L'étude quantitative des processus psychothérapeutiques: rôle, exemples et évaluation

Résumé

Nombre de représentations caricaturales de la recherche en psychothérapie rodent en fantômes autour de nous; or, on peut démontrer qu’elles n’ont que peu de rapport avec ce que sont les études sensées (actuelles ou plus anciennes) et - ce qui est encore plus important - qu’elles se posent en obstacle à l’élaboration d’une recherche adéquate au niveau de ses contenus comme de sa méthode. Le présent article tente de réfuter certaines conceptions erronées.

La recherche quantitative pratiquée jusqu’à maintenant a produit toute une série de résultats solides et pertinents par rapport à la pratique, en particulier lorsqu’elle a été combinée à une étude des résultats (des thérapies). Nous en présentons une synthèse. Mais la recherche ne doit pas être purement inductive; il faut comprendre ses résultats et les placer dans un plus large contexte. Pour ce faire, il faut disposer de concepts théoriques qui doivent être continuellement développés plus avant, indépendamment des barrières séparant les écoles de thérapie.

Nous soulignons également que, dans le cadre de la recherche en psychothérapie, l’étude quantitative des processus joue un rôle particulièrement important, ne serait-ce que parce que c’est à ce sujet que le plus grand nombre d’articles sont publiés. D’autre part, actuellement, le choix d’une méthode se fonde trop souvent sur une idéologie au lieu de se faire en fonction de la manière dont elle convient à l’étude de certaines questions.

Les arguments contre la recherche quantitative se fondent souvent sur un préjugé selon lequel elle serait trop éloignée de la pratique et du cas individuel. Une étude qui s’est intéressée à l’intuition du thérapeute illustre le fait que l’étude quantitative de processus peut tout à fait être naturaliste et apte à saisir certains aspects subtils. Nous signalons qu’il est possible de combiner qualitatif et quantitatif, illustrant cet aspect par l’exemple d’une étude qui s’est intéressée aux résistances en psychothérapie: celles-ci sont identifiées sur la base de l’analyse de cas individuels, mais les données acquises de cette manière sont ensuite traitées d’un point de vue quantitatif. Ceci permet d’effectuer des comparaisons qui ne seraient pas possibles avec une étude soit seulement qualitative, soit uniquement quantitative.

Une fonction importante de l’étude comparative des processus est que, puisqu’elle inclut une description post hoc des conditions de la thérapie, elle permet de porter moindre attention a priori à cet aspect, c’est-à-dire que la procédure peut se dérouler dans son contexte naturel, indépendamment des normes imposées par un manuel.

Un premier bilan montre que:

1. La seule étude des processus fournit tout au plus des indications intéressantes quant à des cas individuels, mais ne produit pas de résultats généralisables.

2. L’étude des processus ne produit que rarement des données intéressantes si elle n’estpas associée -à un degré minime au moins - à une étude des résultats.

3. L’étude des processus peut rendre l’étude des résultats plus flexible et surtout libérer les participants de l’utilisation de manuels contraignants

4. Il faudrait toujours associer étude des processus et étude des résultats.

5. Il est possible et dans de nombreux cas utile, de combiner recherche qualitative et quantitative pour étudier des processus.

6. L’étude des processus peut et doit fournir des impulsions directes à la pratique.

7. A chaque fois que vos préjugés et idéologies dictent pour une bonne part votre choix d’une méthode de recherche, vous rendez un bien mauvais service à tous: à vous-même, à l’avancement de notre savoir en matière de psychothérapie et finalement et surtout à nos patients.