La relation therapeutique en psychanalyse

Auteurs

  • Oskar Frischenschlager

Résumé

En ses débuts, la recherche psychanalytique s’est intéressée surtout à des processus intrapsychiques; cette tendance n’a fait que s’accentuer au moment du fameux passage de la théorie des traumas à la théorie des conflits. Ce ne fut que dans les années 30, au moment des publications d’H. Hartmann et A. Freud sur la psychologie du moi, que la psychanalyse individuelle s’ouvrit progressivement. On commença à attribuer plus d’importance au milieu personnel, car on se rendit compte que la théorie des conflits n’explique pas tout, que certains processus d’apprentissage se déroulent et que des aspects sains de la personnalité sont capables de s’adapter même en cas de névrose. A partir de là, on attribua plus d’importance à l’interaction et aux relations interpersonnelles, ce qui s’exprima dans la théorie de la relation à l'objet élaborée dans les années 60 et 70 comme dans la psychologie du soi.

Certains compléments restent à élaborer concernant la relation thérapeutique. Le fait que la technique thérapeutique ait été dérivée d’une métathéorie psychanalytique a causé et continue à causer toute une série de problèmes. Si l’on pense à la pratique thérapeutique de Freud, il est évident qu’elle ne s’accorde pas avec une technique idéale normative, telle celle d’Eissler. Et pourtant cette dernière a été considérée pendant plusieurs décennies comme l’étalon auquel se mesurait - et se mesure encore - la psychanalyse. Toutes les déviations (paramètres) risquent de faire quitter le terrain de la 'psychanalyse pure’ (= l’or) et de se révéler vulgaire cuivre. Personnellement, je pense que toutes les tentatives sans doute justifiées faites pour définir et effectuer des distinctions entre psychanalyse et thérapie psychanalytique, génèrent également la crainte; ceci fait que personne n’ose plus déclarer publiquement en quoi consiste sa propre technique psychanalytique. Et je considère que cette crainte, très répandue surtout dans les pays de langue allemande, s’est posée en obstacle à toute recherche empirique en psychanalyse.

Pourtant, ce type de recherche a montré - on en est surpris! - que ce ne sont pas les ingrédients classiques de la technique analytique (analyse du transfert et des résistances, interprétation, intégration) qui doivent être considérés comme facteurs curatifs, mais bien les facteurs dits non-spécifiques, tels le soutien, l’empathie, la chaleur humaine, l’amabilité, une attitude acceptante, etc.

Dans le présent article je tente donc, d’abord, de mettre en évidence les conséquences négatives de l’adhésion à une théorie de la technique fondée sur une métapsychologie. Par exemple, les facteurs interactifs constituant toute relation, y compris la relation thérapeutique, n’ont pas pu être intégrés. L’analyste travaillant en se servant des catégories de la psychologie individuelle considère qu’il se situe ‘en-dehors’ et représente la réalité. En fait, la théorie systémique nous a démontré que ceci est impossible. Des approches plus récentes, fondées sur la psychologie du soi, incluent dans leur réflexion au sujet de la formation de structures comme à celui du processus thérapeutique les processus constants de régulation du soi et de régulation réciproque.

La deuxième partie de l’article présente donc un aperçu des évolutions récentes en psychologie du développement, psychologie qui se fonde sur la recherche empirique concernant les nouveaux-nes. Celle-ci nous a fourni une image nettement différente des nouveaux-nés, de leurs capacités et besoins et surtout de l’importance qu’il faut attribuer à l’interaction au niveau de la formation de structures. Ces connaissances permettent d’élaborer une base sur laquelle une approche du processus thérapeutique est à même de se fonder. Dans une troisième partie, nous tentons alors d’élargir les principaux concepts psychanalytiques (défense, résistance, transfert, interprétation de la dimension interactive), tout en demeurant conscient du fait que le processus thérapeutique comporte inévitablement des éléments d’influence réciproque. faut donc que nous réfléchissions à, par exemple, la contribution de l’analyste aux résistances; ce dernier y contribue toujours, et pas seulement lorsqu’il commet une faute sur le plan analytique. Les travaux à poursuivre devraient nous permettre d’aboutir à une théorie révisée du processus thérapeutique. Le présent article présente quelques réflexions devant servir à lancer un débat.

Biographie de l'auteur

Oskar Frischenschlager

Oskar Frischenschlager, Univ.-Doz., Dr. phil., Ass.-Prof. am Institut für Medizinische Psychologie der Universität Wien, Psychotherapeut (Psychoanalyse), Klinischer Psychologe, Gesundheitspsychologe, Supervisor, Lehranalytiker im Wiener Kreis für Psychoanalyse und Selbstpsychologie.

Korrespondenz: Univ.-Doz. Dr. Oskar Frischenschlager, Institut für medizinische Psychologie, Universität Wien, Severingasse 9, A-1090 Wien

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Publiée

1995-07-01

Comment citer

Frischenschlager, O. (1995). La relation therapeutique en psychanalyse. Science psychothérapeutique, 3(3), 159–169. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/672