Traitement bref en thérapie du comportement

Auteurs

  • Peter Fiedler

Résumé

En principe, la thérapie du comportement a toujours été conçue et développée en tant que traitement de courte durée. Cependant, toute une série d’arguments valables pourraient inciter à réduire encore la longueur normale d’une thérapie du comportement (habituellement quinze séances ou plus). Par ‘traitement bref en thérapie du comportement’, nous entendons ci-dessous un traitement d’une durée de une à quinze séances.

Les principales raisons justifiant ce genre de traitement sont:

a)  la pression croissante à laquelle sont soumises les cliniques et les services ambulatoires: les restrictions budgétaires mises en œuvre par les caisses maladie et autres instances assumant les coûts font qu’on exige des thérapies plus courtes et moins chères;

b)  bon nombre de patient/es n’ont pas besoin d’une psychothérapie et ne souhaitent pas en faire une. Ce dont ils ont besoin, c’est d’explications objectives et de conseils compétents (‘apprentissage’ et consultations);

c)  considérée dans sa fonction d’intervention en cas de crise, la thérapie du comportement à bref terme permet d’apprendre aux patients à gérer directement leurs émotions et pose une première base sur laquelle il leur devient possible de résoudre leurs conflits.

Contrairement à ce qui se passe dans le cas d’une thérapie du comportement de plus longue durée, visant à traiter des troubles psychiques (avec pour objectif une amélioration et le rétablissement de la santé psychique), une thérapie de brève durée a avant tout fonction de prévention - ceci au sens très large du terme. Les objectifs concrets d’un traitement s’accompagnant d’un apprentissage et de conseils sont:

-    soutien des conditions favorables à la santé obtenu par le biais de l’identification, du maintien et de l’amélioration des compétences et ressources individuelles et interpersonnelles en rapport avec les conditions qui risquent de provoquer des troubles psychiques (prévention primaire; intervention de crise; prophylaxie du suicide);

-    maintien et développement des conditions favorables à la santé lorsqu’il s’agit d’éviter une rechute au niveau de troubles psychiques ou l’apparition de problèmes psychiques suite à des maladies chroniques ou des handicaps (prophylaxie des rechutes; réhabilitation)

-    informations systématiques et éducation fournies à des groupes courant certains risques, causant des problèmes spécifiques ou se trouvant en situation marginale; ceci permet de promouvoir leur capacité à prendre eux-mêmes des initiatives et à créer des réseaux d’entraide pour gérer les domaines problématiques ou conflictuels auxquels ils doivent faire face (apprentissage, encouragé et complété d’un bref traitement basé sur la thérapie du comportement).

Il faut que ces différentes démarches (thérapie, intervention, conseil) servent principalement à lancer un processus d’apprentissage (basé sur la thérapie du comportement) permettant d’améliorer et de stabiliser la manière dont les patients sont en mesure de développer leurs propres ressources et de gérer leur vie.

On peut distinguer toute une série de formes spécifiques du type de traitement que nous proposons; notre article traite plus en détail des six catégories ci-dessous:

a)    intervention de crise lors de troubles post-traumatiques aigus
Cette situation requiert en général des entretiens thérapeutiques menés à intervalles réguliers, visant surtout à apporter un soutien à la personne. On tente d’obtenir une décharge émotionnelle en offrant empathie et soutien au moment où celle-ci doit s’affronter au traumatisme et à l’expérience l’ayant accompagné. Il s’agit simultanément de poser des premiers jalons pour l’avenir.

b)    thérapie à bref terme lors de crises provoquées par une évolution biographique
Dans ce cas là, il est utile de faire le point de manière objective et neutre, en enregistrant évolutions et conditions actuelles. La thérapie accorde priorité à la dimension 'objectifs’, dans le sens où elle tente entre autres de détenir concrètement les différentes alternatives ouvertes au client dont les buts et souhaits se trouvent en conflit avec ceux de partenaires concrets.

