Identités, confessions et nationalités
Résumé
Différents phénomènes de scission et de polarisation rendent difficile l’établissement d’une identité commune parmi les psychothérapeutes ; à ceci s’ajoute le fait que la profession est divisée en différentes « orientations ». Il serait problématique d’élaborer une conceptualisation de l’identité psychothérapeutique au sens d’une nationalité ou d’une confession. Il vaudrait en fait mieux ne pas tenter de le faire au niveau des orientations et il faudrait considérer la formation dans un courant donné comme un apprentissage au cours duquel des capacités sont acquises, qui peut évoluer et qui peut conduire à assumer des identités multiples. Avec ce genre de biographie professionnelle en mosaïque, le thérapeute ne change jamais de « nationalité » et n’a pas besoin d’en choisir une. Pour une personnalité mature, l’argent joue bien sûr un rôle important alors que, tant que la personnalité demeure infantile, il s’agit avant tout de développer une identité en se démarquant par rapport à d’éventuels ennemis extérieurs. Par exemple, autrefois les artisans, une fois leur apprentissage terminé, entreprenaient un « tour de France » pour se perfectionner auprès de différents maîtres et pour développer leur propre style ; les compagnons ne dérivaient pas leur identité des autres techniques apprises, mais de la pratique d’un artisanat spécifique. Les organisations de psychothérapeutes ne devraient pas promouvoir les « identités » de leurs membres dans le sens d’une identification avec une méthode ou une approche ; elles devraient le faire au sens d’un « langage », d’un système de pensée, de la transmission d’un savoir technique pour que les psychothérapeutes membres soient en mesure d’utiliser ces instruments sans que cela influe sur leur sentiment d’identité. En d’autres termes, il ne faut pas se sentir Suédois, mais être capable de parler suédois. Et le multilinguisme devrait être encouragé puisque certains clients comprennent mieux une langue spécifique et puisque certaines langues permettent de mieux exprimer les problèmes. Et il devrait exister une sorte d’espéranto qui permettrait les échanges entre psychothérapeutes. On va déjà dans cette direction dans la pratique, mais les groupements professionnels ont encore trop tendance à promouvoir l’identité de leurs membres en se démarquant par rapport à d’autres.Téléchargements
Publiée
2008-10-01
Comment citer
Köth, A. (2008). Identités, confessions et nationalités. Science psychothérapeutique, (4), 184–188. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/71
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