Vers un professionnalisme: qualite et gestion de qualite en psychotherapie

Auteurs

  • Anton-Rupert Laireiter

Résumé

Le présent numéro thématique est le produit d'un projet visant à attribuer des priorités à la recherche en psychothérapie en Autriche, projet soutenu par le Ministère de la science, de la recherche et des affaires culturelles. Il s'agissait, dans son cadre, d'étudier le degré auquel des travaux de recherche dans les domaines de la garantie et de la gestion de qualité de la psychothérapie en Autriche peuvent être pratiqués. En vue de concrétiser cette tâche, nous avons organisé deux rencontres, au cours desquelles les quatre contributions publiées ci-dessous ont été présentées.

Quant au présent article, il doit servir d'introduction. Nous cernons d'abord dix raisons pour lesquelles la psychothérapie autrichienne devra se préoccuper plus intensément à l'avenir du thème 'garantie de qualité'. Les principaux arguments en faveur de la mise en œuvre de structures visant à garantir la qualité des traitements psychothérapeutiques sont liés aux aspects suivants: politique de la santé publique (objectifs de santé de l'OMS), obligation au niveau de l'éthique professionnelle de fournir une offre adéquate en traitements garantis de bonne qualité, droits des consommateurs à recevoir des traitements correspondant aux derniers développements en la matière, garantie de la qualité de la formation et besoin d'évaluer les applications de routine de la psychothérapie. Garantir la qualité de la psychothérapie implique donc deux éléments: qualité de la formation et qualité du traitement. La seconde partie de l'article traite de quelques aspects pertinents à ce niveau, ainsi que de la manière dont ils peuvent être garantis et améliorés. La question de la qualité des traitements est examinée en fonction essentiellement des psychothérapies ambulatoires.

Le secteur de la formation joue un rôle particulièrement important au niveau de la qualité, puisque c'est de la qualité de cette formation que dépendent les qualifications des futurs thérapeutes. Et pourtant, jusqu'à maintenant, on a trop peu examiné ce secteur sous l'angle de la qualité et de sa garantie. Des conséquences importantes au niveau de la formation résulteraient d'une intégration à ce secteur de concepts relatifs à la qualité, avec entre autres un travail mieux centré sur des objectifs et une recherche accrue des méthodes adéquates et efficaces permettant d'atteindre ces objectifs. On devrait aussi constamment vérifier que ces derniers ont été acquis aux différents niveaux (ceux des différentes étapes de la formation comme celui de l'ensemble de la formation). De plus, l'enseignement et la qualité de la formation s'amélioreraient à partir du moment où les formateurs seraient tenus au courant des résultats des évaluations et auraient l'occasion de débattre entre eux de la qualité de leur travail.

Du point de vue de la qualité des traitements offerts par les psychothérapeutes ayant leur propre cabinet, ce sont certains aspects de la qualité des structures, mais surtout de celle des processus et des résultats, qui devraient avoir de l'importance. S'il est vrai que la qualité des structures est surtout I' affaire des administrations publiques et des responsables des assurances sociales, il reste qu'un aspect qualité structurelle se rattache aux psychothérapeutes individuels; il se manifeste au niveau des tâches et domaines suivants: collaboration à une gestion optimale de l'offre, standards concernant l'aménagement et l'équipement des cabinets (par ex., appareils, informations, littérature); responsabilité de chaque thérapeute pour un haut standard de qualification professionnelle et pour son amélioration continue; application de méthodes dont les effets sont connus.

Dans le cadre de la qualité des processus le psychothérapeute a pour mission et pour devoir d'élaborer un plan de traitement mûrement réfléchi, incluant également des mesures alternatives et complémentaires, et de contrôler le déroulement du processus thérapeutique. Les méthodes et stratégies psychothérapeutiques doivent être appliquées de manière adéquate, en fonction de critères rationnels et selon les règles de l'art. L'élaboration régulière de rapports sur le déroulement du traitement constitue un moyen particulièrement utile de contrôle et de vérification, parallèlement à la supervision et à l’Intervision, ainsi qu'à la collaboration à des groupes s'intéressant spécifiquement à l'axe qualité.

Concernant la qualité des résultats le/la psychothérapeute doit évaluer à intervalles réguliers l'avancement de la thérapie et son évolution; il/elle doit noter les résultats de cette évaluation. 11 s'agit également de rechercher les causes des évolutions négatives ou problématiques et d'appliquer des mesures d'intervention adéquates, permettant d'obtenir une amélioration ou de résoudre les problèmes.

L'aspect garantie de qualité constitue un secteur relativement neuf de la psychothérapie. Pourtant, de nombreuses raisons existent de l'intégrer à la profession, en Autriche en particulier puisque ce pays dispose du cadre juridique requis. Cette démarche permet d'accomplir une étape importante vers une plus grande professionnalisation de la psychothérapie. A cette fin, il serait actuellement important de créer d'abord les conditions-cadres nécessaires au niveau logistique et conceptuel. Il faut demander aux associations professionnelles comme aux instances de l'Etat (université, ministère) de se charger de cette tâche. Il faudrait en outre que les différentes écoles formulent des standards et des directives concernant la qualité des traitements, ainsi que des programmes visant à garantir et à améliorer systématiquement la qualité. Lors d'étapes ultérieures, ces programmes pourraient être intégrés à l'offre sous forme de projets pilotes et leurs effets pourraient être évalués. Alors seulement il sera possible de mettre définitivement en œuvre des mesures visant à garantir la qualité sur le plan essentiellement interne (dans le secteur ambulatoire). La recherche scientifique doit être part intégrante de ce processus; sans elle, il n'est pas possible d'appliquer des modèles de qualité. 11 serait également important que les psychothérapeutes eux-mêmes deviennent mieux conscients du thème qualité de la psychothérapie et des problèmes y relatifs, et qu'ils commencent dès maintenant à élaborer des idées quant à la manière dont elle pourrait être garantie. Les thérapeutes travaillant dans leur propre cabinet pourraient organiser maintenant déjà des groupes intéressés, travaillant ainsi systématiquement à l'amélioration de leurs standards de traitement et intervenant, le cas échéant, pour que leur qualité s'améliore.

Biographie de l'auteur

Anton-Rupert Laireiter

Dr. Anton-Rupert Laireiter, Klinischer Psychologe, Gesundheitspsychologe, Psychotherapeut (Verhaltenstherapie), Universitätsassistent für Psychologie; Forschungsschwerpunkte: Soziale Netzwerk- und Unterstützungsforschung, Dokumentation von Psychotherapie, Qualitätssicherung von Psychotherapie; Selbsterfahrung und Eigentherapie in der Ausbildung in Psychotherapie

Korrespondenz: Univ.-Ass. Dr. Anton-Rupert Laireiter, Abteilung Klinische Psychologie, Institut für Psychologie der Universität, Hellbrunnerstraße 34, A-5020 Salzburg

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Publiée

1995-10-01

Comment citer

Laireiter, A.-R. (1995). Vers un professionnalisme: qualite et gestion de qualite en psychotherapie. Science psychothérapeutique, 3(4), 175–185. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/663