Psychothérapie sur feuille de maladie
Résumé
Compte tenu des démêlés concernant le contrat à passer avec les caisses maladie pour le remboursement des traitements psychothérapeutiques en Autriche, nous avons mené une enquête auprès des psychothérapeutes établis, ainsi qu’auprès d’un petit échantillon de population, leur demandant quels diagnostics justifient à leur avis un traitement psychothérapeutique et son remboursement pas les caisses. Nous avons constaté que l’opinion des thérapeutes et de la population se recouvre dans de larges domaines. Il s’agit surtout du traitement de troubles qu’on considère en général comme graves et qui s’accompagnent de toute évidence d’importantes souffrances (graves dépressions, troubles paniques, viols, séquelles psychiques d’un accident, etc.). Même les personnes (échantillon « population ») qui considèrent par principe que les clients des psychothérapeutes devraient avoir à financer une partie du traitement pensent que, s’agissant des troubles mentionnés plus haut, il serait nécessaire et indiqué que les caisses assument ses coûts.
Il est vrai qu’indépendamment du genre de trouble, la « population » se montre nettement plus critique par rapport à l’efficacité de la psychothérapie que ne l’est le groupe des psychothérapeutes - il fallait s’y attendre. En moyenne, elle considère celle-ci comme moins utile que ne le font les professionnels lorsqu’il s’agit de problèmes quotidiens ou existentiels, indiquant par exemple que le traitement des « faiblesses de caractère » (compulsions, timidité, caractère grognon, etc.) ne devrait pas être financé par les caisses - probablement parce qu’elle pense que c’est plutôt l’individu qui doit en être tenu pour responsable. Par contre, les psychothérapeutes auraient assez tendance à considérer que ces problèmes méritent traitement et que ce dernier devrait être remboursé par les caisses - dans leur propre intérêt professionnel.
Par rapport au débat concernant le contrat avec les assureurs il est particulièrement intéressant de constater que plus de la moitié des psychothérapeutes interrogés indiquent que les troubles qu’ils ont le moins souvent l’occasion de traiter sont les psychoses et les dépendances. Les cabinets où travaillent des thérapeutes établis à leur propre compte ne sont donc pas l’interlocuteur classique de ces groupes diagnostiques. Ce résultat est d’autant plus important que la moitié des psychothérapeutes ayant participé à notre enquête sont psychologues ou médecins et ont donc normalement de l’expérience en clinique.
Dans ce sens, l’exigence de qualifications supplémentaires incluse dans le contrat devrait être difficile à satisfaire, du moins par tous les psychothérapeutes auxquels ne s’applique pas la variante A (soit un an d’activité à plein temps en clinique psychiatrique). Du fait qu’une expérience pratique dans une institution autre que psychiatrique n’est pas considérée comme suffisante, ceci s’applique également aux professionnels travaillant dans le domaine clinique. Pour obtenir une image réaliste du groupe des psychothérapeutes travaillant dans leur propre cabinet il faut en outre tenir compte du fait que la majorité d’entre eux n’en dérivent pas leurs principaux revenus : en règle générale, ils exercent une autre activité, soit à titre libéral, soit en temps qu’employés. Ceci explique qu’en moyenne, le nombre de séances par semaine indiqué est seulement de 13.4. Il paraît aussi évident que ce nombre peu élevé ne va pas inclure de nombreux patients souffrant de psychoses (organique ou non) ou de toxicomanie. Ceci mis à part, ce nombre diverge nettement de l’offre minimum de 25 heures de thérapie exigée par le texte du contrat.
En conclusion, nous nous permettons de suggérer que d’autres études de ce type devraient être entreprises, car notre travail n’a inclus que des aspects très spécifiques d’un éventuel contrat. Nous sommes d’avis que la question devrait être examinée plus en détail, ce qui aurait des effets positifs sur le processus de débat et de négociation qui est en cours.
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