Entretien avec le professeur aux universités, Monsieur Klaus Ottomeyer

Résumé

Monsieur Klaus Ottomeyer est professeur à l’Université de Klagenfurt, où il dirige le département de psychologie sociale, d’ethnopsychanalyse et de psycho-traumatologie ; il s’est distingué en publiant plusieurs ouvrages dans ces domaines. Il est également psychothérapeute (psychodrame) et c’est en cette qualité qu’il répond à des questions en rapport avec l’organisation de la psychothérapie. Dans cet entretien transcrit presque directement par écrit, le professeur Ottomeyer émet certaines hypothèses en rapport avec un phénomène caractérisant la psychothérapie : depuis la fondation de l’association viennoise de psychanalyse, les psychothérapeutes ont tendance à la fois à se rassembler autour d’une personnalité fondatrice et à se démarquer les uns des autres. Il n’est pas rare que l’on observe des scissions provoquées par différentes incompatibilités au niveau personnel ou objectif. Le professeur Ottomeyer décrit différentes causes à l’origine de ce phénomène : elles sont d’une part d’ordre économique, dans le sens du placement d’un produit donné. Les « fabricants » veulent faire ce qu’ils peuvent pour que leur produit soit considéré comme unique sur le marché et se démarque des produits concurrents pour s’y maintenir. D’autre part, le narcissisme des acteurs fait que ceux-ci veulent se distinguer des autres, veulent être considérés comme spéciaux et deviennent une sorte de marque typique. Et enfin, le fait que leur formation a coûté cher et que les psychothérapeutes souhaitent donc toucher une contre-valeur, pour ne pas avoir dépensé cet argent en vain ; cela joue un certain rôle (ici intervient le concept de réduction des dissonances élaboré par Festinger). Selon le professeur Ottomeyer, des « écoles » doivent bien exister au niveau de la formation en psychothérapie, mais au sens littéral du terme et non dans le sens mentionné dans la loi allemande sur la psychothérapie, où il s’agit plutôt de méthodes fondées scientifiquement et qui peuvent être acquises. En effet, selon lui la formation ne peut se faire que sur la base d’une relation personnelle, de manière semblable à ce qui se passe au niveau de la relation psychothérapeutique. Il reste qu’il est important que l’idéalisation et l’identification avec les formateurs soient surmontées. À ce niveau, on peut parfaitement utiliser le concept d’ « école », même si des collusions narcissiques peuvent lier le « maître » et l’ « élève » : il peut en effet arriver que subsiste une sur-identification presque « religieuse » (voir Kernberg) avec le maître/fondateur - ou à l’opposé, qu’une désidentifi-cation exagérée conduise, le cas échéant, à une scission.