c)    apprentissage et consultations
Ces deux aspects ont été développés plus avant au cours de ces dernières années, en rapport en particulier avec l’apport d’un soutien thérapeutique venant compléter le traitement somatique dans le cas de maladies considérées autrefois comme essentiellement 'psychogènes’ ou 'psychosomatiques’. Des procédures ont été élaborées concernant entre autres les patients souffrant d’asthme, de diabète, de dermite ou de douleurs chroniques. On offre aux patients des informations mises à jour sur leur maladie chronique et son traitement, ce qui doit les aider à mieux la gérer

d)    consultations offertes à des enfants et adolescents, ainsi qu’à leurs parents (de substitution)
Ce genre de consultation se fixe des objectifs clairement préventifs. En plus de ce qui se faisait déjà en thérapie familiale (incluant un ou les deux parents, avec ou sans leurs enfants), depuis le début des années quatre-vingt d’autres concepts ont été élaborés (thérapie familiale, training des parents, training destiné aux éducateurs ou enseignants à partir du jardin d’enfants, dans des foyers et des écoles).

e)    consultations offertes aux familles de personnes souffrant de troubles mentaux, de maladies chroniques ou de handicaps
Ce domaine gagne en importance. Des concepts basés sur la thérapie du comportement ont été élaborés concernant, par exemple, les familles de patients souffrant de schizophrénie, de cancer, du SIDA, de surdité, de cécité, de troubles rénaux chroniques, de diabète et de neurodermite. La principale fonction de ces consultations se situe au niveau de la réhabilitation et/ou de la prévention de rechutes.

f)    thérapie de couple et conseil matrimonial
Ce genre de consultation a été offert, en autres, en rapport avec des problèmes au niveau de la conception (stérilité, enfants non désirés), avant ou après un avortement (“§ 218” en Autriche) et plus récemment en tant que soutien psychologique apporté à des couples en voie de séparation/divorce (médiation).

Synthèse: l’utilité potentielle des thérapies du comportement d’une durée explicitement brève peut se résumer - d’un point de vue optimiste - en deux phrases:

-    une thérapie du comportement de brève durée est plus qu’une série de consultations inspirées par les principes de la thérapie du comportement;

-    une série de consultations inspirées par les principes de la thérapie du comportement est plus qu’une thérapie abrégée.

Les objectifs recherchés peuvent être atteints si les thérapeutes renoncent à se centrer sur la personne et à attendre passivement que des changements se produisent; il faut qu’ils se montrent engagés et s’impliquent dans un processus d’évolution et de recherche de solutions qui doit très rapidement être mis en marche.

Mais avant de se lancer dans ce domaine, il faut qu’ils se demandent honnêtement s’ils souhaitent ou sont capables d’adopter l’attitude requise, à savoir s’ils sont prêts à devenir pour une période explicitement brève les 'avocats psychologiques’ de leurs patients. En tant que tels, ils ne devraient pas hésiter à travailler activement et de manière engagée à des objectifs et avec les ressources dont disposent les patients, afin que ces derniers puissent se développer et se sentir soutenus.

Biographie de l'auteur

Peter Fiedler

Prof. Dr. Peter Fiedler, Dipl.Psych., Psychologisches Institut - Klinische Psychologie & Psychotherapie, Universität Heidelberg; Hauptstraße 47-51, D-69117 Heidelberg; Tel.: 0049-6221-547-293, Fax: 0049-6221-547-348. Hochschullehrer für Klinische Psychologie und Psychotherapie am Psychologischen Institut der Universität Heidelberg. Arbeitsschwerpunkte: Psychotherapieprozeßforschung; Entwicklung spezifischer Behandlungsverfahren bei Stottern, Depression, Phobien und Persönlichkeitsstörungen; phänomen- und störungsspezifische Verhaltenstherapie.

 

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Publiée

1998-10-01

Comment citer

Fiedler, P. (1998). Traitement bref en thérapie du comportement. Science psychothérapeutique, 6(4), 206–213. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/568