins nient l'existence de cette situation. Les divergences entre les effets positifs concrets obtenus en et par la psychothérapie d'une part et les prises de positions publiques des médecins à ce sujet montrent que l'offre de psychothérapie dans le domaine de la santé et les restructurations requises à ce niveau sont en fait plus un produit de décisions politiques qu'elles ne correspondent de manière adéquate aux besoins. Une étude met même en évidence un aspect extrême : dans les régions que les groupements nationaux de médecins travaillant pour les assureurs qualifient comme « disposant d'une offre trop élevée », 54 % des personnes recherchant une place de thérapie ne peuvent pas suivre de traitement.

La Chambre fédérale des psychothérapeutes (la Bundespsychotherapeutenkammer) confirme les résultats acquis par les chercheurs et souligne que la situation est encore plus dramatique en ce qui concerne les psychothérapies pour enfants et adolescents. Ceci est tout particulièrement le cas dans les districts comptant une nombreuse population d'enfants et dans les zones touchées par d'importants problèmes sociaux. Les places de thérapie libres y sont rares et, de plus, une sélection sociale se fait dans le sens où certains troubles pour lesquels le pronostic est peu favorable sont « mis à part » lorsqu'il s'agit d'un éventuel traitement.

L'attitude des médecins (c'est-à-dire plus précisément de la Kassenärztliche Bundesvereinigung mentionnée plus haut) doit donc être interprétée comme une volonté consciente de tolérer le fait que l'offre est insuffisante tout en trompant les patients sur l'état concret de cette dernière. À mon avis, ceci revient vraiment à abuser de la psychothérapie sur des bases structurelles en maintenant l'insuffisance de l'offre.

Biographie de l'auteur

Ulrich Sollmann

Dipl. rer. soc. Ulrich Sollmann, Praxis für Körperpsychotherapie und Bioenergetische Analyse in Bochum; Berater und Coach, Vorstandstätigkeit in psychotherapeutischen Berufsverbänden und Publizist.

Korrespondenz: Höfestraße 87,
44801 Bochum, Deutschland

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Publiée

2007-01-01

Comment citer

Sollmann, U. (2007). Abus structurel de la psychothérapie du fait d’une offre insuffisante. Science psychothérapeutique, (1), 39–42. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/138