« Il faut risquer l’amour ! » – Le traitement des adolescents
Résumé
Dans cet article, nous traitons de la zone limite entre un développement normal et un développement pathologique durant l’adolescence. Selon nous, le trouble qui peut accompagner la gestion d’impulsions vitales se manifestant typiquement à cet âge indique que la régulation psychique ne se fait pas correctement. Nous présentons également un modèle décrivant un développement psychologique pathologique.Les jeunes se mettent en scène : en jouant certains rôles « à l’essai », sur la scène extérieure de la société et du groupe de pairs, ils se découvrent eux-mêmes. Dès lors qu’un adolescent n’a pas l’occasion de passer par cette évolution, avec son caractère transitoire typique, il ne peut pas développer sa capacité à se démarquer. Il ne se sent pas appartenir au monde des adultes et ne s’y intègre pas. L’adolescent adopte alors l’attitude suivante : « Je suis ce que je veux être ». Ce faisant, il demeure bloqué dans des mécanismes relationnels de défense basés sur l’identification projective. Dans le cadre d’une psychothérapie - dans ce cas lors d’une hospitalisation - il faut alors décoder un double message : expression d’un rejet vs. accord au niveau des actes. Cette divergence en rapport avec le développement individuel est également due à une « attaque hormonale » durant la puberté. Il faut avant tout agir tout en éliminant l’affect. La scène extérieure devient alors un reflet de la scène intérieure et ce que fait l’adolescent n’est pas le produit de son libre-arbitre mais l’expression d’une dépendance psychodynamique.
L’évolution de la société (jeunisme, intérêts commerciaux, etc.) restreint l’espace dans lequel l’adolescent peut se développer, ainsi que le caractère de passage ‘à l’essai’ caractérisant cette phase. Les parents se sentent alors souvent démunis et ont fréquemment l’impression de ne pouvoir rien faire. Concernant les psychothérapies menées en milieu hospitalier, il n’est pas toujours évident que les adolescents soient motivés. Parallèlement, les thérapeutes se sentent obligés de ne pas prendre parti de manière unilatérale, ce qui les incite à adopter, du moins provisoirement, à la fois la position des parents (message « vertical ») et celle du jeune (« je te comprends » - message « horizontal »). C’est cette ambivalence qui permet à l’adolescent d’accéder à un nouvel espace (thérapeutique), ce qui rend possible l’établissement d’une alliance de travail constructive. Dans ce sens, ce type de traitement permet au jeune de faire une première expérience de renoncement et de privation, tout en la percevant comme un soutien thérapeutique positif. Il devient alors possible d’opposer à l’aspect tragique (le manque de maturité de la régulation des affects) un mélange sensible d’exigence et de confiance. Les adolescents vivent ce processus comme une réactivation de l’envie qu’ils portent forcément en eux de se découvrir eux-mêmes, de la fierté provoquée par leurs propres actes créateurs, etc.
Cela leur permet aussi de percevoir leur propre personne, les autres et la situation, d’observer et de décrire cet ensemble et de développer un sens pour leur propre psychisme - ce qui fait qu’ils sont mieux capables de faire la distinction entre monde intérieur et monde extérieur. Dans ce sens, la psychothérapie devient un « régulateur (ou un stimulateur) du développement » qui, en améliorant les compétences émotionnelles, permet d’adopter une attitude nouvelle face aux exigences de l’existence. Ceci implique qu’un traitement psychothérapeutique est indiqué non seulement pour traiter une pathologie, mais aussi pour accompagner ces jeunes au moment où ils accèdent progressivement à la société.
L’auteur présente un exemple clinique pratique pour illustrer cet aspect.
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Publiée
2009-04-01
Comment citer
Kirchhoff, C. (2009). « Il faut risquer l’amour ! » – Le traitement des adolescents. Science psychothérapeutique, (2), 66–70. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/52
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