Expérience sur soi/thérapie personnelle en psychothérapie -Concept, méthodes et premiers résultats d'une étude empirique

Auteurs

  • Anton-Rupert Laireiter

Résumé

C’est surtout par rapport à la gestion de qualité en psychothérapie qu’il est important d’évaluer à intervalles réguliers la formation offerte dans ce domaine. Jusqu’à maintenant les travaux de recherche ne se sont pas intéressés à des formations dans leur ensemble, mais plutôt à certains de leurs éléments, dont en particulier les effets et l’utilité de l’expérience sur solide la thérapie personnelle et de la supervision.

Concernant les premières, leur utilité en tant qu’éléments de formation demeure contestée, essentiellement parce que nous ne disposons pas de preuves concluantes à ce niveau. De plus, les personnes qui s’y sont soumises mentionnent relativement souvent le fait qu’elles peuvent avoir des conséquences négatives ou constituent une expérience qu’il n’est pas toujours facile de surmonter. Il semble donc utile de s’intéresser à ces aspects et en particulier à ceux qui ont été considérés comme négatifs.

Nous présentons un projet que l’auteur mène depuis quelques années, ainsi qu’une étude qu’il a effectuée dans ce cadre. Cette dernière avait pour objectif d’examiner de manière plus systématique les effets positifs et négatifs de la thérapie personnelle, ainsi que les expériences difficiles qui peuvent l’accompagner. Un questionnaire partiellement standardisé a été élaboré sur la base de résultats déjà publiés ; il a été envoyé à près de 600 psychothérapeutes travaillant en Autriche. Cent d’entre eux l’ont rempli et renvoyé. Cet échantillon s’est avéré représentatif - ou presque - du point de vue de quelques paramètres : sexe, âge, profession de base. Il l’est moins sous d’autres points de vue: répartition régionale, formation en psychothérapie, inscription sur la liste des psychothérapeutes. Il faut donc se demander si les résultats de l’enquête sont généralisables à l’ensemble des thérapeutes autrichiens.

Les réponses au questionnaire montrent que les thérapeutes concernés ont fait un nombre très élevé de thérapies personnelles/expériences sur soi, pendant et après leur formation (M =4 thérapies, 6 thérapeutes personnels, durée globale moyenne de 600 séances, soit en moyenne 150 heures par épisode). Dans l’ensemble, les thérapies sont considérées comme positives; les participants à l’enquête sont très satisfaits de la manière dont elles ont été menées, de leurs résultats et des compétences des thérapeutes (didacticiens). Concernant l’importance de ces thérapies par rapport à l’acquisition de compétences psychothérapeutiques, ils répondent qu’elles jouent un rôle de premier plan (1ère place), suivies de la supervision et du propre travail thérapeutique.

Ce jugement positif n’empêche pas 50% des thérapeutes d’indiquer qu’ils ont vécu des expériences difficiles - et non souhaitées - dans ce cadre. Ce pourcentage baisse de moitié (environ 25%) lorsque 1a question porte sur des thérapies concrètes, faites soit dans 1e cadre de 1a formation, soit hors de ce dernier. Lorsqu’on leur demande quels ont été les contenus concrets de ces expériences négatives, environ 30% des thérapeutes indiquent avoir souffert de pressions financières d’une part, d’aspects liés à des dual relationships d’autre part (le thérapeute didacticien est formateur, examinateur et thérapeute personnel); 20% des participants à l’enquête ont eu le sentiment d’être constamment évalués en tant que personne, ont développé une relation de forte dépendance ou se sont vus confrontés à des' contenus lourds à porter.

De plus, environ le tiers des enquêtés indique qu’une ou plusieurs thérapies ont eu des conséquences négatives ou indésirables (ceci concerne env. 15% de l’ensemble des thérapies). Les effets négatifs le plus souvent mentionnés sont les suivants : graves doutes et problèmes de longue durée en rapport avec leur confiance en leur propre valeur, vécu émotionnel à valence intensément négative pendant de longues périodes et conflits avec des personnes jouant un rôle important dans leur vie (y compris des séparations et des divorces).

Que ce soit concernant les vécus difficiles ou les conséquences importunes, les thérapies personnelles effectuées dans le cadre de la formation en sont nettement plus souvent marquées que celles qui se déroulent hors de ce contexte.

Pris dans leur ensemble, les résultats montrent que les expériences sur soi et les thérapies personnelles des psychothérapeutes ont des effets très positifs; il reste toutefois qu’ils montrent clairement qu’un bon nombre d’entre elles - et en particulier de celles qui ont été faites dans le cadre de la formation - se sont accompagnées d’aspects difficiles et d’effets inopportuns. Ces données devraient nous inciter à mieux nous préoccuper à l’avenir de l’aspect qualité (et de sa garantie) dans le contexte global de la formation, et en particulier au niveau de l’expérience sur soi et des thérapies personnelles.

Biographie de l'auteur

Anton-Rupert Laireiter

Dr. Anton-Rupert Laireiter, Ass. -Prof. für Psychologie, Institut für Psychologie, Abteilung für Klinische Psychologie und Psychotherapie; Universität Salzburg. Klinischer Psychologe, Gesundheitspsychologe, Psychotherapeut (Verhaltenstherapie). Arbeits- und Interessensschwerpunkte: Psychotherapie, Supervision, Psychotherapieforschung (Dokumentation, Qualitätssicherung, Ausbildungsforschung insbesondere Selbsterfahrung und Eigentherapie; Gerontopsychotherapie), Soziales Netzwerk und Soziale Unterstützung.

Korrespondenz: Ass.-Prof. Dr. phil. Anton-Rupert Laireiter, Institut für Psychologie, Abteilung Klinische Psychologie, Psychotherapie und Gesundheitspsychologie, Universität Salzburg, Hellbrunnerstraße 34, A-5020 Salzburg

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Publiée

2000-10-01

Comment citer

Laireiter, A.-R. (2000). Expérience sur soi/thérapie personnelle en psychothérapie -Concept, méthodes et premiers résultats d’une étude empirique. Science psychothérapeutique, 8(4), 159–176. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/512