La psychothérapie par entretiens en tant que thérapie brève ou thérapie brève centrée sur le dient/la personne
Résumé
Au cours de son histoire, la ’psychothérapie centrée sur le client ou la personne’ (que l’on appelle en général psychothérapie par entretiens, que ce soit dans le pays de langue allemande ou de langue française) a souvent été rapprochée de la “thérapie brève”, ceci par ses praticiens comme par ceux qui la considéraient de l’extérieur. Cette apparente proximité est surtout en rapport avec la durée du traitement (et en particulier avec le nombre de séances). Rogers et plus tard de nombreux représentants de cette école (en Allemagne plus spécialement, voir entre autres Bommert, Tausch et Tausch) se sont perçus comme pratiquant une forme de thérapie “brève”. Mais cet aspect a souvent été mal compris, du moins lorsqu’on a pensé que la thérapie par entretiens est une sorte de thérapie brève indiquée pour traiter les cas légers ou peu clairs d’un point de vue diagnostique. Nous pensons que pour saisir adéquatement l’affinité entre l’approche dont nous parlons et les thérapies brèves, il faut tenir compte du fait que celles-ci sont en général définies dans le cadre de la tradition psychanalytique, dans le sens où on les considère comme des formes abrégées de psychothérapie (du point de vue des thèmes traités comme de leur durée), les comparant donc à la (langue) psychanalyse standard et soulignant les aspects techniques ou autres qui les en distinguent (Leuzinger-Bohleber, 1985). Pour bien comprendre ce qui rapproche la psychothérapie par entretiens des thérapies brèves, ainsi que la manière dont elle peut permettre d’élaborer des traitements brefs, centrés sur la personne, il faut comprendre comment elle conçoit la psychothérapie.
Se fondant sur leur propre pratique thérapeutique, ainsi que sur l’expérience qu’ils ont acquise dans le domaine de la formation (permanente) et de la supervision, les auteurs du présent article considèrent que s’il est exact qu’on trouve dans la pratique une forme de “thérapie brève fondée sur la thérapie par entretiens”, y compris les concepts théoriques et techniques élaborés par cette dernière, en Allemagne elle est influencée par les conditions-cadres fixées par le système de l’offre psychothérapeutique et par les lignes directrices en matière de psychothérapie (Faber et Haarstrick, 1994).
Avant de pouvoir présenter et débattre de la “psychothérapie brève par entretiens”, il s’agit d’abord de reconstruire cette dernière. A notre avis, il faut définir systématiquement en quai elle consiste, en tant que forme brève de la méthode plus globale de la psychothérapie par entretiens.
Les auteurs présentent donc brièvement la thérapie psychanalytique brève, ainsi que les données en rapport avec les lignes directrices (voir ci-dessus), pour cerner des ressemblances et points communs. Ils traitent ensuite de l’évolution de la psychothérapie par entretiens et de son identité, ceci du point de vue de la question de savoir s’il s’agit d’une thérapie brève ou pas. Dans ses premiers travaux, Rogers énumère des caractéristiques qui font que sa méthode ressemble à une “thérapie brève”, que ce soit du point de vue du cadre extérieur (durée du traitement) ou de celui des processus et des procédures appliquées. Les premières enquêtes qui ont été menées aux Etats-Unis et en Allemagne au sujet de la “thérapie brève” (il serait plus correct de parler de thérapie de durée limitée) mettent en évidence d’autres points et principes importants: les implications de la durée limitée (Shlien, 1977) et la concentration thématique “découverte” par Adolf-Ernst Meyer dans les psychothérapies par entretiens qu’il a examinées (cf. Meyer et Wirth, 1988; Meyer et al., 1989).
Dans les années 1970, la psychothérapie par entretiens a été présentée comme une forme brève de psychothérapie (30 séances), que ce soit dans les ouvrages spécialisés ou dans un contexte politique (lai en matière de psychothérapie) - ce que ses praticien/nes n’ont pas manqué de critiquer. A cette époque déjà et concernant en particulier le travail avec des enfants et adolescents, la durée du traitement était considérablement plus langue; de plus, on enregistrait d’importantes variations au niveau des troubles traités, du setting et d’autres aspects, un fait que des études empiriques plus récentes confirment (Eckert et Wuchner, 1994; Wuchner et Eckert, 1995).
La dernière partie de l’article est consacrée à une description détaillée de la “psychothérapie brève par entretiens”, telle que les auteurs l’ont ‘reconstruite’ sur la base de leur propre expérience. Elle doit également encourager d’autres à élaborer un concept d’application de cette méthode. Le texte est structuré en fonction d’une liste de “problèmes techniques généraux” préparée par Reimer (1996) en vue de décrire la thérapie psychanalytique brève; cette liste a été complétée et modifiée. Elle contient les points suivants: indication, recherche et formulation d’un axe focal, formulation et accord concernant les objectifs du traitement, accord concernant sa durée limitée, ainsi que quatre aspects supplémentaires - importance du moment présent, activité du thérapeute, attitude du thérapeute (“neutralité”) et gestion du transfert - qui sont présentés ensemble, sous le concept plus général de “offre en relation thérapeutique et procédure”.
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