Psychothérapie: pratique et recherche
Résumé
A notre époque de pénurie de moyens financiers, la question se pose de savoir combien la société peut mettre à disposition pour quels domaines. Les limites imposées par cette répartition produisent une concurrence et un besoin de légitimation croissants; ceci s’applique également aux diverses écoles de psychothérapie qui se voient de plus en plus contraintes de démontrer la qualité de leurs prestations. Toute psychothérapie se percevant comme scientifique considère qu’il va sans dire qu’elle doit réfléchir à ses concepts et à ses interventions, et en particulier évaluer ses propres processus et résultats. Les conditions sociétales mentionnées plus haut la forcent en outre à se légitimer: il s’agit de prouver que la méthode psychothérapeutique que l’on pratique est suffisamment efficace et économique pour justifier un financement par le biais des deniers publics. Certains débats agités de ces derniers temps s’expliquent sur cette base.
Du point de vue du contenu, les thèmes qui occupent actuellement les chercheurs sont très variés; ils se répartissent selon les catégories suivantes: développement de la personnalité et nosologie, indication et techniques de traitement, relation et processus thérapeutiques, et finalement les questions liées à l’évaluation des résultats. En ce qui concerne ce dernier thème, il faut effectuer une distinction entre la question des critères permettant d’évaluer le succès de la thérapie (élimination des symptômes, par exemple, affrontement aux conflits, maturation de la personnalité, modification du comportement morbide, etc.) et celle de savoir quelles méthodes permettent de juger des résultats (estimation concernant la satisfaction des clients, par exemple, ou la manière dont certains objectifs ont été atteints, ou encore mesures avant-après et leur vérification statistique). Les standards scientifiques exigés pour qu’une évaluation des résultats soit considérée comme méthodiquement correcte sont souvent dérivés de la psychologie universitaire (théorie des tests) et des études cliniques sous contrôle menées par les médecins. Le modèle auquel on aboutit est celui d’une thérapie expérimentale menée dans des conditions variables mais soumise à un contrôle, y compris par exemple l’utilisation de groupes de contrôle et leur assignation sur une base aléatoire aux différentes formes de thérapie.
On s’est toutefois rendu compte progressivement que cette forme de recherche en psychothérapie ne peut pas être appliquée aux traitements menés dans des cabinets privés; en effet, les patients ne souffrent pas tous des mêmes symptômes, le setting, les techniques de traitement et la durée de ce dernier varient. De plus, l’évolution de la motivation des patients fait qu’il est impossible d’assigner ceux-ci à un groupe sur une base aléatoire. Il s’agit donc de chercher d’autres modèles permettant d’étudier les psychothérapies là où elles sont pratiquées (c’est-à-dire dans les cabinets des thérapeutes et non dans les instituts de recherche). Du point de vue des conditions méthodiques requises, il s’agit de tenir mieux compte de l’approche thérapeutique concernée et d’opérationaliser de manière adéquate les troubles et les objectifs de la thérapie. Au lieu d’étudier quelques caractéristiques pour un groupe de plusieurs milliers de patients, il faut analyser en détail le traitement d’un nombre relativement restreint de patients, en utilisant des méthodes qualitatives; il s’agit en particulier de cerner les rapports entre le processus thérapeutique observé et le résultat de la thérapie, enregistré en fin de traitement. Ce genre de recherche requiert la collaboration des praticiens de la thérapie. Un exemple est présenté, concernant une étude visant à analyser des psychanalyses à long terme et menée avec le soutien de la DGPT, l’association faîtière regroupant les psychanalystes allemands.
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