L'axe-conflits (axe III) du diagnostic psychodynamique opérationnalisé (DPO)

Résumé

La nécessité de rendre opérationnel le diagnostic psychanalytique des conflits se fonde sur les exigences croissantes posées à la validité et à la reliabilité des critères diagnostiques. Cet aspect est pertinent par rapport à la planification d’études devant être approuvées sous l’angle d’une Evidence Based Medicine (EBM) comme d’ailleurs au niveau de la gestion
de qualité dans le cadre de l’offre clinique. L’article traite d’une part des sept schémas de conflit répétitif-dysfonctionnel, mais aussi du concept du manque d’une perception des conflits et des affects, en fonction du concept de l’alexithymie et de celui du conflit actuel. On souligne l’importance des affects directeurs pour une évaluation valide du conflit. On démontre également qu’au moment d’effectuer un rating de la modalité active ou passive du conflit directeur, c’est le mode dominant au niveau de la biographie qui doit être reflété. Un groupe de concepts permettant une meilleure différenciation et donc une validité accrue sont présentés en utilisant l’exemple des conflits autonomie-dépendance et attachement-autarcie. Selon les expériences faites à ce jour, la validité du rating sur l’axe du DPO des conflits augmente en fonction de la précision avec laquelle on utilise le manuel. De manière paradoxale les «jeunes» collègues disposant d’une certaine expérience clinique au niveau de la perception d’affects directeurs et de la perception scénique (effectuées par le biais du contre-transfert) parviennent à une opérationnalisation plus valide que ceux qui se considèrent comme des psychanalystes expérimentés. Il est de fait que lorsqu’on dispose de nombreuses années d’expérience en psychanalyse, on risque de penser qu’on sait ce que l’on entend par conflit œdipe-sexuel ou par conflit dépendance-autonomie - et qu’on ne vérifie pas les critères dans le manuel. Il s’en suit que les ratings se fondent sur une conception «privée» des différents termes conceptuels, ce qui a des conséquences négatives pour la reliabilité.

Il est également à conseiller à des équipes travaillant constamment avec le DPO, pour poser des diagnostics dans un cadre ambulatoire par exemple, d’effectuer à l’occasion des comparaisons avec d’autres groupes, ceci afin de vérifier qu’elles ne sont pas influencées par un éventuel bias interne.

Lorsqu’il s’agit de former de jeunes collègues à la psychanalyse, le DPO peut contribuer à leur enseigner assez rapidement les termes et concepts de manière claire, alors qu’on sait que la lecture des textes psychanalytiques de base prend souvent plusieurs années - et ne produit pas le résultat escompté puisqu’en psychanalyse il n’existe pas de métathéorie complète. La formation au DPO qui est offerte à plusieurs endroits sous forme de cours de base ou avancés ne rend toutefois pas l’étude de ces textes superflue, car il demeure indispensable de saisir les concepts actuels en fonction de leur source historique.

Entre-temps l’expérience clinique a montré que le diagnostic des conflits peut également apporter une contribution importante à la focalisation du traitement, ce qui ne signifie pas forcément que ce dernier va se concentrer sur le conflit dominant. Le fait que le DPO conceptualise les conflits de manière très claire va également ouvrir de nouveaux champs de recherche intéressants. - Une traduction du DPO en anglais doit être disponible dès cette année, ce qui va permettre de promouvoir l’intérêt scientifique international pour les contenus de la psychanalyse, ceci sur la base de concepts opérationnalisés.