La psychothérapie positive: Une méthode de thérapie brève incluant une gestion de qualité par ordinateur
Résumé
Au cours de ces dernières années, les demandes de garantie de qualité formulées par les instances remboursant les traitements psychothérapeutiques n’ont fait qu’augmenter. Dans la situation actuelle, les exigences posées à une psychothérapie moderne peuvent être formulées comme suit: elle doit être brève, efficace et transparente, donc vérifiable au niveau méthodique comme au niveau théorique.
La psychothérapie positive élaborée par N. Peseschkian à la fin des années soixante tente de satisfaire à ces exigences. Elle est une forme de psychothérapie de brève durée, centrée sur les ressources et placée sous le signe d’une approche transculturelle et interdisciplinaire; on la classe dans la catégorie des méthodes basées sur la psychologie des profondeurs. La perspective transculturelle et plus particulièrement interdisciplinaire qui la caractérise permet d’intégrer des formes de traitement empruntées à la psychanalyse, à la psychologie des profondeurs, à la thérapie du comportement, à la thérapie de groupe, à l’hypnothérapie et à la pharmacothérapie, ainsi qu’à la physiothérapie. La démarche se fonde sur une conception théorique dynamique, appliquant un “modèle en cinq étapes” (1. observation/distanciation; 2. établissement d’un inventaire; 3. encouragement dans le contexte situationnel; 4. verbalisation et 5. élargissement des objectifs).
Le noyau théorique de la psychothérapie positive est constitué d’un recensement des contenus conflictuels à partir de la question suivante: “Quels sont les éléments communs à tous les êtres humains et quels sont ceux qui les différencient ?”. La notion de contenu conflictuel est en rapport avec deux “capacités fondamentales” qui sont considérées comme innées: une “capacité à l’amour” et une “capacité à la cognition”. Sur cette base, l’être humain acquiert tout au long de son développement des “capacités actuelles” individuelles, qui toutefois appartiennent toutes aux deux grandes catégories indiquées plus haut. Selon Peseschkian, des conflits naissent entre autres d’une disparité entre les manifestations individuelles de ces deux capacités. C’est au niveau des capacités actuelles que se situent ce que Peseschkian appelle les “microtraumatismes”. En effet, ces derniers correspondent à des blessures psychiques relativement limitées mais durables, portant atteintes aux valeurs individuelles définies par les capacités actuelles. Ils provoquent une disposition psychique à des conflits spécifiques.
Peseschkian résume sa théorie en neuf thèses fondamentales; l’article présente celles-ci plus en détail.
Compte tenu des exigences posées aux méthodes modernes de psychothérapie, les résultats d’une étude consacrée à l’efficacité de la “psychothérapie positive” sont présentés; le travail a été effectué par le ‘Wiesbadener Weiterbildungkreis für Psychotherapie und Familientherapie (WIPF)’, en collaboration avec l’Université d’Erlangen. L’enquête s’est intéressée à 402 patients souffrant de troubles de types névrotique et psychosomatique, pour la plupart chroniques. Des mesures pré-post ont été effectuées sur un échantillon de 110 patients, en utilisant une batterie de tests correspondant aux standards internationaux. Un groupe de réserve (n = 54) a servi de contrôle, avec un autre groupe comportant 17 patients dont le diagnostic a été formulé sur une base purement somatique et qui n’ont pas suivi de traitement psychothérapeutique. Une enquête rétrospective a été en outre menée auprès des patients (n = 231) qui avaient terminé un traitement selon la méthode de la psychothérapie positive. De ceux-ci un premier groupe (n =84 patients) a été étudié 3-10 mois après la fin de la thérapie. Un second groupe (n = 91) après une période de 10 mois à 4 ans et un troisième (n = 46) 4-5 ans après la fin du traitement.
C’est au niveau du vécu et du comportement (‘Erleben und Verhaltens’, VEV) que les résultats sont particulièrement impressionnants (quotient d’efficacité 1.24). A titre de comparaison, les métaanalyses portant sur l’efficacité des traitements utilisant des méthodes de types behavioro-cognitif et dynamico-humaniste ont produit des quotients allant de 1.08 (Shapiro et Shapiro, 1993) à 0.64 (Smith et al., 1980). Concernant les symptômes (SCL 90-R) nous obtenons un chiffre de 0.48, ce qui correspond à une amélioration moyenne. Compte tenu de ces résultats, il est légitime de considérer que du point de vue de son efficacité, la psychothérapie positive ne le cède en rien aux méthodes établies.
Pour tenir compte d’aspects économiques, il faut ajouter qu’en moyenne la durée des traitements menés selon cette méthode est de 30.5 séances.
Une première version d’un logiciel a été développée sur la base de la batterie de tests utilisée pour l’enquête; il permet un contrôle de qualité continu.
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