La violence exercée ou vécue dans l’enfance dans l’environnement familial d’hommes souffrant d’untrouble borderline : la validation externe d’un cluster MMPI 1 chez les coupables

Auteurs

  • Heinrich Kraus

Résumé

Le rapport entre un vécu de violence dans l'enfance et l'établissement d'un trouble de type borderline (personnalité limite, BPS) a été bien démontré dans de nombreux travaux. Les hommes qui souffrent de ce genre de troubles risquent d'autre part plus souvent de devenir violents dans le cadre de leurs relations personnelles. Dans la classification typologique des individus qui exercent la violence dans leurs relations, les hommes souffrant d'un BSP forment l'un de trois sous-groupes même si les différents auteurs définissent cette catégorie de manière variable. C'est sans doute Dutton (1998) qui a le plus étudié ce groupe. Il utilise le terme de « abusive personality » et leur attribue les caractéristiques suivantes : un niveau chroniquement élevé de colère, des résultats élevés dans les tests permettant de saisir des symptômes de traumatisme et une organisation borderline de la personnalité ; ces individus tendent en outre à craindre de se lier à d'autres, à utiliser la violence de manière impulsive et leur souvenir de l'éducation donnée par leur père est associé à la froideur, à la violence et à la honte.

Contrairement à Hutton, qui a utilisé toute une série de variables pour identifier ce groupe typologique, je pense qu'il est possible de classifier les hommes violents dans leurs relations intimes en examinant simplement les caractéristiques de leur personnalité. J'ai utilisé le Minnesota Multiphasic Personality Inventory (MMPI) sous sa forme allemande abrégée (Gehring et Blaser 1993) pour étudier 56 hommes vivant en Autriche ; sur cette base, j'ai pu identifier un sous-groupe comprenant des hommes que je qualifie de coupables borderline (BT). Le but de la présente étude était la validation externe du groupe des BT appartenant à un échantillon élargi (n = 82) en utilisant des variables qui n'avaient pas été appliquées pour identifier le groupe. Ces variables étaient : présence de colère dans la personnalité, exercice de différentes formes de violence psychique et physique et les souvenirs concernant l'éducation reçue des parents. Les instruments de mesure suivants ont été utilisés : le MMPI selon Gehring et Blaser (1993), la Severity of Violence against Women Scale (SVAWS) de Marshall (1992), le Psychological Maltreatment of Women Inventory (PMWI) de Tolman (1989), le State-Trait Anger Expression Inventory (STAXI) selon Schwenkmezger etal. (1992), ainsi que le questionnaire sur les souvenirs en rapport avec l'éducation reçue des parents (Fragebogen zum erinnerten elterlichen Erziehungsverhalten, FEE) de Schumacher etal. (2000).

Tous les questionnaires ont été remplis par 82 hommes qui étaient violents à l'égard de leurs partenaires, en tant qu'élément du diagnostic initial formulé au début de la participation à un programme d'entraînement à la non-agressivité. Pour différencier les BT des hommes exerçant des violences familiales (FT), nous avons d'abord effectué une analyse hiérarchique des grappes (clusters) pour les hommes soumis au MMPI. Nous avons ensuite calculé les valeurs moyennes pour les deux groupes par rapport aux autres procédures psychométriques et avons soumis ces résultats à des tests de 'significance' statistique. Les 30.5% (n = 25) des 82 hommes violents étudiés se sont avérés être des BT. Dans ce groupe, toutes les variables examinées donnent des résultats différents de ceux acquis dans le groupe de FT. Les hommes violents vivant en Autriche et souffrant d'un BPS ont un niveau de colère plus élevé que celui manifesté par les FT, ils sont plus souvent que ceux-ci très violents envers leurs partenaires, ils utilisent plus souvent certaines formes d'abus psychique envers ces dernières et, dans leurs souvenirs, le père est froid, violent et source de honte.

Bien que cette étude ait été limitée à certains niveaux (exemples : manque de groupes de contrôle supplémentaires, petites dimensions de l'échantillon) et que ses résultats doivent être interprétés avec prudence, il semble bien que concernant les BT, le facteur traumatisation par le biais de châtiments corporels et la froideur affective du père soit un facteur important dans l'étiologie de la transmission de violence entre les générations. Il reste qu'il ne sera possible d'acquérir des données plus précises sur ces rapports de cause à effet qu'en entreprenant des études à long terme. Pour l'instant, on peut dire que les BT sont plus dangereux que les FT ; dans leur cas, il faut donc utiliser des stratégies d'intervention axées à la fois sur leurs déficits spécifiques et sur leurs points forts.

Biographie de l'auteur

Heinrich Kraus

Heinrich Kraus ist Psychologe und Psychotherapeut (Analytische Psychologie). Er arbeitet seit 16 Jahren in freier Praxis, ist Mitbegründer einer Familienberatungsstelle und seit 1999 mitverantwortlich für das Gewaltinterventionsprojekt, das die Männerberatung Wien gemeinsam mit der Interventionsstelle gegen Gewalt in der Familie durchführt.

Korrespondenz: Dr. Heinrich Kraus, Männerberatung Wien, Erlachgasse 95/5, 1100 Wien, Österreich

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Publiée

2004-07-01

Comment citer

Kraus, H. (2004). La violence exercée ou vécue dans l’enfance dans l’environnement familial d’hommes souffrant d’untrouble borderline : la validation externe d’un cluster MMPI 1 chez les coupables. Science psychothérapeutique, (3), 121–129. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/387