Les aspects spirituels en psychothérapie jungienne

Auteurs

  • Verena Kast

Résumé

C. G. Jung considère qu’une relation au religieux est part intégrante de la nature humaine. Il pense que l’être humain a un besoin fondamental de faire des expériences religieuses, dans le sens où cela lui permet de faire l’expérience d’un sens. Le manque de sens est l’une des causes les plus importantes des problèmes psychiques. Dans ce sens, toute thérapie d’orientation jungienne doit inclure la recherche et l’expérience d’un sens.

Par « religieux » Jung entend ce qui est en rapport avec la « religio » au sens étroit : l’attention scrupuleuse portée à des facteurs psychiques dynamiques que l’individu vit comme puissants, dangereux, sources de soutien, plus grands que lui ou beaux.

Cela revient à dire qu’il ne s’agit pas de rechercher une religion devenue traditionnelle ; au contraire, dans le cadre de la thérapie, cette tradition est mise en question. Il s’agit de découvrir une expérience religieuse, saisissante et chargée d’émotion - celle précisément qui a servi de base à la tradition. On recherche des ressentis qui sont vivants, qui donnent le sentiment d’être vivant et qui invitent à la réflexion. Ce que Jung entend par relation au religieux serait aujourd’hui désigné des termes « expression de la spiritualité ».

Faire l’expérience du religieux revient à faire l’expérience de phénomènes inconscients, de symboles chargés de fortes émotions et surtout de ceux qui permettent à l’individu d’intégrer et de parvenir à la totalité du psychisme. Les symboles naissent de la confrontation entre monde extérieur et monde intérieur - et expriment aussi ces deux univers. Cette confrontation se fait dans le cadre du processus d’individuation, processus qui est considéré comme une pratique spirituelle.

Le processus d’individuation est perçu comme un processus de maturation guidé par des archétypes. Selon Jung, il existe un archétype central, le Soi, et lorsque ce dernier se constelle il fait que la psyché se structure autour de lui et il apporte donc un ordre ; d’un point de vue dynamique, il pousse l’individu à intégrer les différents aspects de sa personnalité et à devenir lui-même. Ces processus se reflètent dans l’expérience de différents symboles ; ils paraissent souvent étranges et surprenants, s’accompagnent d’émotions intenses qu’on pourrait qualifier d’expérience d’un sens. Ils rendent la guérison possible. L’individu abandonne son point de vue narcissique étroit, mais cela ne veut pas dire qu’il se tourne simplement vers l’au-delà. Il pratique une spiritualité qui prend au sérieux le monde quotidien et même ses aspects politiques.

À chaque fois que des émotions s’emparent de l’individu le risque existe qu’il les considère comme ayant valeur absolue, qu’il abandonne son attitude critique pour adhérer à une nouvelle idéologie. Or, du point de vue de la psychologie des profondeurs tout ce qui est acquis doit être examiné de manière critique. La pratique spirituelle au sens de Jung implique toujours une confrontation extrêmement dynamique avec l’inconscient. Il n’existe pas de dogmes auxquels on pourrait se référer. Simplement, l’analysant acquiert une certitude confiante que de nouveaux symboles vont constamment se former et qu’il pourra s’en rapprocher ; il sait qu’il va constamment vivre de nouvelles expériences essentielles qui seront porteuses de sens.

Biographie de l'auteur

Verena Kast

Verena Kast, Prof. Dr. phil., Universität Zürich, Psychologin, Lehranalytikerin und Vorsitzende der Fakultät C. G. Jung Institut Zürich. Mitglied der Leitung der Lindauer Psychotherapiewochen.

Korrespondenz: Hompelistrasse 22,
9008 St. Gallen, Schweiz

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Publiée

2008-04-01

Comment citer

Kast, V. (2008). Les aspects spirituels en psychothérapie jungienne. Science psychothérapeutique, (2), 66–73. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/90