L’étrange discours sur l’identité psychanalytique
Résumé
Nombre de psychanalystes associent la formation spécialisée à l’acquisition d’une identité. L’auteur a élaboré une matrice contenant tous les vecteurs pertinents au niveau du débat sur l’identité psychanalytique. Il esquisse d’abord un aperçu historique du développement de la psychanalyse au cours des cent dernières années, pour ensuite retracer les étapes les plus importantes en rapport avec l’établissement de relations collégiales et professionnelles, mais également les divisions et les scissions.
Tôt déjà, au moment de la fondation de l’IPV (l’association regroupant les psychanalystes), Ferenczi indique qu’un certain contrôle réciproque entre ses membres pourrait avoir des effets favorables. Il est vrai qu’il se méfie des « dérives de la vie associative », mais cela ne l’empêche pas de souligner ce qui suit : [Nous devons pouvoir garantir] « que soit vraiment appliquée l’approche psychanalytique élaborée par Freud et non une méthode concoctée par chacun pour son propre usage. L’Association devrait tout spécialement dénoncer la flibusterie scientifique dont la psychanalyse est aujourd’hui la victime ».
Et pourtant la démarche entreprise par les premiers psychanalystes pour trouver une solide orientation commune est très vite marquée par les démarcations, les séparations et les scissions (voir Adler, Jung, Reich, etc.). Dans ce sens, l’histoire de l’identité psychanalytique est toujours une histoire des scissions entre psychanalystes.
Cette tendance se manifeste aujourd’hui encore en tant que « peur qu’ont les psychanalystes que leur identité soit menacée par la psychothérapie ». L’auteur illustre ces craintes au moment où il décrit les principales organisations de psychanalystes et de psychothérapeutes dans leur évolution jusqu’à l’époque contemporaine.
Dans les années 60 du siècle dernier, le thème de « l’identité psychanalytique » fait débat (à l’époque parmi les psychanalystes américains) : celle-ci se trouverait en crise. Ceci conduit finalement à une résistance contre l’élaboration d’une identité au sein de la DPG (la société allemande de psychanalyse) d’après-guerre, comme l’a montré le congrès de 1990.
L’auteur traite ensuite de l’écart séparant l’identité objective et l’identité subjective de l’être humain. Selon lui, l’identité est toujours un « processus ». Il met cet aspect en évidence en se référant aux principes moraux caractérisant la pensée scientifique. Rejetant l’évolution historique marquée par la formation d’une identité et par les scissions au sein du monde psychanalytique/psychothérapeutique, il prend position : « l’acquisition de connaissances doit inclure la reconnaissance de l’identité de l’Autre ». Dans ce sens, il s’oppose clairement à la « singularité » dont se targuent les courants/ organisations psychothérapeutiques. (« Peut-on encore considérer comme psychanalytique ce qu’un tel ou une telle fait ? »)
L’auteur situe la psychanalyse entre une « science par révélations » et une « science au sens traditionnel » en se référant au risque si bien décrit par Nietzsche : « Les convictions sont une menace plus importante pour la vérité que ne le sont les mensonges ». Dans ce sens, son article pourrait presque être considéré comme une critique de la religion. Il conclut en présentant un plaidoyer pour la psychanalyse : il faut que celle-ci reconnaisse les limites de Freud sans le rejeter alors même que ses écrits ne seront bientôt plus de mode. Freud demeure toutefois, comme le montre son œuvre, « un esprit capable de clarté et de structuration méthodique ».
Téléchargements
Publiée
Comment citer
Numéro
Rubrique
Licence
Les auteures ou auteurs qui souhaitent publier dans cette revue acceptent les conditions suivantes:
- Les auteures ou auteurs conservent leurs droits d'auteur et autorisent la revue à effectuer la première édition sous une licence «Creative Commons Attribution» permettant une utilisation libre de leurs travaux à condition de les attribuer à leurs auteurs en citant leurs noms et d'attribuer la paternité de l'édition originale à la présente revue (conformément à la licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivs 3.0 DE).
- Les auteures ou auteurs peuvent conclure des contrats supplémentaires de diffusion non exclusive de la version de leurs travaux publiée dans la revue à condition d'attribuer la paternité de l'édition originale à la revue (par ex. dans une publication collective ou un livre).