Evaluation de la thérapie par le psychodrame lors de troubles de dépendance

Résumé

La présente étude vise à évaluer la thérapie de groupe par le psychodrame avec des patients souffrant d'un syndrome de dépendance. Les résultats de catamnèses collectées par un service de consultation (Psychosoziale Beratungs- und Behandlungsstelle Sigmaringen [PSB]) sont discutés sur la base d'une analyse de rapports de traitements de ce type ainsi que sur celle de l'état actuel des connaissances en recherche psychothérapeutique. L'échantillon compte 70 patients - dont la majorité souffre d'alcoolisme - qui avaient participé entre 1993 et 1997 à un traitement ambulatoire de groupe fondé sur le psychodrame.

Le taux de traitements évaluables est d'environ 64%.

L'étude ayant été faite sans groupe de contrôle, on y a inclus une comparaison avec l'ensemble des clients du PSB. Le groupe de catamnèse manifeste des différences significatives au niveau de l'intégration sociale et professionnelle et le traitement des patients a duré plus longtemps.

Nous nous intéressions avant tout au degré auquel la thérapie de groupe par le psychodrame convient au traitement ambulatoire des troubles de dépendance ; nous voulions aussi définir des variables permettant de pronostiquer le succès de la thérapie. Des questions standardisées (comprises dans l'EBIS-A Grunddatenbogen, élaboré par l'observatoire allemand contre les dépendances en collaboration avec un institut de recherche en thérapie) ont été utilisées, ainsi qu'un questionnaire développé en Allemagne et permettant de collecter des catamnèses en rapport avec le traitement des dépendances (Dokumentationsstandards für die Behandlung von Abhängigen de la Deutsche Gesellschaft für Suchtforschung und Suchttherapie, ainsi que le SEDOS-Nach-befragungsbogen de la Deutsche Hauptstelle gegen die Sucht-gefahren et de l'Institut für Therapieforschung). Les données furent collectées en 1998, soit entre un et quatre ans après le traitement. Le taux d'abstinence était de 72,9%. Les patients abstinents manifestaient une satisfaction nettement plus élevée dans les différents domaines existentiels que ceux qui avaient rechuté (r = 0,38, P < 0,01). Concernant l'abstinence, nous n'avons enregistré aucune corrélation entre les caractéristiques des patients, leurs symptômes ou le traitement. La satisfaction des patients concernant différents domaines existentiels était plus élevée au moment de l'enquête pour les groupes suivants : ceux qui au début du traitement ne souffraient pas de troubles psychiques, ceux qui étaient traités pour la première fois au PSB, ceux dont le/la partenaire avait participé à la thérapie et ceux pour lesquels aucun autre trouble de dépendance n'était enregistré dans le contexte familial.

La majorité des patients participant à l'enquête se sont déclarés satisfaits du traitement offert par le PSB Sigmaringen, le qualifiant de « très bon » ou de « bon ». Si l'on synthétise les résultats de l'enquête et les rapports concernant la pratique (psychodrame inclus), on peut qualifier les traitements de réussis et attribuer des effets positifs à la thérapie de groupe par le psychodrame utilisée dans le cadre du traitement ambulatoire de patients souffrant de dépendance.