La naissance, la mort et la résurrection de l’oiseau dodo – les mythes en psychothérapie et en recherche

Auteurs

  • Klaus-Peter Seidler

Résumé

Les chercheurs en psychothérapie n'ont pas pu confirmer de nombreuses données théoriques appliquées par les différents courants de thérapie. D'autre part, les résultats de leurs études suggèrent souvent une interprétation qui ne correspond pas aux théories concernant le processus thérapeutique, de sorte que les théories soutenues officiellement par les différents courants de psychothérapie peuvent paraître n'être que des mythes. Quelques exemples sont utilisés pour illustrer cet aspect. Mais simultanément, les chercheurs en psychothérapie ont collecté des preuves claires de l'utilité de ces traitements. Nous présentons une synthèse de l'état actuel de cette démonstration. Dans le domaine de la recherche en psychothérapie, on ne met pas en doute l'importance des traitements, mais bien les idées très répandues qui existent sur la manière dont ils agissent. Dans le cadre du débat scientifique sur les effets de la psychothérapie, une controverse de longue durée occupe une place centrale : faut-il accepter le « verdict de l'oiseau dodo » - selon lui, toutes les approches psychothérapeutiques manifestent une efficacité semblable.

Ou s'agit-il d'un mythe créé par les chercheurs? L'évolution historique de cette polémique est présentée dans ses grandes lignes. Dans les années 1970, un travail de synthèse comparant les résultats d'environ 100 études comparatives avait donné à penser que les principales approches psychothérapeutiques obtiennent des résultats similaires et que cela est dû au fait qu'elles utilisent des facteurs d'influence semblables, en particulier la relation thérapeutique en tant qu'instrument de soutien du patient.

Au milieu des années 1990 au plus tard, on a considéré cette idée comme dépassée en se fondant sur les résultats de nouveaux travaux de synthèse - de méta-analyses - utilisant des procédures statistiques d'évaluation. Cette méthode de travail permettait de résumer et de comparer les résultats des différentes études. On déclara alors que l'efficacité des thérapies variait nettement selon l'approche utilisée. On constata en particulier que des méthodes ciblant spécifiquement certains troubles - c'est ce qui caractérise les thérapies de type cognitif et comportemental - obtenaient de meilleurs résultats que des approches comme la psychanalyse et la thérapie par les entretiens selon Rogers, car dans celles-ci l'approche demeure la même quel que soit le trouble dont souffre le patient. Depuis la fin des années 1990, on remet beaucoup en question cette idée car de récentes études montrent qu'il faut relativiser la soi-disant supériorité des méthodes ciblant des troubles spécifiques. On ne considère comme crédibles que les offres thérapeutiques auxquelles adhèrent les chercheurs et ne tient compte que des différences entre thérapeutes par rapport à l'efficacité de leur traitement, indépendamment de la méthode thérapeutique utilisée. Même si les chercheurs poursuivent le débat sur la controverse entourant le verdict de l'oiseau dodo - s'agit-il d'un mythe créé par les chercheurs? - les résultats actuels de la recherche relativisent l'importance qu'il faut accorder aux différentes méthodes de thérapie lorsqu'on cherche à expliquer l'efficacité des traitements. Nous montrons que de nombreux résultats acquis par les chercheurs permettent de supposer qu'il n'est pas possible d'expliquer les effets de la psychothérapie en utilisant un modèle de type médical selon lequel la psychothérapie agirait en utilisant une procédure spécifique, adaptée aux problèmes des patients. Les données acquises sont telles qu'elles suggèrent qu'il faudrait appliquer un modèle dans lequel la psychothérapie serait considérée comme influant sur des dimensions sociales dans le cadre d'une relation de confiance qui touche au niveau des émotions.

Biographie de l'auteur

Klaus-Peter Seidler

Klaus-Peter Seidler, PD Dr. phil., Dipl.-Psych.; Psychologiestudium an der Universität Hamburg. Wissenschaftlicher Angestellter bzw. Assistent an der Universität Bielefeld (1985 bis 1995) und der Medizinischen Hochschule Hannover (seit 1995), dort Leiter der Sozialpsychiatrischer Tagesklinik. Psychologischer Psychotherapeut für tiefenpsychologisch fundierte Psychotherapie, Ausbilder in Klientenzentrierter Psychotherapie (GwG), Supervisor (BDP), Therapeut für Konzentrative Bewegungstherapie (DAKBT). Arbeitsschwerpunkte: Grundlagen der Klinischen Psychologie (Klinische Bindungsforschung, Körperbildforschung) sowie Psychotherapie-und Versorgungsforschung (Konzentrative Bewegungstherapie, psychiatrische Tagesklinik).

Korrespondenz: PD Dr. Klaus-Peter Seidler, Abteilung Sozialpsychiatrie und Psychotherapie, Medizinische Hochschule Hannover, Carl-Neuberg-Straße 1, 30625 Hannover, Deutschland

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Publiée

2006-07-01

Comment citer

Seidler, K.-P. (2006). La naissance, la mort et la résurrection de l’oiseau dodo – les mythes en psychothérapie et en recherche. Science psychothérapeutique, (3), 146–152. Consulté à l’adresse https://psychotherapie-wissenschaft.info/article/view/319