Une vue neuro-psychanalytique de la douleur

Résumé

Lorsqu'on réfléchit aux problèmes associés à la douleur, on réfléchit forcément aussi à la relation corps-esprit, une question qui joue un rôle particulièrement important en neuropsychanalyse.

Dans ses écrits, Freud utilise deux mots différents pour désigner la souffrance physique et la souffrance psychique : douleur (« Schmerz » / corps) et déplaisir (« Unlust » / psychique).

La différence peut être définie comme suit : la douleur est une sensation ressentie au niveau extérieur des sens et elle est dépendante d'une caractéristique de l'objet, alors que le déplaisir est un sentiment intérieur qui correspond à un état du sujet.

Normalement, ces deux ressentis conscients s'amalgament au niveau du vécu, mais dans des états pathologiques - le masochisme, par exemple - ils peuvent se manifester séparément. Plaisir et déplaisir ne sont pas des perceptions sensorielles d'un objet, mais plutôt des réactions émotionnelles du sujet à l'objet qu'il perçoit. L'aspect physique de la douleur correspond à une modalité subsidiaire de l'ensemble des ressentis sensoriels et il est, en soit, désagréable. Le déplaisir accompagnant la douleur est toujours vécu de manière subjective. La douleur est toujours de nature psychique. La dichotomie opposant le corps et l'esprit est toujours un artéfact créé par le conscient.