« Dépendance in absentia » : un trouble paradoxal de la perception de soi ?

Auteurs

  • Karin Pinter

Résumé

On trouve le symptôme de la dépendance psychique sous des formes très variables dans le contexte de la pratique psychothérapeutique. Son origine se situe dans une perturbation précoce de la manière dont le nourrisson perçoit ses ressentis essentiels et, en particulier, de la manière dont il suppute leurs causes. Cette étape du développement se fait normalement dès le troisième mois et, si elle se passe bien, elle fournit à l'enfant l'une des compétences élémentaires qui lui permettront de parvenir à l'intersubjectivité. Lorsque les impulsions du nouveau-né ne provoquent pas de réactions adéquates de la part des personnes qui s'occupent de lui, il se sent impuissant, comme « vide » et il a, à la base, l'impression de ne pas pouvoir agir sur le monde qui l'entoure.

Dans le travail thérapeutique, la thérapeute va répondre au sentiment de dépendance (et même d'impuissance envers le processus) en rendant la cliente plus consciente du fait qu'elle a tout à fait la capacité d'intervenir activement. Fait également partie de la démarche, un sentiment renforcé d'être l'actrice de ses propres actes. Ceci aura des effets sur la manière dont la cliente évalue sa propre force et ses propres compétences - et donc les effets qu'elle peut avoir sur d'autres.

Il est possible, dans le cadre de la thérapie, soit de parler de, soit d'interpréter le sentiment en question ; mais cela ne suffit pas. Il faut que la thérapeute s'engage plus fortement en étant prête à se laisser impliquer à un niveau plus émotionnel.

Un cas - celui de la cliente A - est brièvement présenté ; l'auteur y décrit comment cette cliente est envahie par la panique lorsqu'elle a des nouvelles de son « grand frère »», un alcoolique. Ce sentiment subjectif d'impuissance est diamétralement opposé à ce que perçoit son environnement, puisqu'elle y a est vue comme dure et pleine d'entregent. Par ailleurs, le sentiment de ne pouvoir s'opposer au frère ne correspond pas au fait qu'elle a une réelle distance par rapport à lui dans tous les domaines de l'existence. Au cours d'une thérapie d'une durée de deux ans, la cliente parvient à acquérir une nette distance émotionnelle et un certain calme envers le frère. Il semble qu'en un premier temps, l'objectif de la thérapie ait été atteint. Par contre, elle arrête la thérapie juste au moment où s'éveille en elle le besoin d'une relation avec une personne sur laquelle elle puisse s'appuyer au lieu de devoir en prendre soin - comme elle l'a fait par le passé. Ceci nous fournit l'occasion de parler brièvement du concept d'autonomie (envers la thérapeute également) et de mener une réflexion à ce sujet avant d'arrêter définitivement le travail.

Biographie de l'auteur

Karin Pinter

Mag. phil. Karin Pinter, Psychoanalytikerin in freier Praxis in Wien, Mitglied des Wiener Kreises für Psychoanalyse und Selbstpsychologie, Studium der Ethnologie und Politikwissenschaft, psychotherapeutische Tätigkeit in einem jüdischen Altersheim (Maimonides Zentrum) sowie im psychiatrischen Krankenhaus Baumgartner Höhe in Wien. Zahlreiche Publikationen.

Korrespondenz: Röntgengasse 7,
1170 Wien, Österreich

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Publiée

2007-04-01

Comment citer

Pinter, K. (2007). « Dépendance in absentia » : un trouble paradoxal de la perception de soi ?. Science psychothérapeutique, (2), 58–62. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/123